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Cancérisation cellulaire : Diagnostic, Mécanismes et Traitement

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L’apparition d’une tumeur est tou­jours pré­cé­dée par la can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire. Les mil­liards de cel­lules du corps sont expo­sées à ce phé­no­mène com­plexe qui peut débou­cher sur un can­cer. Le pro­ces­sus de la can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire et son évo­lu­tion sont détaillés dans cet article.

Cancérisation cellulaire : Définition

La can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire est la muta­tion puis la pro­li­fé­ra­tion anor­male d’une cel­lule du corps humain. Les cel­lules sont les élé­ments de base des tis­sus et organes de l’organisme. Elles sont auto­nomes et jouent des rôles pré­cis et défi­nis par un gène spé­ci­fique. Au cours de leur cycle, les cel­lules donnent vie à d’autres cel­lules iden­tiques en se divi­sant en deux. Mais pen­dant de ce pro­ces­sus dénom­mé la mitose, cer­taines cel­lules sont déré­glées. Elles ne portent plus le gène de base qui défi­nit les ins­truc­tions et se détournent ain­si de leur fonc­tion principale.

Des points de contrôle sont pré­sents dans l’organisme pour véri­fier la confor­mi­té des cel­lules. Cette étape de véri­fi­ca­tion conduit à la répa­ra­tion de la cel­lule déré­glée ou à sa mort pro­gram­mée (apop­tose). Mais il arrive que les cel­lules anor­males échappent à cette vigi­lance. Elles deviennent dès lors des cel­lules can­cé­reuses au terme de nom­breuses muta­tions qui peuvent durer pen­dant 10 ans.

Cancérisation cellulaire : Les étapes

La can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire se déroule en trois étapes principales :

  • l’initiation,
  • la pro­mo­tion,
  • la pro­pa­ga­tion.

Pen­dant la phase d’initiation, l’ADN d’une cel­lule subit une trans­for­ma­tion anor­male. Elle perd par­tiel­le­ment son iden­ti­té et le carac­tère dif­fé­ren­cié qui la lie à son tis­su d’origine. La cel­lule se mul­ti­plie ensuite en repro­dui­sant d’autres cel­lules por­tant les gènes mutés. Il s’agit de la pro­mo­tion qui peut quel­que­fois s’accélérer avec le concours d’agents exté­rieurs. La cel­lule ayant per­du son iden­ti­té, elle se pro­page de façon anar­chique. La pro­pa­ga­tion démarre au niveau local et s’étend à d’autres par­ties du corps.

Cancérisation cellulaire : Caractéristiques d’une cellule cancéreuse

Les cel­lules can­cé­reuses dif­fèrent des cel­lules nor­males par leur com­por­te­ment. Elles se repro­duisent de façon incon­trô­lée et ne res­pectent pas le cycle cel­lu­laire. Les cel­lules can­cé­reuses ne réagissent pas favo­ra­ble­ment aux signaux qui régulent leur divi­sion et leur crois­sance. Elles n’ont pas de tâches spé­ci­fiques, car leur cycle n’arrive pas à matu­ri­té. Elles peuvent éga­le­ment échap­per à la mort pro­gram­mée. Le sys­tème immu­ni­taire vient dif­fi­ci­le­ment à bout des cel­lules can­cé­reuses. Elles manquent d’homogénéité et cir­culent dans d’autres par­ties de l’organisme comme le sys­tème lym­pha­tique ou le sang. Les cel­lules can­cé­reuses peuvent aus­si endom­ma­ger les organes et les tissus.

Cancérisation cellulaire : Causes

La can­cé­ri­sa­tion d’une cel­lule peut être cau­sée par trois fac­teurs différents :

  • le hasard,
  • les agents cancérigènes,
  • une pré­dis­po­si­tion génétique.

