Santé

Inhibiteurs calciques : classes, indications, effets secondaires

Les inhibiteurs calciques (ICA) correspondent à une classe pharmaceutique dense et très hétérogène. Ils regroupent divers médicaments dont l’activité principale consiste à freiner l’absorption cardiaque du calcium. On les utilise pour la prise en charge de plusieurs maux, notamment, l’hypertension artérielle, les arythmies et l’angine thoracique.

D’un point de vue biologique, les inhibiteurs calciques sont neutres. Ils présentent, cependant, des effets secondaires non négligeables et font l’objet d’un certain nombre de contre-indications. Pour cela, ils s’utilisent uniquement sous recommandation médicale et dans des conditions spécifiques. Voici l’essentiel sur les inhibiteurs calciques.

Inhibiteurs calciques : présentation

Les inhibiteurs calciques sont des médicaments dont le rôle est de bloquer l’entrée du calcium dans certaines cellules cardiaques. Il s’agit notamment des cellules du myocarde et des cellules des muscles lisses du cœur. Ils agissent, généralement, au niveau des canaux calciques voltage-dépendants de type L ou lents. On les désigne aussi par les appellations « antagoniste du calcium » ou « bloqueur des canaux calciques ».

Ils sont principalement de nature pyridinique et on les répartit en plusieurs classes selon leurs effets et leurs caractéristiques chimiques. D’ordinaire, ils entrent en ligne de compte dans le traitement des pathologies vasoconstrictrices et coronariennes. Dans l’organisme, un cytochrome spécifique intervient dans leurs métabolismes. Il s’agit du cytochrome P450 3A4. En présence d’un inhibiteur de celui-ci, ils connaissent une hausse importante dans le sérum sanguin.

Bien qu’ils soient très efficaces, les inhibiteurs calciques sont souvent associés à plusieurs effets secondaires. De plus, ils entraînent parfois des intoxications sévères conditionnant le pronostic vital. Pour ces raisons, ils sont soumis à des conditions d’usage strictes. De plus, dans les officines pharmaceutiques, ils sont pour la plupart mis à disposition uniquement sous présentation d’une ordonnance médicale.

Inhibiteurs calciques : classes

On distingue quatre (4) classes principales d’inhibiteurs calciques. Il y a :

  • Les dihydropyridines ;
  • Les phénylalkylamines ;
  • Les benzothiazépines ;
  • Les tétralines.

Pour chacune des classes d’inhibiteurs, voici plus d’informations et les principaux représentants, dans les rubriques ci-après.

Dihydropyridines

Les dihydropyridines figurent parmi les classes d’inhibiteurs calciques les plus utilisés. Ils modifient l’activité des vaisseaux sanguins en vue de favoriser une vasodilatation. Ils n’ont aucun effet direct sur les fonctions cardiaques.

Ils comprennent plusieurs médicaments, dont les plus communs sont :

  • La nifédipine ;
  • La nicardipine ;
  • L’amlodipine ;
  • La nimodipine.

Pour en savoir plus sur ces dihydropyridines consulter les rubriques ci-après.

Nifédipine

De substance active de nom homonyme, la nifédipine correspond à une dihydropyridine commercialisée principalement sous le nom de « ADALATE ». Elle se décline généralement sous forme de comprimés et de solution injectable. On la trouve dans des doses spécifiques allant de 10 mg à 20 mg et parfois plus. La posologie usuelle de la nifédipine varie entre 3 ou 4 comprimés par jour selon le tableau clinique du patient. Par ailleurs, pour la formulation des médicaments à base de nifédipine, très peu d’excipients entrent en ligne de compte. Pour cela, on note une réduction considérable du risque d’allergie associé, en général, à l’utilisation des inhibiteurs calciques.

Nicardipine

La nicardipine est une dihydropyridine de deuxième génération. On la retrouve dans les officines pharmaceutiques sous différentes dénominations. Par exemple le « LOXEN », la « NICARDIPINE AGUETTANT » et la « NICARDIPINE ARROW ». Elle est disponible sous forme de comprimés et de solutions injectables, de doses variées. En milieu clinique, on l’administre aussi bien par voie orale que par voie veineuse. Les posologies usuelles de la nicardipine dépendent des spécificités du patient. Habituellement, c’est le médecin traitant qui se charge de les définir.

Pour la formulation des inhibiteurs calciques à base de la nicardipine, le talc est l’excipient communément utilisé. Outre lui, néanmoins, on retrouve d’autres excipients dans ces médicaments. Il s’agit, principalement :

  • De l’amidon de maïs ;
  • Du carmellose calcique ;
  • De l’érythrosine ;
  • De l’eudragit 100 ;
  • De la gélatine ;
  • De l’hyprolose ;
  • De l’hypromellose.

Plus rarement, l’indigotine, le jaune de quinoléine, le lactose, le macrogol, le magnésium stéarate et le saccharose entrent dans la composition des ICA dérivés de la nicardipine.

