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Les AINS chez l’enfant : Indications, posologie, précautions

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En pédia­trie, les méthodes uti­li­sées pour soi­gner les patho­lo­gies ne sont pas tou­jours iden­tiques à celles auto­ri­sées chez les adultes. En effet, avec des orga­nismes aus­si sen­sibles et fra­giles que ceux des enfants, toutes les mesures de sécu­ri­té se révèlent plus fermes. Ain­si, de nom­breux antal­giques, bien que connus pour leur effi­ca­ci­té chez les plus de 18 ans, demeurent pros­crits d’utilisation avec les moins âgés. 

L’alternative la plus sol­li­ci­tée dans ces cas s’avère les anti-inflam­ma­toires non sté­roï­diens (AINS). Célèbres pour leurs pro­prié­tés anti-inflam­ma­toires, anti­py­ré­tiques et antal­giques (avec tous les pro­fils), ils sont indi­qués dans le trai­te­ment d’une varié­té de maux en pédia­trie. Quelles sont les uti­li­sa­tions concrètes de ces pro­duits chez les enfants ? Existe-t-il des pré­cau­tions à prendre pour limi­ter d’éventuels risques ? On vous en parle.

Les AINS chez l’enfant : Indications

Les anti-inflam­ma­toires non sté­roï­diens affichent une effi­ca­ci­té antal­gique supé­rieure au para­cé­ta­mol, à la codéine ou à leurs asso­cia­tions. Ils sont ain­si recom­man­dés pour la prise en charge de la dou­leur chez les enfants, lorsque les trai­te­ments de pre­mière inten­tion ne suf­fisent pas à la sou­la­ger. Qu’il s’agisse donc de situa­tions post­opé­ra­toires, de trau­ma­tismes, d’inflammation, de migraines… les AINS sont de plus en plus sol­li­ci­tés en pédiatrie.

Par­lant de quelques indi­ca­tions spé­ci­fiques, on peut citer :

  • Le trai­te­ment de la dou­leur dans les infec­tions ORL (otites moyennes aiguës, adé­nites aiguës, laté­ro­cer­vi­cales ou rétro­pha­ryn­gées, pha­ryn­gites aiguës, rhi­no-pha­ryn­gites, rhi­no­si­nu­sites aiguës…) 
  • Le trai­te­ment de l’arthrite juvé­nile idio­pa­thique (AJI)
  • Le trai­te­ment de la mala­die de Kawasaki
  • Les soins en cas de fer­me­ture per­sis­tante du canal arté­riel (PDA), etc.

Pré­ci­sons que toutes les formes d’AINS ne sont pas uti­li­sées en pédia­trie. Cer­taines sub­stances de la famille peuvent être dan­ge­reuses pour les enfants. Une connais­sance des contre-indi­ca­tions sera utile.

Les AINS chez l’enfant : contre-indications

Il s’agit des contre-indi­ca­tions géné­ra­le­ment appli­cables à tous les AINS. On distingue :

  • Les cas d’hypersensibilité ou d’intolérance à l’un des com­po­sants de la molé­cule (par exemple, les anté­cé­dents de crises d’asthme déclen­chées par la prise ou d’autres réac­tions allergiques)
  • Les cas d’insuffisance rénale, hépa­tique, ou car­diaque sévères
  • Les cas d’ulcères gas­triques ou d’antécédent de sai­gne­ment gas­trique asso­ciés aux AINS, etc. 

En outre, il est for­mel­le­ment inter­dit de réa­li­ser des asso­cia­tions d’AINS entre eux. Les risques de com­pli­ca­tions patho­lo­giques pour les enfants s’en ver­raient majorés.

Les AINS chez l’enfant : posologie et mode d’administration

La poso­lo­gie et le mode d’administration de ces médi­ca­ments varient d’une molé­cule à l’autre. Géné­ra­le­ment, on com­men­ce­ra avec la dose la plus faible pos­sible pour un trai­te­ment de courte durée avant de réajus­ter selon les évo­lu­tions enre­gis­trées. Pour lis­ter la plu­part des molé­cules pou­vant être sol­li­ci­tées, on distingue :

  • L’ibuprofène
  • Le kéto­pro­fène
  • L’acide niflu­mique
  • Le diclo­fé­nac
  • L’acide tia­pro­fé­nique
  • Le naproxène
  • L’acide méfé­na­mique
  • L’acide acé­tyl­sa­li­cy­lique

L’ibuprofène

L’ibuprofène est consi­dé­ré comme la molé­cule AINS de réfé­rence en pédia­trie et s’utilise dès l’âge de 3mois. Elle existe sous dif­fé­rentes formes notam­ment sirop avec plu­sieurs doses (Advil­med 7,5 mg/kg/prise, Nuro­fen­pro 10 mg/kg/prise) et com­pri­més de 100 mg, 200 mg ou 400 mg (Nure­flex, Anta­rène, Bru­fen…). Ain­si, son mode d’administration est exclu­si­ve­ment par voie orale.

