Santé

Recherche des papillomavirus humains (HPV) : quel intérêt dans le dépistage des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus ?

Le cancer du col de l’utérus constitue le second cancer le plus répandu chez la femme sur le plan mondial. Il est contracté et se développe suite à l’infection par des virus particuliers de la famille des papillomavirus, notamment les papillomavirus humains (HPV).

Il en existe environ 150 variétés responsables de diverses autres maladies telles que les verrues ou le cancer anal. Selon les statistiques de l’OMS, près de 500 000 nouveaux cas et 250 000 à 300 000 victimes sont recensés chaque année. Avec les avancées technologiques, cette infection est irradiée sans difficulté lorsqu’elle est dépistée tôt. Cela fait de la détection rapide de la maladie un atout majeur pour son éradication.

L’intérêt de la recherche des papillomavirus humains (HPV) dans le dépistage du cancer du col de l’utérus se rapporte à la prévention et le diagnostic précoce de la maladie. On vous fait un vaste panorama sur cette maladie et les grands résultats des recherches qui l’entourent.

Généralités sur le cancer du col de l’utérus

En France

, malgré la réduction de l’incidence du cancer du col de l’utérus au début des années 80, il reste le seul cancer dont le pronostic se dégrade dans l’hexagone. Le taux de survie à cinq ans est passé de 68 % dans les années 1990 à 62 % aujourd’hui.

De plus, on dénombre chaque année 3 000 cas et plus de 1 000 décès. Une trajectoire inquiétante quand on tient compte des efforts consentis dans ce domaine.

Cancer du col de l’utérus : Les papillomavirus humains (HPV), les principales causes

Selon les spécialistes, dans 99 % des cas, le cancer du col de l’utérus est lié à une infection persistante par le papillomavirus humain (HPV). C’est un virus sensible, très contagieux qui se propage facilement par simple contact sexuel.

C’est le premier cancer reconnu par l’OMS comme attribuable à 100 % à une infection virale. Contrairement à de nombreuses autres infections sexuelles, il peut se transmettre dès les premiers attouchements.

La contagion ne nécessite donc pas de pénétration, ce qui accroit sensiblement son risque de transmission. Les pratiques de sexe oral (cunnilingus, fellation…) sont également concernées. Un autre constat assez perturbant est que le préservatif n’en protège pas toujours.

Les papillomavirus humains (HPV), étant extrêmement petits, il n’est pas exclu que ces derniers se faufilent entre les pores du préservatif. De ce qui précède, le risque d’exposition à chaque contact sexuel est réel et permanent.

À ce jour, les chercheurs ont répertorié une vingtaine de papillomavirus humains (HPV) à l’origine de ce type de cancer. Cependant, les plus pernicieux sont le HPV 16 (impliqué dans 55 % des cas) et le HPV 18 (12 % des cas).

Ces HPV oncogènes peuvent également toucher d’autres muqueuses et notamment provoquer des cancers anaux ou oropharyngés. Il faut noter que le papillomavirus humain (HPV) est que le facteur de risque principal.

Dans les faits, il existe de nombreux cofacteurs importants qui amplifient les effets de l’infection. Prenons l’exemple du tabagisme. Il induit une inflammation chronique au niveau du col, en plus de celle liée au virus. Il empêche de ce fait la guérison de l’infection.

Des infections du col telles que la chlamydia, le virus de l’immunodéficience humaine, le gonocoque, l’herpès simplex 2, font partie de cette liste d’amplificateurs.

Les symptômes de la maladie du papillomavirus humain (HPV)

Dans de nombreux cas, le cancer du col de l’utérus ne laisse paraitre aucun symptôme au stade précoce de la maladie. En d’autres termes, avant qu’on ne remarque la présence des lésions cancéreuses.

C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques de cette maladie qui la rend fatale. Ainsi, dans la plupart des cas, les premiers symptômes apparaissent à un stade avancé de l’infection. En général, cela se remarque une fois que la tumeur s’est développée dans les tissus et organes voisins.