Amlodipine

L’amlodipine est une dihydropyridine qui agit à la fois sur la 1-4 dihydropyridine et le diltiaze. Il figure parmi les inhibiteurs calciques les plus efficaces en monothérapie comme en association avec d’autres médicaments. On la retrouve généralement sous deux formes. La forme injectable qui est la moins courante s’administre par voie injectable et s’utilise principalement dans les situations d’urgence. La forme comprimée quant à elle est réservée aux situations pathologiques moins urgentes.

Les inhibiteurs calciques à base d’Amlodipine se déclinent en différentes doses. Les posologies usuelles sont fonction de la dose considérée et du tableau clinique du patient. En pharmacie, on retrouve l’amlodipine sous plusieurs noms. Il y a notamment, « l’AMLODIPINE ALMUS », « l’AMLODIPINE ARROW », « l’AMLODIPINE ARROW GENERIQUES », et « l’AMLODIPINE BIOGARAN ». La substance active commune à ces différentes formes d’amlodipine est l’Amlodipine bésilate. On retrouve dans leurs compositions les excipients suivants :

  • L’amidon de maïs ;
  • La cellulose microcristalline ;
  • La gélatine,
  • Le magnésium stéarate ;
  • Le titane dioxyde.

Dans certaines formes spécifiques, on trouve également le fer noir oxyde ou le fer jaune oxyde.

Nimodipine

La nimodipine est une dihydropyridine qui possède à la fois une activité vasodilatatrice et spasmolytique. Dans les officines pharmaceutiques, elle est disponible uniquement sous le nom de « NIMOTOP ». On la retrouve sous la forme d’une solution injectable et de comprimés jaunes pelliculés proposés en une dose unique de 30 mg.

La posologie usuelle de la nimodipine dépend des affections à traiter et des spécificités du patient. Les principaux excipients qui entrent dans la composition du NIMOTOT sont :

  • L’amidon de maïs ;
  • La cellulose microcristalline (Avicel) ;
  • Le polyvidone 25 ;
  • Le polyvinylpyrrolidone réticulé ;
  • Le stéarate de magnésium.

Le pelliculage de la nimodipine fait intervenir le méthylhydroxypropylcellulose, le polyéthylèneglycol 4000, le dioxyde de titane et l’oxyde de fer jaune.

Phénylalkylamines

À l’opposé des dihydropyridines, les phenylalkylamines concentrent principalement leurs activités sur les fonctions cardiaques. En effet, ils ont peu d’effets vasculaires. Le seul représentant de cette classe d’inhibiteur calcique est le vérapamil. Voici plus d’informations à son propos dans la section suivante.

Vérapamil

Le vérapamil, peu importe, la forme commerciale considérée (VERAPAMIL BIOGARAN, VERAPAMIL EG, VERAPAMIL MYLAN, VERAPAMIL SANDOZ) existe en comprimés sécables et solution injectable. Il se décline en différentes doses et le « vérapamil chlorhydrate » constitue sa substance active. Généralement, il comprend les excipients ci-après :

  • L’alcool polyvinylique ;
  • Le fer jaune oxyde ;
  • L’indigotine laque aluminique ;
  • Le jaune de quinoléine laque aluminique ;
  • Le lactose monohydraté ;
  • Le Macrogol 4000 ;
  • Le Magnésium stéarate.

Dans certaines formes spécifiques de vérapamil, on retrouve également l’opadry II vert, la povidone, le sodium alginate, le talc et le titane dioxyde. Le mode d’utilisation et la posologie d’usage du vérapamil sont généralement à préciser par le médecin traitant. Ils dépendent des affections à traiter et des caractéristiques cliniques du patient.

Benzothiazépines

À l’image des phenylalkylamines, les benzothiazépines agissent essentiellement sur le cœur. Ils ne présentent généralement pas d’effets sur la fonction vasculaire. Le principal représentant des benzothiazépines est le Diltiazem.

Diltiazem

Le Diltiazem est disponible en pharmacie sous différents noms. Par exemple, le « BI TILDIEM », le « CHLORHYDRATE DE DILTIAZEM MYLAN », le « DILTIAZEM ARROW » et le « DILTIAZEM BGR ». Indépendamment de son nom commercial, il se décline généralement sous forme de comprimés. Chaque comprimé comprend généralement une dose spécifique de « Diltiazem chlorhydrate » et un certain nombre d’excipients. Notamment :

  • L’acétyltributyl citrate ;
  • Le bicarbonate de sodium ;
  • Le citrate monosodique ;
  • L’ethylvanilline ;
  • Le macrogol 6000 ;
  • Le magnésium stéarate.

Les posologies usuelles du Diltiazem varient d’un médicament à l’autre et selon le tableau clinique du malade.

Tétralines

Les tétralines correspondent à la classe d’inhibiteur calcique la moins utilisée. Il s’agit de la classe ayant le profil d’effets secondaires le plus seul. Le seul représentant qu’on lui connaît est le bépridil.

Bepridil

Le bépridil est un inhibiteur calcique possédant d’innombrables propriétés électrophysiologiques. Il se présente à l’instar de la quasi-totalité des ICA sous la forme d’une solution injectable et de comprimés pelliculés. Commercialisé sous le nom « UNICORDIUM », il se décline généralement dans une dose unique de 100 mg. En général, aucun excipient à effet notoire n’entre en ligne de compte dans sa formulation. Les posologies usuelles du Bépridil ne sont pas fixes. Dans la plupart du temps, c’est le médecin traitant qui les définit.