En termes de poso­lo­gie, pré­ci­sons avant tout pro­pos qu’il s’agit uni­que­ment d’indications illus­tra­tives. L’avis médi­cal prime sur toute autre option. Le spé­cia­liste pres­cri­ra l’ibuprofène dans les cas de dou­leur modé­rée d’origine variée per­sis­tants, mal­gré l’usage de para­cé­ta­mol. On parle de migraine, dou­leur trau­ma­tique, inflam­ma­tion, états grip­paux, dys­mé­nor­rhée, cour­ba­tures, dou­leurs den­taires, arthrite juvé­nile, etc. 

Dans ces cas, l’utilisation des sirops par exemple ne doit pas dépas­ser la dose maxi­male de 30 mg/kg/j. On pour­ra notam­ment admi­nis­trer 4 fois par jour un sirop dont la pipette délivre 7,5 mg/kg/prise. Dans les cas d’emploi de com­pri­més, 10 mg/kg/prise est la règle. Un enfant de 13 ans qui pèse 40 kg pour­ra prendre 1 com­pri­mé de 400 mg à chaque fois qu’il res­sent une crise de migraine.

Le kétoprofène

Cette molé­cule est dis­po­nible en sirop, en com­pri­més et en solu­tion injec­table par intra­vei­neuse. Dès l’âge de six mois, les enfants peuvent être trai­tés par kéto­pro­fène (sirop) pour fièvre. La poso­lo­gie est de 0,5 mg/kg/prise en 3 prises espa­cées d’au moins 4 heures. La dose maxi­male est de 2 mg/kg/j pen­dant 2 à 3 jours.

Les com­pri­més et solu­tions injec­tables IV s’utilisent chez les enfants plus âgés (15 ans). Le méde­cin peut cepen­dant uti­li­ser le médi­ca­ment chez des pro­fils moins âgés si leur poids le per­met (CP 25 mg à par­tir de 20 à 25 kg). La poso­lo­gie sera d’un com­pri­mé x 3 prises par jour. Les solu­tions injec­tables étant plus indi­quées pour les dou­leurs post­opé­ra­toires, la poso­lo­gie est mai­tri­sée par l’agent de santé.

L’acide niflumique

Elle est offi­ciel­le­ment (AMM) indi­quée pour les dou­leurs ORL ain­si que l’arthrite juvé­nile. Dis­po­nible en gélules et en sup­po­si­toires, cette molé­cule reste très peu uti­li­sée et non recom­man­dée à cause de la mau­vaise absorp­tion intra­rec­tale (sup­po­si­toires). Les gélules sont pour les enfants de plus de 12 ans. La poso­lo­gie est de 4 à 6 mg/kg/prise x3 par jour. Les sup­po­si­toires (700 mg) quant à eux peuvent s’utiliser dès l’âge de 6 mois. Il faut dire qu’il existe peu d’études sur l’efficacité de ce traitement.

Le diclofénac

Uni­que­ment dis­po­nible en com­pri­més de dif­fé­rentes doses, le diclo­fé­nac est offi­ciel­le­ment indi­qué pour trai­ter les rhu­ma­tismes inflam­ma­toires et la dys­mé­nor­rhée. Il peut tou­te­fois être uti­li­sé hors AMM pour d’autres dou­leurs. Les com­pri­més de 50 mg sont des­ti­nés pour les plus de 12 ans ou à par­tir de 35 kg et les com­pri­més de 25 mg à par­tir de 6 ans.

Le diclo­fé­nac a exis­té sous forme de sup­po­si­toires avec une absorp­tion intra­rec­tale meilleure à l’acide niflu­mique. Il repré­sen­tait donc la seule molé­cule recom­man­dée sous cette forme. Tou­te­fois, le pro­duit n’est plus com­mer­cia­li­sé depuis 2015. 

L’acide tiaprofénique

Elle est dis­po­nible en com­pri­més de 100 mg et 200 mg. La poso­lo­gie est de 10 mg/Kg/jour. L’acide tia­pro­fé­nique est offi­ciel­le­ment indi­qué à par­tir de 4 ans ou 15 kg pour trai­ter les dou­leurs ORL, sto­ma­to­lo­giques, post-trau­ma­tiques, le rhu­ma­tisme, la dys­mé­nor­rhée. Ce médi­ca­ment est peu recom­man­dé en pratique.