Lorsque ces lésions sont présentes et dues au cancer du col, les manifestations suivantes se produisent fréquemment :

  • Saignements vaginaux anormaux : entre les menstruations, après la ménopause et à la suite de relations sexuelles ;
  • Pertes vaginales anormales, abondantes et malodorantes ;
  • Menstruations inhabituellement longues ou abondantes ;
  • Saignement après un examen pelvien ou une douche vaginale ;
  • Douleur lors des relations sexuelles ;
  • Difficulté à uriner et à aller à la selle ;
  • Fuite d’urine ou de selles par le vagin ;
  • Douleur dans la région pelvienne ou le bas du dos, qui peut descendre le long d’une ou des deux jambes ;
  • Enflure des jambes, souvent d’une seule jambe ;
  • Perte d’appétit et de poids ;
  • Essoufflement, expectorations sanguinolentes, fatigue et douleur dans le thorax ou dans les os.

Les pertes vaginales anormales et persistantes sont notamment liées à un déséquilibre de la flore vaginale provoqué par l’expansion de l’infection.

Prévention de la maladie du papillomavirus humain (HPV)

Soigner une maladie, c’est bien, mais l’éviter est encore mieux. Une prévention efficace octroie à la société de nombreux avantages en matière de temps et de couts financiers.

L’importance de la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV)

vaccination contre les papillomavirus humains (HPV)

La vaccination contre le HPV reste le meilleur moyen pour éviter les infections liées aux papillomavirus humains. Elle permet de prévenir l’apparition de lésions précancéreuses et donc à terme, des cancers du col de l’utérus. La seule condition ici est d’intervenir avant les premiers rapports sexuels.

En plus de mettre les personnes à l’abri de cette infection aux conséquences désastreuses, la vaccination les met à l’abri de tous les autres cancers liés aux HPV. Parmi lesquels certains qui affectent également le sexe masculin notamment :

  • Certains cancers ORL (oto-rhino laryngologique), de la verge, de l’anus, de la vulve et du vagin ;
  • Les condylomes (ou verrues génitales).

En France

, de nombreuses campagnes de sensibilisation s’attèlent à promouvoir la vaccination chez les jeunes filles de 11 à 14 ans et jusqu’à l’âge de 19 ans en rattrapage. Elle va jusqu’à l’âge 26 ans chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, tout comme chez les personnes immunodéprimées. Il reste toutefois beaucoup d’effort à fournir dans l’Hexagone.

En effet, jusqu’en 2018, la France disposait d’un taux de couverture vaccinale contre les souches les plus pernicieuses du HPV parmi les plus faibles de toute l’Europe. Elle se situait à l’époque à moins de 20 %, contre 87 % au Portugal par exemple et ne progresse que lentement.

Politique sanitaire en faveur de la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV)

L’importance de la vaccination dans la lutte contre le cancer de l’utérus a posé les jalons de l’amélioration préventive de ce type de cancer. Cette amélioration repose essentiellement sur l’extension de la vaccination à l’ensemble des garçons et l’intensification de la sensibilisation auprès de la jeune fille. Depuis fin 2018, cette extension est expérimentée dans de nombreuses régions françaises.

Il existe à ce jour trois vaccins disponibles contre les principales souches du HPV (les génotypes 16 et 18, responsables de près de 70 % des cancers du col de l’utérus) notamment :

  • Gardasil 9 ;
  • Cervarix ;
  • Gardasil.

Pour des enfants âgées de 14 ans, au plus 2 doses de vaccin suffisent à prévenir convenablement la maladie. De plus, l’État prend en charge 65 % des injections de vaccin obtenues par prescription médicale.

Le vaccin est mis à la disposition des populations dans de nombreux centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par le VIH, hépatites et IST. L’urgence de la situation fait qu’on peut en disposer depuis quelques années même dans les centres publics de vaccination.

Quelques conseils pratiques

Pour réduire le risque de contracter un cancer de col de l’utérus. On peut notamment :

  • Éviter de partager ses affaires de toilette personnelles ;
  • Utiliser des préservatifs et des digues dentaires pour réduire le risque de transmission lors des rapports sexuels ;
  • Ne pas gratter des verrues déjà présentes afin d’éviter tout risque de contamination.

