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Les lithiases urinaires récidivantes : diététique et traitements

La lithiase urinaire est un problème de santé pour lequel une solution radicale n’a jamais été trouvée. Par ailleurs, son incidence n’a pas diminué au fil du temps. Elle a au contraire augmenté et le changement climatique pourrait favoriser sans doute sa croissance. Dans les années 1980, l’introduction de la lithotripsie et de la chirurgie percutanée a révolutionné son traitement.

Toutefois, ces solutions n’ont pas eu une incidence aussi importante. Des études ont montré que le contrôle alimentaire ou un suivi diététique peut être un grand avantage dans le traitement de cette maladie. Voici une explication de l’efficacité des interventions diététiques et leur effet sur la prévention de la récidive de la lithiase urinaire.

Lithiases urinaires récidivantes : rappel

La lithiase urinaire ou encore calcul rénal est une affection courante dans la population générale, avec une prévalence plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Le taux est de 10,6 % et 7,1 % respectivement. Cette maladie se caractérise par la formation de calculs dans le système urinaire. En général, le traitement ne repose pas uniquement sur des mesures médicales ou chirurgicales. La plupart des patients présentent des troubles de l’absorption, du métabolisme ou de l’excrétion des composants du calcul ou des substances inhibitrices.

La récidive un an après un premier épisode est de 14 %. Cependant, elle augmente au fil des ans, pour atteindre 35 % à 5 ans et 52 % à 10 ans. Elle a un coût d’environ 6 500 euros par an et une morbidité importante pour les patients. Cela représente une lourde charge économique pour tout système de soins de santé et justifie la recherche d’interventions pour prévenir les épisodes. La science médicale ne peut expliquer avec certitude pourquoi certaines personnes sont sujettes aux lithiases urinaires et d’autres non.

Il est connu que ces maladies sont héréditaires, ce qui indique une prédisposition génétique. Toutefois, il existe également des facteurs environnementaux qui favorisent les calculs rénaux, tels qu’un apport hydrique et un régime alimentaire faible. Ces affections sont le troisième trouble rénal le plus fréquent après l’infection des voies urinaires et la maladie bénigne de la prostate. Les mesures de promotion et de prévention sont les premières actions impliquées dans toute procédure médicale.

Lithiases urinaires récidivantes : prévalence

La prévalence des lithiases urinaires varie dans le monde entier. Elle va de :

  • 5 à 9 % en Europe,
  • 1 à 5 % en Asie,
  • 20 à 25 % au Moyen-Orient,
  • 8,8 % aux États-Unis.

La prévalence en Europe est associée à un régime alimentaire riche en protéines animales, en sel et en sucre (régime occidental). On note aussi un nombre élevé de personnes obèses, qui est un facteur de risque indépendant de calcul urinaire.

La prévalence élevée au Moyen-Orient s’explique par une déshydratation chronique et une exposition accrue au soleil. Cette dernière entraîne une augmentation de la production de vitamine D. Ce taux dans ces autres continents est finalement lié à une augmentation de l’excrétion de calcium.

Lithiases urinaires récidivantes : comprendre le lien avec l’alimentation

La composition de l’urine est influencée par le régime alimentaire. Par ailleurs, les experts proposent des modifications des facteurs alimentaires pour limiter le risque de lithiase urinaire récidive. Les nutriments qui ont été mis en cause sont :

  • Le calcium,
  • L’oxalate,
  • Le sodium,
  • Les protéines animales,
  • Le magnésium.
  • Le potassium.

Il existe des preuves significatives qu’un régime riche en calcium est associé à une réduction du risque de lithiase urinaire. Un mécanisme possible pour expliquer ce paradoxe apparent est que l’apport accru de calcium dans l’intestin se lie à l’oxalate alimentaire. Cela réduit ainsi son absorption et son élimination urinaire. L’oxalate alimentaire semble contribuer peu à l’excrétion. La restriction alimentaire n’est appropriée que chez les personnes présentant une hyperoxalurie et une hyperabsorption.

Des études d’observation ont également montré une association positive et indépendante entre l’apport en sodium et la formation de nouveaux calculs rénaux. La consommation de protéines animales crée une charge acide qui augmente l’excrétion urinaire de calcium et d’acide urique et réduit le citrate. Ce sont des facteurs susceptibles de favoriser la formation de calculs. Les aliments riches en potassium augmentent le citrate urinaire en raison de leur contenu alcalin.

Dans des études prospectives, les régimes riches en magnésium étaient associés à un risque plus faible de formation de calculs rénaux chez les hommes. En conclusion, le régime alimentaire est un élément clé dans la prise en charge du patient souffrant de lithiase urinaire. Toutefois, il est toujours subordonné aux facteurs de risque métaboliques présents.