Le naproxène

La naxo­prène est dis­po­nible sous forme de com­pri­més de 250, 275, 500 et 550 mg. Les com­pri­més de 200 et 250 mg sont offi­ciel­le­ment indi­qués dans le trai­te­ment de l’arthrite juvé­nile chez les enfants de 6 à 8 ans soit 25 kg. Pour les autres com­pri­més (500 et 550 mg), ils peuvent s’utiliser pour sou­la­ger les dou­leurs rhu­ma­to­lo­giques à par­tir de 15 ans. La poso­lo­gie est inva­riable dans les deux cas ; 10 à 20 mg/kg/jour. Le méde­cin appré­cie­ra les adap­ta­tions dans la marge four­nie. Ce médi­ca­ment est aus­si uti­li­sé pour trai­ter les crises de migraine.

L’acide méfénamique

L’acide méfé­na­mique est offi­ciel­le­ment indi­qué à par­tir de 12 ans pour les dou­leurs modé­rées, les cépha­lées, la dys­mé­nor­rhée et les dou­leurs den­taires. Elle est dis­po­nible en gélules de 250 mg dont la poso­lo­gie est de 2 gélules à prendre trois fois par jour. En pra­tique, ce trai­te­ment est très cou­rant pour la prise en charge de la dysménorrhée.

L’acide acétylsalicylique

Plus connu sous le nom d’aspi­rine, l’acide acé­tyl­sa­li­cy­lique n’est pas très pri­sé en milieu pédia­trique. Avec ses pré­sen­ta­tions mul­tiples de 100 à 1000 mg, elle pré­sente beau­coup de contre-indi­ca­tions à consi­dé­rer. Pour les rares cas d’utilisation en rhu­ma­to­lo­gie, un sachet de 100 mg suf­fi­ra, à par­tir de 3 mois à rai­son de 10 à 15 mg/kg/6 h. Les adap­ta­tions se feront au fur et à mesure que les évo­lu­tions seront enregistrées.

Les AINS chez l’enfant : effets secondaires

Les AINS chez l’enfant

Les effets indé­si­rables des anti-inflam­ma­toires non sté­roï­diens sont rares lorsque les contre-indi­ca­tions ain­si que les pré­cau­tions d’emploi sont res­pec­tées. Ain­si, les réper­cus­sions à men­tion­ner sont excep­tion­nelles ou ne sur­vien­dront que dans de très rares cas :

  • Insuf­fi­sance rénale aiguë (source immu­noal­ler­gique ou fonc­tion­nelle d’origine glo­mé­ru­laire et réversible)
  • Dys­pep­sie, dou­leur épi­gas­trique (plus rare­ment une hémor­ra­gie digestive)

D’autres effets excep­tion­nels peuvent se consta­ter chez l’enfant. S’ils sont graves, la sus­pen­sion immé­diate du trai­te­ment ain­si que la consul­ta­tion médi­cale sont requises. Dans tous les cas, il fau­dra infor­mer le méde­cin des évo­lu­tions enregistrées. 

Les AINS chez l’enfant : précautions d’emploi

Ces pré­cau­tions concernent une varié­té de situa­tions pou­vant abou­tir à des com­pli­ca­tions en l’absence de mesures appro­priées. Ain­si, il faudra :

  • Faire preuve de pru­dence dans l’utilisation des AINS par rap­port aux infec­tions ORL et infec­tions pul­mo­naires (des pos­si­bi­li­tés d’aggravation de ces patho­lo­gies sont sou­le­vées après dif­fé­rentes études indui­sant une sur­veillance médi­cale ren­for­cée pour anti­ci­per les influences néga­tives éventuelles)
  • Ne jamais admi­nis­trer des AINS à un enfant souf­frant de la varicelle 
  • Se mon­trer pru­dent en cas de risque hémor­ra­gique ou de trouble de la coagulation
  • Cor­ri­ger l’hydratation (boire beau­coup d’eau en l’occurrence) avant la prise d’AINS en cas de risque de déshy­dra­ta­tion pou­vant favo­ri­ser une insuf­fi­sance rénale. 

Pour finir, le méde­cin doit être infor­mé de la mise en œuvre de tout autre trai­te­ment conco­mi­tant afin d’éviter des inter­ac­tions dan­ge­reuses avec d’autres substances.

 

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