Chez la femme, il est important d’être suivie par un gynécologue régulièrement, avec réalisation d’un prélèvement cervico-utérin à intervalles déterminés. Ce prélèvement indispensable pour les femmes à partir de 25 ans permet un examen cytologique des cellules du col de l’utérus. Il permet aussi un test HPV à la recherche de virus à haut risque.

Diagnostic de la maladie

Le diagnostic du cancer du col de l’utérus se fait à l’aide de plusieurs tests. Cependant, en raison de nombreux avantages, le test Pap est le plus recommandé.

Un examen préliminaire : test HPV associé au frottis ou test Pap

Le test HPV associé au frottis ou test Pap est aujourd’hui le plus répandu des tests de dépistage du cancer du col. C’est un examen de base qui met en évidence des lésions sur le col, sans toutefois en préciser la nature. D’un point de vue clinique, la procédure de diagnostic débute lorsque ce test est anormal. Il présente de nombreux avantages en matière de temps et de couts.

De plus, étant donné que les lésions précancéreuses évoluent de façon silencieuse, le dépistage par frottis cervico-utérin est une sorte de donneur d’alerte. Cette dernière caractéristique est à l’origine de sa forte appétence en milieu sanitaire.

La mise en œuvre de ce test consiste à s’allonger sur le dos, jambes écartées et pieds dans des étriers. Le gynécologue introduit dans le vagin un spéculum (instrument fait de métal ou de plastique transparent). Cet outil garde le vagin ouvert pendant que le médecin prélève des cellules superficielles au niveau du col avec une petite brosse.

Il est recommandé à toutes les femmes qu’elles soient ou non vaccinées, car la vaccination ne protège pas contre la totalité des virus HPV à haut risque oncogène. En cas d’anomalie du résultat de ce frottis, la réalisation d’un nouveau frottis ou d’une biopsie est alors recommandée.

En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande que ce frottis soit effectué tous les trois ans, après 2 frottis annuels normaux. Cela, chez toutes les femmes asymptomatiques âgées de 25 à 65 ans. Depuis 2019, le dépistage de ce type de cancer est organisé au rang national, comme c’est le cas pour le cancer du sein et le cancer colorectal.

Examens approfondis : conisation ou imagerie par résonance

Si le frottis est le point de départ de la procédure, seule une biopsie réalisée à l’aide d’un microscope grossissant permet d’identifier clairement la nature des lésions. Lorsqu’elle présente des anomalies, on réalise soit une biopsie chirurgicale (aussi appelée conisation), soit une imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne.

La conisation consiste en l’extraction d’une partie plus importante du col pour avoir une analyse plus fine. De son côté, l’IRM permet de déterminer l’étendue des lésions.

Désormais, chaque année, des femmes de 25 à 65 ans qui n’ont pas réalisé de frottis depuis au moins trois ans sont invitées par courrier à se rendre chez un médecin. Le but étant d’accroitre le taux de détection rapide de la maladie, d’autant plus que ce test est pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie.

Traitements du cancer du col de l’utérus

En cas de diagnostic positif, un traitement est engagé suivant le stade de la maladie. Lorsque les lésions précancéreuses sont encore de bas grade, il existe 2 recours possibles.

On peut soit mettre en place un simple processus de surveillance, car il arrive qu’à ce stade, les cellules régressent spontanément. Il est également possible de détruire celles-ci par laser ou cryothérapie.

Cas des tumeurs de moins de 4 cm

Concernant les lésions précancéreuses avancées ou lorsque la tumeur mesure moins de 4 cm, le traitement requis est uniquement chirurgical.

Il consiste alors en l’ablation d’une partie du col de l’utérus (conisation) au laser ou à l’anse diathermique (instrument tranchant fonctionnant à l’électricité). Il existe dans ce contexte des cas d’ablation totale de l’utérus (hystérectomie) dès lors que la tumeur mesure plus de 1 cm.

Cas des tumeurs de plus de 4 cm

Dans le cas où la tumeur resterait localisée au niveau du col, mais qu’elle mesure plus de 4 cm, les professionnels recommandent généralement une radio-chimiothérapie concomitante. La radiothérapie sera externe et associée à une séance de chimiothérapie toutes les semaines.