Inhibiteurs calciques : indications

Inhibiteurs calciques

Les principales indications des inhibiteurs calciques comprennent l’hypertension artérielle et l’angine de poitrine.

Hypertension artérielle

L’hypertension artérielle traduit une hausse de la pression artérielle au-delà des seuils normaux. Il s’agit entre autres de 140 mmHg pour la pression artérielle systolique et 90 mmHg pour la pression artérielle diastolique. Cette maladie chronique évolue sur plusieurs années et concerne principalement les adultes de plus de 60 ans.

Les causes précises de la survenue d’une hypertension artérielle ne sont pas connues. Cependant, on sait que la maladie est multifactorielle. En effet, elle ferait suite :

  • Au tabagisme qui fait allusion à une condition caractérisée par la prise excessive de tabacs ;
  • À des apports excessifs de sodium par le sel alimentaire et des aliments spécifiques, dont les jambons et les saucisses ;
  • Au surpoids/obésité qui fait allusion à une condition où l’IMC d’une personne est supérieur à 24,9 kg/m² ;
  • À l’alcoolisme qui traduit une consommation excessive de boissons alcoolisées ou de l’alcool à l’état brut ;
  • À la sédentarité qui n’est autre que l’inactivité physique ;
  • Au stress qui résulte généralement d’un mal-être psychique.

Parfois, on associe également la survenue de l’hypertension artérielle à la présence d’antécédents familiaux. Ceci est dû au fait qu’on retrouve plus de cas d’hypertension artérielle dans les populations ayant d’antécédents familiaux que les autres.

Sur le plan clinique, l’hypertension est la plupart du temps asymptomatique. Au début de la maladie, la majorité des patients ne présente généralement aucun signe. Toutefois, au fil du temps, l’hypertension peut se manifester par des symptômes variés. Par exemple une céphalée sévère, une anxiété, un essoufflement, un saignement de nez et la sensation de pulsations à la tête.

En l’absence d’un traitement, la maladie évolue généralement vers des complications graves. Elles sont généralement d’ordre cardiaque et peuvent engager le pronostic vital.

Angine de poitrine

L’angine de poitrine communément appelée angor est une maladie courante, particulièrement dans les pays développés. Elle se caractérise par la sensation d’une douleur de forte intensité au niveau de la poitrine. Elle peut-être de plusieurs types : angor stable, angor instable, angor de Prinzmetal.

L’angor stable survient après un effort, tandis que l’angor instable survient même au repos. Dans l’angor de Prinzmetal, la douleur survient principalement dans la nuit ou très tôt le matin. Indépendamment de la forme considérée, les angors surviennent généralement suite au rétrécissement du volume d’une artère. Cet état de choses est favorisé par plusieurs facteurs. Il y a entre autres, l’âge avancé, l’hypertension artérielle, les antécédents familiaux, l’alcoolisme, le tabagisme et la sédentarité.

Les inhibiteurs calciques entrent en ligne de compte uniquement dans le traitement de l’angor stable et de l’angor de Prinzmetal. Pour l’angor instable, une prise en charge beaucoup plus complexe est requise. Elle dépend du tableau clinique du patient.

Autres indications

Les autres indications des inhibiteurs calciques en dehors de ces deux pathologies regroupent :

  • La Maladie de Bouveret ;
  • La cardiomyopathie hypertrophique et obstructive ;
  • Les fortes migraines ;
  • Les menaces d’accouchement prématuré.

Quelquefois, les inhibiteurs calciques interviennent dans la prise en charge d’un infarctus du myocarde.

Inhibiteurs calciques : contre-indications

À l’instar de toute classe de produits pharmaceutiques, les inhibiteurs calciques présentent plusieurs contre-indications. Il s’agit, principalement :

  • De l’hypotension ;
  • Des allergies aux principes actifs des inhibiteurs calciques ou à l’un des excipients utilisés pour leurs formulations ;
  • De l’angor instable ;
  • Du choc cardio-vasculaire.

Par ailleurs, l’utilisation d’un inhibiteur calcique n’est pas formellement interdite dans les circonstances de grossesse ou d’allaitement. Cependant, vu la sensibilité de ces conditions, on recommande de prendre en amont l’avis d’un professionnel de santé.

Inhibiteurs calciques : effets secondaires

Les inhibiteurs calciques peuvent présenter plusieurs effets secondaires. Il y a notamment :

  • Les arythmies dont les plus courants sont la tachycardie et la bradycardie ;
  • L’apparition d’œdèmes ;
  • Les troubles digestifs comme les vertiges et l’asthénie ;
  • La formation d’un prurit ;
  • La douleur angineuse ;
  • L’hypertrophie des gencives.

Plus rarement, l’utilisation des inhibiteurs calciques peut causer une hypotension artérielle. En cas de persistance des effets secondaires pendant plusieurs jours, on recommande d’informer un médecin. Celui-ci peut envisager selon les circonstances un ajustement du traitement ou une modification de la molécule.

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