Les cel­lules soma­tiques de l’organisme peuvent subir une muta­tion anor­male par pur hasard pen­dant le cycle cel­lu­laire ponc­tuel. Mais de nom­breux agents can­cé­ri­gènes sont éga­le­ment dési­gnés comme causes pro­bables. On peut citer entre autres les sub­stances chi­miques, les radia­tions, les rayons solaires, l’alcool, le tabac, les virus et les bac­té­ries. La sen­si­bi­li­té aux agents peut être favo­ri­sée par une irri­ta­tion phy­sique chro­nique. Dans de rares cas (5 à 10 %), la can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire est cau­sée par un trouble géné­tique héré­di­taire. Ce type d’anomalie rend la cel­lule plus sen­sible. On parle dans ce cas de can­cer héré­di­taire contrai­re­ment aux formes spo­ra­diques qui ne touchent pas les cel­lules reproductrices.

Au rang des fac­teurs exo­gènes, on peut éga­le­ment citer la pol­lu­tion, la mau­vaise ali­men­ta­tion ou une acti­vi­té phy­sique insuf­fi­sante. Outre les agents can­cé­ri­gènes, des agents pro­mo­teurs (Hor­mones sexuelles prin­ci­pa­le­ment) peuvent accé­lé­rer la can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire dans sa phase de promotion.

Cer­tains gènes ont été iden­ti­fiés avec pré­ci­sion dans le déclen­che­ment du pro­ces­sus de can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire et dont la muta­tion s’avère dan­ge­reuse. Leur iden­ti­fi­ca­tion est pri­mor­diale dans la recherche des pistes de trai­te­ment. Les pro­to-onco­gènes font par­tie de la pre­mière caté­go­rie à risque. Ces gènes jouent le rôle prin­ci­pal dans la pro­li­fé­ra­tion des cel­lules pen­dant le cycle nor­mal. Quand ils subissent une muta­tion, ils deviennent des onco­gènes qui ampli­fient leur fonc­tion­ne­ment. La pro­li­fé­ra­tion des cel­lules devient ain­si anormale.

La muta­tion des gènes sup­pres­seurs de tumeur repré­sente éga­le­ment un risque de can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire. À l’état nor­mal, ils freinent la pro­li­fé­ra­tion des cel­lules. La modi­fi­ca­tion de leur ADN peut les rendre peu effi­caces ou tota­le­ment inac­tifs. Leur mau­vais fonc­tion­ne­ment aura pour consé­quence la sti­mu­la­tion de la pro­li­fé­ra­tion cel­lu­laire. De même, la défi­cience des gènes répa­ra­teurs de l’ADN d’une cel­lule peut aus­si cau­ser une can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire. Leur inac­ti­vi­té favo­rise l’accumulation des ano­ma­lies. Les gènes de la télo­mé­rase, nor­ma­le­ment inac­tifs, prennent du ser­vice dans les cel­lules can­cé­reuses. Ils sont à la base de leur pro­li­fé­ra­tion infinie.

Cancer : Formation de la tumeur

La can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire conduit à la for­ma­tion d’une tumeur. Les cel­lules malignes se retrouvent à un endroit don­né de l’organisme et forment une masse. Les cel­lules can­cé­reuses peuvent éga­le­ment faire usage des fonc­tions des cel­lules nor­males pour se nour­rir. La tumeur crée de nou­veaux vais­seaux san­guins par les­quels le sang et l’oxygène atteignent. Ce phé­no­mène dési­gné angio­ge­nèse per­met à la tumeur de se pro­cu­rer les nutri­ments néces­saires pour son évo­lu­tion. Sans irri­ga­tion, la tumeur est inca­pable de gros­sir. Les recherches sur ce pro­ces­sus ont notam­ment per­mis de mettre au point des médi­ca­ments anti-angio­gé­niques. Ces remèdes tuent la tumeur en empê­chant la for­ma­tion des vais­seaux qui assurent son ali­men­ta­tion. Mais au cas où la tumeur sur­vi­vrait, elle prend pro­gres­si­ve­ment du poids et devient plus vorace en élé­ments nutritifs.

Cancer : La propagation

L’angiogenèse favo­rise éga­le­ment la pro­pa­ga­tion du can­cer aux tis­sus sains. Pour y arri­ver, elles créent des enzymes qui anéan­tissent les cel­lules nor­males et les tis­sus. La pro­pa­ga­tion se fait dans un pre­mier temps au niveau local et on parle alors de can­cer inva­sif. Mais les cel­lules can­cé­reuses peuvent éga­le­ment migrer vers d’autres par­ties de l’organisme pour créer des méta­stases. Elles se détachent de la tumeur et cir­culent dans le sang ou via le sys­tème lymphatique.