Le but est d’aider les rayons à fonctionner convenablement. Le processus de traitement se clôt ici par une curiethérapie. C’est une sorte de radiothérapie interne utilisant un applicateur disposé au niveau du vagin, qui délivre de hautes doses de rayons à la zone de localisation de la tumeur.

Cas des métastases

Pour les métastases, c’est-à-dire de la croissance de la tumeur hors de sa localisation initiale, une chimiothérapie est suffisante pour le traitement de l’ensemble de l’organisme.

Si elle fonctionne correctement et que la maladie se stabilise, le cancer initial peut par la suite être traité avec une radiothérapie externe couplée d’une curiethérapie. Au terme du traitement, un dispositif de suivi doit être mis en place pour détecter les rechutes.

Le suivi implique une importance capitale à la surveillance clinique. En général, il est le même pour toutes les patientes et se décline comme suit :

  • Un examen clinique tous les quatre mois sur une période de trois ans ;
  • Puis chaque six mois jusqu’à cinq ans ;
  • Et enfin tous les ans, à vie.

Intérêt de la recherche des papillomavirus humains (HPV)

L’évaluation de l’intérêt du test HPV sur la détection des cellules précancéreuses repose sur l’étude des critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette évaluation a été confiée à un groupe de travail constitué de 16 experts. Ces derniers ont été proposés par les sociétés savantes concernées.

Ensuite, les conclusions et perspectives proposées ont été examinées par une équipe de lecture constituée de 23 experts. Cette évaluation a de fait donné lieu à de nombreux travaux minutieux qui ont débouché sur deux conclusions majeures.

Une meilleure connaissance de l’évolution de la maladie

De prime abord, il a été établi que le cancer du col évolue suivant un processus naturel le. Cela fait de l’association entre l’HPV et le cancer du col une relation bien établie. De plus, on retrouve plusieurs critères de causalité tels que :

  • La force de l’association ;
  • La stabilité et la spécificité ;
  • Les travaux expérimentaux ;
  • La relation temporelle ;
  • La plausibilité biologique.

Ceux-ci ont été appliqués au cas d’HPV concernant le cancer du col. On note que les HPV de type 16 et 18 sont désormais classés agents carcinogènes par l’OMS et l’IARC (International Agency for Research on Cancer).

En plus de cela, d’autres types de papillomavirus qualifiés d’agents à haut risque ont été identifiés. L’impact de la charge virale sur le risque d’aggravation des lésions cytologiques est certain dans le cas des agents cancérigènes. Par contre, cela est probable pour les papillomavirus à haut risque.

Toutefois, ce dernier cas reste en étude pour une meilleure évaluation du niveau de risque.

L’identification des risques permettant de sélectionner la population

C’est grâce à l’étude des papillomavirus humains (HPV) que le caractère transmissible par contact sexuel a été clairement établi. D’autres résultats sont également très intéressants, notamment la prévalence de l’HPV diminue à partir de 30 ou 35 ans.

Cet aspect permet aux gouvernements d’effectuer un meilleur ciblage de la population à privilégier dans la sensibilisation. Particulièrement chez les jeunes filles, il faut procéder à la sensibilisation le plus tôt possible.

La plupart des infections étant identifiées comme transitoires en particulier chez la femme jeune, la persistance de l’infection par un HPV à haut risque est le facteur majeur d’évolution vers un cancer. Concernant la responsabilité et l’ampleur des cofacteurs dans la dynamique de l’infection, elles font l’objet de travaux en cours.

En résumé, l’intérêt de l’étude des papillomavirus humains dans le dépistage des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus repose sur les bénéfices que la santé mondiale peut en tirer.

Les papillomavirus humains (HPV) étant la principale cause du cancer de l’utérus, leur connaissance permet aujourd’hui de dépister la maladie à un stade précoce ou d’identifier un risque important de contraction. Cette évaluation a permis de fait d’affiner la riposte médicale et de faire ainsi un pas vers l’éradication de ce fléau.

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