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Les digitaliques  : Le cas particulier de la Digoxine

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Éga­le­ment appe­lés gly­co­sides car­dio­to­niques, les digi­ta­liques dési­gnent comme les anti­bio­tiques une classe thé­ra­peu­tique de médi­ca­ments. Conte­nant de la digi­ta­line, une sub­stance extraite d’une plante dénom­mée la digi­tale, ces pro­duits s’emploient cou­ram­ment en car­dio­lo­gie en rai­son de leurs dif­fé­rentes fonc­tions. Les digi­ta­liques pos­sèdent en effet une action bath­mo­trope posi­tive, chro­no­trope néga­tive, dro­mo­trope néga­tive et inotrope posi­tive. Cette classe ras­semble comme médi­ca­ments le Des­la­no­side, l’ouabaïne, la digi­toxine et la digoxine. Seule la com­mer­cia­li­sa­tion du der­nier pro­duit est auto­ri­sée en France, car il sem­ble­rait qu’il soit moins toxique que les autres. Voi­ci les autres don­nées décou­vertes à son sujet.

La Digoxine : Un médicament employé dans le traitement d’affections cardiaques

Ayant reçu son auto­ri­sa­tion de mise sur le mar­ché le 5 décembre 1998, la digoxine est un médi­ca­ment éga­le­ment connu sous le nom de Hémi­goxine Nati­velle ou Digoxine Nati­velle. Elle pos­sède trois des pro­prié­tés des digi­ta­liques à savoir :

  • Régu­la­ri­ser le rythme car­diaque (effet dro­mo­trope négatif) ;
  • Ren­for­cer la contrac­tion du muscle car­diaque (effet inotrope positif) ;
  • Ralen­tir les mou­ve­ments du cœur (effet chro­no­trope négatif).

Compte tenu de ses actions, la digoxine ne peut être uti­li­sée que dans des cas pré­cis. Concrè­te­ment, cette sub­stance active s’emploie dans le trai­te­ment de l’insuffisance car­diaque et des troubles du rythme supra­ven­tri­cu­laire.

Dans le cadre de la pre­mière affec­tion, le médi­ca­ment n’intervient que lorsque cette der­nière est de type conges­tif. Mieux, il traite ses formes légères et modé­rées puis sou­lage ses signes cli­niques comme :

  • La fatigue régulière ;
  • L’essoufflement ;
  • Le gon­fle­ment des pieds, mains et che­villes.

Outre cela, le pro­duit peut être éga­le­ment admi­nis­tré en cas d’insuffisance car­diaque grave. Dans ce contexte, son usage ne semble adap­té que lorsque l’efficacité des trai­te­ments clas­siques de la mala­die s’est révé­lée insuf­fi­sante.

En ce qui concerne la seconde patho­lo­gie, la digoxine soigne notam­ment le flut­ter et la fibril­la­tion auri­cu­laires. Elle cor­rige spé­ci­fi­que­ment la réponse ven­tri­cu­laire rapide de ces troubles.

La Digoxine : Une substance active dotée d’une demi-vie courte

Lorsque la digoxine se retrouve au sein de l’organisme suite à son admi­nis­tra­tion, elle subit une absorp­tion diges­tive à un taux de 70 %. Il s’agit d’un méca­nisme qui se déroule au niveau de l’intestin grêle et dont la réus­site requiert l’intervention de la gly­co­pro­téine P ain­si que celle d’autres trans­por­teurs membranaires.

Ce sont en réa­li­té des sub­stances qui favo­risent l’interaction de la digoxine avec d’autres pro­duits thé­ra­peu­tiques. Ce prin­cipe actif fait éga­le­ment l’objet non pas d’une résorp­tion, mais plu­tôt d’une trans­for­ma­tion au niveau du foie. Ce méta­bo­lisme s’avère faible, car seuls 10 % de la molé­cule sont pris en compte.