L’étude de la pro­pa­ga­tion des cel­lules can­cé­reuses a per­mis de com­prendre le pro­ces­sus depuis son point d’origine. Ces recherches ont aidé à défi­nir les dif­fé­rents niveaux de la mala­die et à entre­voir son évo­lu­tion. Le stade 1 indique une tumeur unique et minus­cule alors qu’au stade 2, la tumeur gagne en volume. Au stade 3, les gan­glions lym­pha­tiques et les tis­sus voi­sins sont enva­his par les cel­lules can­cé­reuses. Le stade 4 quant à lui indique la pré­sence de méta­stases et la pro­pa­ga­tion de la tumeur à des organes éloignés.

Cancer : Les signes d’alerte

Les symp­tômes du can­cer ne sont pas typiques. Il existe de nom­breux signes d’alerte qui peuvent éga­le­ment pro­ve­nir d’autres mala­dies. Mais le diag­nos­tic est néces­saire si une per­sonne souffre de :

  • dou­leurs inex­pli­quées et persistantes,
  • pro­blèmes res­pi­ra­toires comme l’essoufflement ou une toux persistante,
  • ulcé­ra­tion per­sis­tante de la bouche,
  • troubles diges­tifs per­sis­tants comme les bal­lon­ne­ments, des brû­lures d’estomac ou les selles fréquentes,
  • dif­fi­cul­tés à avaler,
  • pro­blème urinaire,
  • sai­gne­ments inex­pli­qués au niveau du vagin, des selles, de l’urine et du crachat,
  • perte de poids inexpliquée.

D’autres mani­fes­ta­tions phy­siques comme un chan­ge­ment inha­bi­tuel au niveau d’un sein doivent aler­ter. L’apparition d’un grain de beau­té (ou la modi­fi­ca­tion d’un grain exis­tant), d’un gon­fle­ment ou d’une gros­seur peut être des signes avant-cou­reurs. Une voix rauque ou enrouée et d’importantes sueurs noc­turnes sont éga­le­ment visibles chez les patients. Une consul­ta­tion est néces­saire si l’un ou une asso­cia­tion de ces signes apparaît.

Cancer : Dépistage et diagnostic

Can­cé­ri­sa­tion cellulaire

Le dépis­tage est un test effec­tué sur les indi­vi­dus bien por­tants afin de détec­ter les fac­teurs de risque ou la nais­sance d’une tumeur. Mais les signes d’alerte conduisent à un diag­nos­tic. Dif­fé­rents tests sont effec­tués pour obte­nir des réponses pré­cises. Les exa­mens les plus fré­quents en can­cé­ro­lo­gie sont la recherche de bio­mar­queurs san­guins, l’imagerie médi­cale (Radio­gra­phie, scan­ner, endo­sco­pie, IRM, tomo­gra­phie par émis­sion de posi­tons, tomos­cin­ti­gra­phie et scin­ti­gra­phie), la biop­sie, l’oncogénétique ain­si que l’analyse géné­tique et molé­cu­laire des tumeurs. Les exa­mens à effec­tuer dépendent de l’endroit où la masse tumo­rale a été localisée.

Le diag­nos­tic a pour objec­tif de repé­rer la tumeur pri­mi­tive, d’évaluer le stade de la mala­die en fonc­tion des dimen­sions de la tumeur et d’identifier avec pré­ci­sion le type de can­cer. La série d’examens per­met éga­le­ment d’envisager les trai­te­ments pos­sibles. Les chances de gué­ri­son sont éle­vées si le dépis­tage ou le diag­nos­tic est fait à un stade précoce.

Cancer : Le rôle du système immunitaire

La can­cé­ri­sa­tion cel­lu­laire ne débouche pas for­cé­ment sur un can­cer. Le sys­tème immu­ni­taire dis­pose de méca­nismes de défense qui sont sou­vent diri­gés contre les cel­lules can­cé­reuses. Les lym­pho­cytes T (cel­lules tueuses) ont la capa­ci­té de détec­ter les cel­lules anor­males à temps. Le sys­tème de défense éli­mine éga­le­ment les menaces afin d’empêcher leur repro­duc­tion ou l’évolution de la tumeur. Le can­cer ne se déve­loppe que lorsque la réponse du sys­tème immu­ni­taire est insuffisante.

