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Hypersensibilité médicamenteuse : causes, symptômes, traitement

L’hypersensibilité médicamenteuse se définit comme une réaction anormale de l’organisme suite à l’administration d’un médicament. Cette réponse immunitaire généralement inattendue se présente sous diverses formes qui fondent sa classification en plusieurs groupes. Ainsi, on peut distinguer des réactions allergiques ou non avec une constante de phases d’évolution.

Bien que conceptuellement différente des interactions de substances ou encore des effets secondaires de traitement, l’hypersensibilité médicamenteuse se révèle aussi dangereuse que ces phénomènes. En effet, elle peut facilement entrainer la mort du patient selon les signes manifestés ainsi que la riposte apportée. Que faire pour se prémunir de cette éventualité ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur le sujet.

Hypersensibilité médicamenteuse : causes

Les éléments précis qui induisent l’hypersensibilité médicamenteuse restent encore inconnus de nos jours. En effet, chaque organisme réagit particulièrement face à une substance ingérée, laissant présager une prédisposition génétique ou plusieurs autres facteurs incriminables pour l’hypersensibilité. Toutefois, avec la classification fournie par Gell et Coombs en 1963, on peut associer des origines biologiques directes à 4 différents types de réactions. On distingue notamment :

  • L’hypersensibilité de type I (immédiate)
  • L’hypersensibilité de type II (cytotoxique)
  • L’hypersensibilité de type III (semi-retardée)
  • L’hypersensibilité de type IV (retardée)

L’hypersensibilité de type I

Aussi nommée hypersensibilité immédiate, elle regroupe les réactions induites des anticorps IgE qui provoquent la dégranulation des mastocytes et la libération de médiateurs vasoactifs. Cette catégorie est spécifique d’un allergène c’est-à-dire qu’elle nait exclusivement d’une allergie. Ainsi, une interaction entre des anticorps (immunoglobulines E généralement) et des substances antigènes complexes provoquera la réaction.

Les allergènes peuvent être présents dans l’air (aéroallergènes) comme les pollens, présents dans les aliments (trophoallergènes) telles certaines protéines animales, dans les médicaments… Aucune substance ne pourra être considérée de manière impersonnelle comme allergène. Justement, l’allergie dépend de chaque organisme et des facteurs de risques notamment une faiblesse des défenses immunitaires ou encore la prédisposition génétique.

L’hypersensibilité de type II

Elle est aussi appelée hypersensibilité cytotoxique et est causée par le ciblage des antigènes à la surface de cellules ou d’autres composants tissulaires de l’organisme par des anticorps. Il s’en suit une activation du complément (IgM ou IgG) ainsi que la destruction de la cellule concernée.

L’hypersensibilité de type III (semi-retardée)

Elle est associée au dépôt de complexes immuns (IgM ou IgG) produits en grande quantité et impossibles à éliminer par les macrophages ou d’autres cellules de système réticulo-endothélial. Cela justifie l’activation du complément et l’inflammation.

L’hypersensibilité de type IV

L’hypersensibilité de type IV encore appelée hypersensibilité retardée est causée par la sécrétion de cytokines (Th1) provoquant une mobilisation puis l’activation des macrophages. Ainsi, sa médiation cellulaire implique des lymphocytes T.

Par ailleurs, il existe une forme d’hypersensibilité similaire à la classe II, mais avec pour seule différence l’altération de la signalisation cellulaire en lieu et place de la destruction de la cellule. Malgré son principe différent de la cytotoxicité, certains l’intègrent à la même classe II pendant que d’autres lui créent une nouvelle catégorie : l’hypersensibilité de type V.

Hypersensibilité médicamenteuse : symptômes

L’hypersensibilité connait de manière générale trois phases d’évolution. Il s’agit notamment de :

  • La phase de sensibilisation (premier contact avec l’antigène)
  • La phase de latence (période durant laquelle les mécanismes immunologiques de la réaction se mettent en place)
  • La phase lésionnelle (deuxième contact avec l’antigène et déclenchement de la réaction)

Lors des deux premières phases, aucun signe extérieur n’est ordinairement constaté. C’est au cours de la phase lésionnelle que les symptômes de l’hypersensibilité apparaissent. Ceux-ci sont d’une sévérité variable allant d’une réponse anodine à une réaction potentiellement mortelle. Selon l’organisme et le type de médicament, l’hypersensibilité peut se produire quelques minutes après la prise, ou après quelques jours, voire des semaines.

Le symptôme le plus courant (et moins grave) s’avère une éruption cutanée accompagnée de démangeaisons. Évidemment, il existe une variété de formes d’éruption possibles (pouvant être graves) notamment les tâches et les petites bosses rouges, l’urticaire, les squames, les cloques humides, etc. D’autres signes peuvent également se manifester comme :

  • Le vertige,
  • La respiration sifflante,
  • l’essoufflement
  • Les éternuements,
  • Le nez qui coule,
  • Des palpitations,
  • Une chute de tension, etc.

Dans les cas extrêmes, on observera une perte de connaissance ou encore un choc anaphylactique de stade IV pouvant à tout moment entrainer la mort du patient.

Les syndromes associés aux réactions d’hypersensibilité

Hypersensibilité médicamenteuse

Certains phénomènes pathologiques sont associés à l’hypersensibilité médicamenteuse. Il s’agit entre autres de :

  • La maladie sérique
  • Le DRESS
  • Les effets pulmonaires
  • Les effets rénaux
  • L’anémie hémolytique, etc.

La maladie sérique

Elle se catégorise dans les réactions d’hypersensibilité de type III, car causée par des complexes médicaments-anticorps et l’activation du complément. La maladie apparait entre 7 et 10 jours après l’exposition et provoque des arthralgies, une fièvre ainsi qu’une éruption exanthémateuse. Chez certains profils, on notera un œdème, des troubles gastro-intestinaux, des arthrites… La majorité de ces symptômes disparaît en 1 à deux semaines après la prise en charge.