Après ces deux pro­ces­sus, la digoxine se retrouve dans le sang. Elle y cir­cule de façon libre et ne se fixe pas aux pro­téines plas­ma­tiques ou du moins pas entiè­re­ment. En effet, il n’y a que 20 % des consti­tuants de ce médi­ca­ment qui se lient aux pro­téines et prin­ci­pa­le­ment à l’albumine. Les 80 % res­tants sont envoyés dans le muscle squelettique.

Au bout de 36 h, temps cor­res­pon­dant à la demi-vie (chez un indi­vi­du ayant une fonc­tion rénale nor­male) du pro­duit, la digoxine est éli­mi­née via l’urine par les reins sous sa forme bio­trans­for­mée. Il faut pré­ci­ser que le débit de fil­tra­tion glo­mé­ru­laire du médi­ca­ment dépend de la clai­rance rénale du patient.

La Digoxine : Une posologie en fonction de quelques critères

La digoxine consti­tue un médi­ca­ment assez par­ti­cu­lier en ce sens que sa dose thé­ra­peu­tique est proche de son dosage toxique. En effet, la zone de toxi­ci­té de ce pro­duit se trouve au-delà de 3,1 ng/ml. Quant à sa zone thé­ra­peu­tique, elle se situe entre 0,9 et 2 ng/ml. De ce fait, la digoxine doit être admi­nis­trée avec soin.

C’est d’ailleurs pour cela que seul un méde­cin consti­tue la per­sonne habi­le­té à pres­crire la poso­lo­gie de ce médi­ca­ment. Cette der­nière devra être défi­nie en fonc­tion de divers para­mètres que sont :

  • La fonc­tion rénale ;
  • Le poids ;
  • L’âge.

Le type de patho­lo­gie car­diaque déter­mine éga­le­ment les valeurs de dosage.

Le dosage selon la forme de la molécule

En dehors des fac­teurs indi­vi­duels, le dosage de la digoxine dépend éga­le­ment de la forme choi­sie par le pra­ti­cien. Ce digi­ta­lique existe en effet sous deux aspects. Il y a d’une part le com­pri­mé dont la boîte contient une tren­taine de gélules. Dans ce cas, la Digoxine Nati­velle s’ingurgite par voie orale avec de l’eau pour un dosage jour­na­lier de 0,25 mg.

Chez un patient âgé, cette dose quo­ti­dienne passe à 0,125 mg. Celle pré­fé­rée ici doit être aus­si main­te­nue chez un insuf­fi­sant rénal. Cepen­dant, il s’agit d’un dosage à renou­ve­ler tous les deux jours. D’autre part, la digoxine peut prendre aus­si la forme d’une solu­tion. Cette der­nière peut être injec­table ou buvable.

Dans le pre­mier cas, le pro­duit pos­sède l’aspect d’une ampoule et s’administre par voie intra­vei­neuse. Le dosage jour­na­lier adap­té varie entre une et deux ampoules. Il faut rete­nir que chaque 0,1 ml de la solu­tion cor­res­pond à 0,5 mg de la sub­stance active.

De même, il s’avère néces­saire de pré­ci­ser que ce mode d’usage de la digoxine garan­tit une meilleure tolé­rance et est recom­man­dé spé­ci­fi­que­ment pour les situa­tions d’urgence. Cepen­dant, lorsqu’elle est employée par voie intra­vei­neuse, l’Hémigoxine Nati­velle tarde à se mettre en acti­vi­té, car sa demi-vie devient plus longue.

En ce qui concerne sa forme buvable, il faut dire que la solu­tion est par­ti­cu­liè­re­ment des­ti­née aux enfants puis pro­po­sée dans un fla­con de 60 ml. Compte tenu du type de patient auquel le pro­duit est admi­nis­tré, il n’est ici pas pos­sible de don­ner une posologie.

Il revient au pédiatre de l’établir et cette der­nière varie selon l’enfant. Par ailleurs, il faut noter que la digoxine se prend chaque fois à la même heure.