Cer­tains trai­te­ments du can­cer se basent sur ce méca­nisme natu­rel. Il s’agit des approches en immu­no­thé­ra­pie qui essaient de sti­mu­ler le sys­tème immu­ni­taire pour une réac­tion plus effi­cace face aux cel­lules cancéreuses.

Cancer : Traitements

Le trai­te­ment du can­cer s’adapte à chaque patient, au type de can­cer et à son stade. Toutes les situa­tions ont des par­ti­cu­la­ri­tés et de nom­breux autres fac­teurs déter­minent les choix des pro­fes­sion­nels. Pour ce qui est du trai­te­ment, dif­fé­rentes options sont envi­sa­geables :

  • la chi­rur­gie
  • l’hormonothérapie
  • les thé­ra­pies ciblées
  • la chi­mio­thé­ra­pie
  • la radio­thé­ra­pie
  • l’immunothérapie

Géné­ra­le­ment pres­crits seuls ou asso­ciés, ces trai­te­ments ont pour but d’éliminer les cel­lules can­cé­reuses. Leur appli­ca­tion peut déclen­cher une rémis­sion (dimi­nu­tion ou dis­pa­ri­tion des symp­tômes) qui a la pos­si­bi­li­té d’aboutir à une gué­ri­son totale après quelques années. Les trai­te­ments locaux comme la chi­rur­gie et la radio­thé­ra­pie agissent sur les cel­lules can­cé­reuses d’un organe pré­cis. Les trai­te­ments ciblés visent la des­truc­tion d’un élé­ment prin­ci­pal dans la cel­lule can­cé­reuse. L’hormonothérapie et la chi­mio­thé­ra­pie sont des trai­te­ments géné­raux qui éli­minent les cel­lules can­cé­reuses dans tout l’organisme.

Cancer : Les récidives

Les réci­dives sont des situa­tions où le can­cer réap­pa­raît après un pre­mier trai­te­ment à suc­cès. Elles se pro­duisent lorsqu’une ou quelques cel­lules can­cé­reuses sub­sistent dans l’organisme. Leur cycle peut se repro­duire entre crois­sance et divi­sion cel­lu­laire puis évo­luer vers la for­ma­tion d’une nou­velle tumeur. La réci­dive peut avoir lieu dans la zone atteinte ini­tia­le­ment ou dans une autre par­tie du corps après une autre migra­tion via le sang et le sys­tème lymphatique.

Pour empê­cher les réci­dives, des trai­te­ments sup­plé­men­taires (trai­te­ments adju­vants) peuvent être pres­crits après le remède ini­tial. Mais dans cer­tains cas, le trai­te­ment adju­vant ren­contre une résis­tance au niveau des cel­lules can­cé­reuses. Ces der­nières peuvent subir de nou­velles muta­tions qui ren­dront le trai­te­ment médi­ca­men­teux inef­fi­cace. Dans ce cas, d’autres exa­mens sont effec­tués pour une prise en charge personnalisée.

Cancer : La prévention

De nom­breuses mesures de pré­ven­tion per­mettent d’éviter cer­tains cas de can­cer. Il est impor­tant de :

  • limi­ter la consom­ma­tion d’alcool et ban­nir le tabac,
  • avoir une ali­men­ta­tion saine et régu­ler son poids,
  • évi­ter la séden­ta­ri­té et faire des exer­cices phy­siques réguliers,
  • véri­fier ses anté­cé­dents familiaux,
  • se ren­sei­gner sur ses hormones,
  • faire les vac­ci­na­tions nécessaires,
  • tra­vailler ou vivre dans un envi­ron­ne­ment sécu­ri­sé (non expo­sé à la pol­lu­tion exces­sive ou aux sub­stances chimiques),
  • pro­té­ger sa peau du soleil.

Ces mesures de pré­ven­tion doivent s’accompagner d’autres habi­tudes comme la réa­li­sa­tion de dépis­tages régu­liers.

 

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