Lithiases urinaires récidivantes : traitement basé sur l’apport des substances nutritionnelles

Comme d’autres pathologies, la néphrolithiase est influencée par de nombreux facteurs génétiques et environnementaux. L’alimentation est la composante environnementale la plus importante. Elle est toutefois souvent négligée dans la prise en charge des personnes atteintes de la maladie. Voici les différents apports nécessaires.

Eau

L’apport en eau est un élément essentiel de la prévention de la formation de calculs rénaux. L’effet bénéfique d’une consommation abondante d’eau pour prévenir la formation de calculs est reconnu depuis longtemps. En fait, la concentration accrue de cristaux dans l’urine est cruciale pour leur pathogenèse. L’apport hydrique doit permettre d’uriner au moins 2 litres par jour, ce qui est obtenu en buvant 2,5 à 3 litres par jour.

Un apport hydrique élevé se traduit par un volume urinaire quotidien important. Par conséquent, les patients bénéficient d’une diminution de la formation de cristaux urinaires et une diminution de la sursaturation en solutés. Dans une étude, l’effet de la consommation d’eau chez les patients formant des calculs calciques et sa relation avec la récidive ont été évalués. Le volume d’urine était significativement plus élevé dans le groupe ayant bénéficié d’un apport élevé en eau par rapport au groupe témoin sans eau.

Chez les personnes affectées au groupe d’intervention (apport hydrique élevé), on a observé une récidive plus faible par rapport au groupe témoin. Cela démontre qu’une augmentation adéquate de l’apport hydrique sans modification du régime alimentaire peut prévenir la récidive chez un grand nombre de patients.

Apport en sodium

Une consommation accrue de sodium peut favoriser un certain nombre de changements métaboliques propices à la formation de calculs. Il s’agit notamment de l’augmentation du pH urinaire, de l’augmentation de l’excrétion de calcium et de cystine ainsi que de la diminution de l’excrétion de citrate. On estime qu’une augmentation de 100 mmol de sodium dans l’alimentation accroît l’excrétion urinaire de calcium de 25 mg.

Cela favoriserait la formation de calculs contenant du calcium. De nombreux professionnels suggèrent que la restriction du sodium alimentaire doit être considérée comme une mesure de gestion conservatrice contre la formation de calculs. L’apport en sodium doit être réduit à 100 mEq, ce qui correspond à 5 grammes de sel par jour.

Apport d’oxalate

La restriction de l’oxalate alimentaire peut être bénéfique pour les patients qui forment des calculs d’oxalate de calcium. Cette substance est présente dans les aliments suivants :

  • Les noix,
  • Les épinards,
  • Les blettes,
  • Les aubergines,
  • Le chou-fleur,
  • Le céleri,
  • La soupe de tomates,
  • Les fraises,
  • Le chocolat et
  • les céréales complètes.

Chez certains patients, il est possible d’augmenter l’absorption d’oxalate alimentaire. Cela serait dû à « une déficience de l’enzyme bactérienne Oxalobacter formigenes qui dégrade l’oxalate dans l’intestin. 

Apport en calcium

Il y a plus de 50 ans, on a découvert que l’hypercalciurie était plus fréquemment observée chez les personnes qui formaient des calculs d’oxalate de calcium. De plus, l’excrétion urinaire de calcium pouvait être diminuée en réduisant l’apport en calcium alimentaire. Par conséquent, la restriction du calcium alimentaire est devenue la pierre angulaire du traitement des patients atteints de lithiases urinaires, avec des effets néfastes. Des études récentes montrent qu’un régime riche en calcium est associé à un risque moindre de formation de calculs. Cela contribue à préserver la densité osseuse. Cela est contraire à la recommandation traditionnelle d’un régime pauvre en calcium (400 mg/jour) pour les patients souffrant de calculs rénaux.

La prévention de la lithiase urinaire récidivante est liée à cette substance. Il est recommandé d’opter pour un régime alimentaire à teneur normale en calcium. Il peut être faible en protéines animales et faible en sel. Ce régime peut réduire les récidives. L’augmentation (ou du moins la normalisation) du calcium alimentaire peut diminuer l’incidence des calculs urinaires symptomatiques. Par conséquent, la politique de restriction du calcium alimentaire chez les patients qui ont eu des calculs rénaux devrait être éliminée.

Apport de citrate de potassium

Le citrate est un inhibiteur de cristallisation et une excrétion urinaire réduite est associée à un risque accru d’urolithiase. La supplémentation en citrate de potassium a été proposée comme mesure diététique pour prévenir cette affection. Il se trouve principalement dans les agrumes et les jus de fruits.