La Digoxine : Des effets indésirables en cas de surdosage

Pen­dant long­temps, la tolé­rance de la digoxine a été remise en ques­tion. En effet, plu­sieurs études ont révé­lé que l’usage de ce pro­duit accroît le risque de mor­ta­li­té des patients. L’étude DIG du NYHA a fini par démon­trer le véri­table carac­tère du médicament.

Concrè­te­ment, d’après cette méta-ana­lyse, la molé­cule pro­voque rare­ment des effets secon­daires. Ceux-ci ne se mani­festent qu’en situa­tion de sur­do­sage. De plus, leur nature dépend du niveau de sur­do­sage. Ain­si, en cas d’intoxication aiguë, les signes qui appa­raissent géné­ra­le­ment sont :

  • Les troubles visuels, en par­ti­cu­lier chez le patient âgé ;
  • Les hal­lu­ci­na­tions, délires et convulsions ;
  • La diar­rhée ;
  • Les réac­tions cutanées ;
  • L’hyperexcitabilité ven­tri­cu­laire.

Les troubles car­diaques avec des ano­ma­lies au niveau de l’ECG peuvent aus­si se mani­fes­ter. Lorsque le sur­do­sage semble plus accep­table ou est thé­ra­peu­tique, cela s’identifie par les signes tels que :

  • Insom­nie ;
  • Maux de tête ;
  • Ver­tiges ;
  • Fai­blesse générale ;
  • Étour­dis­se­ments ;
  • Anxié­té.

Il est éga­le­ment pos­sible que le patient res­sente moins d’envie sexuelle.

L’intolérance du digitalique : Des facteurs de risque en jeu

Les digi­ta­liques

Le sur­do­sage ne consti­tue pas l’unique situa­tion sus­cep­tible de favo­ri­ser l’apparition des signes secon­daires de la digoxine. La pré­sence de ces effets indé­si­rables peut être aus­si liée à l’état de san­té du patient. Concrè­te­ment, l’intolérance de ce digi­ta­lique peut être due à une :

  • Hyper­cal­cé­mie ;
  • Hypo­ka­lié­mie ;
  • Hyper­ka­lié­mie ;
  • Insuf­fi­sance rénale ou hépatique.

Pos­sé­der une concen­tra­tion anor­male de cal­cium ou potas­sium dans le sang ou être d’un âge avan­cé consti­tue éga­le­ment des fac­teurs de risque de sur­ve­nue de ces effets secondaires.

La Digoxine : Les situations de contre-usage

L’emploi de la digoxine semble for­te­ment décon­seillé en cas de :

  • Tachy­car­dies atriales comme la tachy­sys­to­lie et le flutter ;
  • Asso­cia­tion avec du sel de cal­cium par voie intra­vei­neuse ou du sultopride ;
  • Blocs auri­cu­lo-ven­tri­cu­laires des 2ème et 3èmedegrés non appareillés ;
  • Into­lé­rance à la digoxine ;
  • Fibril­la­tion et tachy­car­die ventriculaires ;
  • Fibril­la­tion auri­cu­laire com­bi­née à un syn­drome de Wolff-Parkinson-White ;
  • Extra­sys­toles lorsque le sujet se trouve tou­jours sous l’effet de la molécule.

Quand le patient pré­sente une hypo­ka­lié­mie et que celle-ci est non cor­ri­gée, l’usage de la digoxine ne peut être éga­le­ment effectué.

Interactions médicamenteuses

La digoxine ne peut être admi­nis­trée lorsque le patient béné­fi­cie déjà du trai­te­ment de cer­tains pro­duits. Ces médi­ca­ments sont :

  • La qui­ni­dine et l’hydroquinidine ;
  • La mido­drine ;
  • L’itraconazole ;
  • Le véra­pa­mil ;
  • Le char­bon et les anti-acides ;
  • Le rito­na­vir ;
  • Le mil­le­per­tuis ;
  • Les bêta­blo­quants ;
  • Les anti­aryth­miques de classe III et Ia ;
  • L’amiodarone ;
  • Le sucral­fate ;
  • Les topiques gastro-intestinaux ;
  • Les hypo­ka­lé­miants ;
  • La car­ba­ma­zé­pine.