Le DRESS

Le DRESS (Drug Reaction with Ecosinophilla and Systemic Symptons) est le syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse par excellence. Il rassemble plusieurs symptômes comme une fièvre élevée, une éruption cutanée généralisée, des troubles hématologiques (lymphocytose, éosinophilie…), une atteinte viscérale, etc. Son taux de létalité s’élève à 10 %.

Les effets pulmonaires

Les effets pulmonaires interviennent généralement dans le cadre d’une hypersensibilité de type I. Ils se traduisent par une détérioration de la fonction pulmonaire au point d’induire des signes respiratoires allant de la simple reprise du souffle à la pneumonie.

Les effets rénaux

Une hypersensibilité de types I, III ou IV peut être à l’origine d’une réaction allergique rénale. La plus fréquente forte d’allergie dans ces cas s’avère la Néphrite tubulo-interstitielle. Les médicaments antimicrobiens sont les médicaments les plus impliqués dans ce type de réaction.

L’anémie hémolytique

L’anémie hémolytique immunitaire d’origine médicamenteuse survient lorsqu’une interaction anticorps-médicament-globules rouges se produit. Il peut également s’agir d’une réaction suite à la modification de la membrane des globules rouges par le médicament ingéré provoquant une production d’auto-anticorps. Il va sans dire qu’on parlera d’hypersensibilité de type II.

Hypersensibilité médicamenteuse : Diagnostic

Le diagnostic de l’hypersensibilité médicamenteuse s’établit grâce à des tests cutanés et d’autres examens selon le besoin. Commençant par les tests cutanés, ils permettent de diagnostiquer les réactions aux bêta-lactamines, à un vaccin, aux hormones polypeptidiques, au sérum étranger… Ce sont souvent des tests aux pénicillines qui ne sont pas toujours fiables. Ils demeurent nécessaires chez les patients aux antécédents d’allergie, mais devant être traités à la pénicilline.

Les autres examens interviennent généralement pour le diagnostic différentiel. En effet, il est parfois difficile de distinguer une réaction d’hypersensibilité des interactions de substances ou encore des effets indésirables du médicament. Des tests de provocation médicamenteux ou des tests directs à l’anti-globuline pourront se réaliser dans ce cadre.

L’anamnèse est habituellement d’une grande utilité pour effectuer quelques nuances. L’heure de prise du traitement, le moment du déclenchement de la crise, les effets connus du médicament… sont autant d’informations qui peuvent être précieuses. Par exemple, une réaction liée au surdosage n’est pas une hypersensibilité et la prise en charge se montrera différente.

Hypersensibilité médicamenteuse : Traitement

Hypersensibilité médicamenteuse

Le traitement de l’hypersensibilité médicamenteuse passe sans conteste par l’arrêt de la prise médicament. Le médecin pourra le remplacer par un autre produit pouvant servir les mêmes causes sans présenter les substances à la base de la réaction. Lorsque les symptômes sont bénins, ils finissent par disparaître d’eux-mêmes après l’arrêt du médicament. Cependant, en cas de réactions plus graves, le traitement sera symptomatique. Ainsi, on fera recours :

  • Aux antihistaminiques pour les cas de prurit
  • Aux corticoïdes en cas de réactions cutanées sévères (dermatite exfoliative par exemple)
  • Aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour les arthralgies
  • À l’adrénaline pour les cas d’anaphylaxie.

Les signes comme la fièvre, les éruptions cutanées prurigineuses… ne nécessitent pas l’application d’un traitement spécifique. Il existe toutefois une autre forme de solution de plus en plus sollicitée dans le cadre de la prise en charge de l’hypersensibilité médicamenteuse : la désensibilisation.

La désensibilisation

Elle repose sur la prise croissante de l’antigène toutes les 15 à 20 min en débutant par des doses minimes afin d’empêcher une réaction grave comme l’anaphylaxie infraclinique. Cette exposition permet de préparer l’organisme à la posologie thérapeutique. Le traitement doit être ininterrompu jusqu’à l’administration de doses thérapeutiques pleines. Notons que cette forme de désensibilisation concerne les médicaments pris par sérum. L’hypersensibilité reviendra 24 h après l’arrêt du traitement avec des signes mineurs.

Pour ce qui concerne la désensibilisation orale, il existe un protocole spécifique aux médicaments. Le principe demeure cependant le même. Il faudra commencer par habituer l’organisme à de faibles doses de l’antigène avant de passer à l’administration d’une dose thérapeutique pleine.

Hypersensibilité médicamenteuse : prévention

L’hypersensibilité est une réaction immunitaire disproportionnée à l’ingérence d’un médicament dans l’organisme. Pour prévenir ces formes de réponses, il importe d’informer son médecin des allergies possibles (si vous avez déjà fait une allergie) avant toute prescription de médicaments.

Certes, les médecins renseignent les dossiers de patients par rapport aux antécédents d’hypersensibilité, mais la discussion entre le patient et son médecin traitant permettra de constater des détails qui échappent peut-être (traitement interagissant, risques, etc.). Ainsi, en disposant de l’information correcte, le spécialiste saura indiquer les produits les moins dangereux pour l’organisme ou tout au moins prescrire des doses plus sécuritaires.

Étant donné qu’il n’existe pas de cause précise déterminée de l’hypersensibilité médicamenteuse, il n’y a pas une variété d’options de prévention. Les patients présentant des facteurs de risques comme la prédisposition génétique ou encore l’immunodépression doivent redoubler de vigilance dans l’adoption d’un traitement.

 

 

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