Son excrétion urinaire est augmentée par le maintien d’un régime adéquat en potassium (qui réduit également l’excrétion urinaire de calcium). C’est aussi le cas du phytate. On le trouve principalement dans les aliments riches en fibres comme les céréales complètes et les légumes.

Apport de protéines animales

La consommation accrue de protéines animales est considérée depuis de nombreuses années comme un facteur de risque d’infection des voies urinaires. Une consommation élevée de protéines a également été liée à l’obésité (un autre facteur de risque). L’augmentation de leur alimentation induit des modifications métaboliques à potentiel pathogène. On note, par exemple, une augmentation de la calciurie, de l’uricosurie et une diminution du citrate et du pH.

Elles sont toutes associées au métabolisme des acides aminés, notamment ceux d’origine animale riches en soufre (cystéine et méthionine). L’ajout de 75 g de protéines au régime alimentaire entraîne une augmentation de 100 mg/jour de l’excrétion de calcium dans les urines. Théoriquement, les raisons ci-dessus sont suffisantes pour recommander une diminution de la charge protéique alimentaire.

Lithiases urinaires récidivantes : recommandations pharmacologiques

Les lithiases urinaires récidivantes

En plus de l’implication des nutriments dans le traitement des lithiases urinaires, il est aussi possible de privilégier certaines substances dans les alimentations.

L’apport en vitamine C

La vitamine C augmente la production et l’excrétion d’oxalate. Une étude récente a été menée sur les hommes qui consommaient des suppléments de vitamine C. Ils prenaient des doses de 1 000 mg ou plus par jour. Ils présentent un risque de formation de calculs supérieur de 40 % à celui des hommes qui en consommaient moins de 90 mg/jour. Ce dernier est l’apport nutritionnel recommandé. Par conséquent, les doses élevées de suppléments doivent être évitées chez les patients présentant une excrétion urinaire d’oxalate accrue.

L’apport en magnésium

L’apport en magnésium réduit l’absorption de l’oxalate alimentaire et inhibe la formation de cristaux d’oxalate de calcium. Une augmentation du magnésium alimentaire a été associée à une réduction de 30 % du risque de formation de calculs chez les hommes. Toutefois, ce n’est pas le cas chez les femmes.

L’apport d’acide folique

La vitamine B6 est un cofacteur du métabolisme de l’oxalate et une carence peut augmenter la production d’oxalate et l’oxalurie. Il a été constaté que, chez les femmes, des doses élevées de vitamine B6 peuvent réduire le risque de formation de calculs. Toutefois, son rôle chez les hommes n’a pas été identifié.

Lithiases urinaires récidivantes : autres recommandations

Le traitement de la lithiase urinaire repose sur la réduction de l’apport en purine, le maintien d’un débit urinaire supérieur à 2 litres. À cela s’ajoutent l’alcalinisation des urines et l’utilisation de l’Allopurinol. Si le pH de l’urine est maintenu au-dessus de 6,5, la majeure partie de l’acide urique se trouve sous forme d’urate. Cette substance est beaucoup plus soluble. Cela peut être réalisé par l’utilisation de sels de bicarbonate ou de citrate de potassium. Ce traitement permet non seulement de prévenir la formation de nouveaux calculs, mais aussi de dissoudre les calculs préexistants.

Il est important de noter que les sels de sodium (bicarbonate de sodium ou citrate de sodium) n’ont pas un effet similaire. En effet, ils peuvent augmenter la calciurie et le risque de calculs biliaires (30). L’utilisation chronique de l’allopurinol, qui réduit la production d’acide urique, est réservée aux patients qui excrètent plus de 1000 mg d’acide urique par jour. C’est pareil pour ceux qui ne répondent pas aux traitements d’hydratation et d’alcalinisation. Une modification du régime alimentaire peut réduire le risque de récidive des lithiases rénales. C’est pourquoi il est très important de recueillir les antécédents alimentaires détaillés du patient. Ainsi, on peut identifier les habitudes alimentaires susceptibles de contribuer à l’apparition des calculs, et cibler ainsi correctement les recommandations diététiques. 

Lithiases urinaires récidivantes : conclusion

Les recommandations doivent viser à réduire les facteurs de risque et à promouvoir les facteurs de protection. Plusieurs mesures diététiques générales peuvent permettre de mieux contrôler la maladie des calculs. On note l’augmentation de la consommation de liquides, de préférence de l’eau. C’est la première mesure et la plus simple pour prévenir la maladie des calculs. Il faut aussi le respect d’un régime alimentaire ne dépassant pas 2 000 kcal, faible en sel. Les patients doivent limiter les protéines animales, les sucres et l’alcool.

 

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