La majo­ri­té de ces pro­duits entraînent une bra­dy­car­die et sur­tout des tor­sades de pointe.

La Digoxine : Les précautions d’emploi

La digoxine pos­sède une durée maxi­male d’utilisation de 3 ans et il n’existe pas de règles spé­ci­fiques en ce qui concerne sa conser­va­tion. Lorsque son emploi fait l’objet d’un sur­do­sage, il est conseillé d’hospitaliser dans un délai de 3 h maxi­mum le patient et de lui faire un lavage gastrique.

Durant son séjour à l’hôpital, le sujet doit faire l’objet d’une sur­veillance sur­tout s’il pré­sente de graves troubles de la conduc­tion et une bra­dy­car­die. Des anti­corps mono­clo­naux spé­ci­fiques Fab doivent lui être admi­nis­trés. Mieux, le méde­cin trai­tant doit lui don­ner de la lidocaïne.

Il s’agit d’une sub­stance qui joue en quelque sorte le rôle d’antidote. Elle ne s’emploie que lorsque l’intoxication semble aiguë. S’il s’agit d’un sur­do­sage moins mas­sif, le trai­te­ment doit aus­si­tôt être inter­rom­pu. De plus, l’individu concer­né doit être mis au repos avec inter­dic­tion d’usage d’isoprénaline ou d’antiarythmique à forts dosages.

Le contrôle de la digoxinémie

Pour rap­pel, le dosage de la digoxine n’est pas stan­dard. Il peut être mieux affi­né en fonc­tion de l’état sani­taire du patient. Pour pres­crire le bon dosage, il est conseillé au méde­cin d’évaluer la concen­tra­tion de cette sub­stance dans le sang.

On parle alors de digoxi­né­mie et un tel exa­men ne peut être effec­tué que si le sujet est un insuf­fi­sant rénal ou est âgé. La com­mu­nau­té médi­cale recom­mande de faire ledit test à l’équilibre. Cela signi­fie donc que la digoxi­né­mie devra être réa­li­sée le sixième jour après la prise. En réa­li­té, il faut com­prendre que la demi-vie de la digoxine reste tou­jours de 36 h.

Ce n’est qu’au bout d’une semaine envi­ron que les chan­ge­ments que pro­voque ce médi­ca­ment au sein de l’organisme s’estompent entiè­re­ment. C’est pour cela que ce délai est celui de réfé­rence. Par ailleurs, en ce qui concerne les valeurs à consi­dé­rer comme nor­males dans le cadre de cet exa­men, le méde­cin peut se baser sur les don­nées de l’étude DIG.

Selon la méta-ana­lyse, un effet favo­rable sur la mor­ta­li­té a été consta­té au niveau des patients avec une concen­tra­tion de la sub­stance située entre 0,5 et 0,9 ng/ml. Au-delà de 1,1 ng/ml, le taux de sur­mor­ta­li­té s’est accru.

Allaitement et grossesse

Une femme allai­tante peut sans risque être mise sous un trai­te­ment à base de digoxine. Des études ont révé­lé que le taux de pas­sage de cette sub­stance active dans le lait mater­nel est assez faible. En cas de gros­sesse à moins que cela ne soit néces­saire, l’emploi du digi­ta­lique est déconseillé.

Il est certes vrai que les don­nées dis­po­nibles ne démontrent pas un quel­conque effet néga­tif de la molé­cule sur le déve­lop­pe­ment de l’embryon ou du fœtus. Tou­te­fois, même plu­sieurs semaines après l’accouchement, les traces de ce pro­duit sont encore iden­ti­fiées. Ce qui met en doute l’usage du digi­ta­lique digoxine chez une femme enceinte.

 

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