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Virus du Nil Occidental : manifestations, diagnostic et prévention

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Le virus du Nil occi­den­tal ou West Nile Virus appar­tient à la famille des Fla­vi­vi­ri­dae encore appe­lés des virus à l’ARN. Iso­lé en Ougan­da en 1937, il pro­voque une fièvre plus ou moins grave connue sous le terme fièvre du Nil occi­den­tal. Cette infec­tion pro­gresse sou­vent sans pro­vo­quer de symp­tômes, mais, dans cer­tains cas, elle peut don­ner lieu à des affec­tions pseu­do­grip­pales. La fièvre du Nil peut se com­pli­quer dans des formes neu­ro­lo­giques sévères. Celles-ci peuvent alors lais­ser des séquelles défi­ni­tives ou entraî­ner le décès du patient. Cette mala­die mérite donc qu’on s’y intéresse.

Virus du Nil occidental : histoire

Comme annon­cé, la décou­verte de l’existence du virus du Nil occi­den­tal remonte à l’année 1937, en Ougan­da, plus pré­ci­sé­ment dans le dis­trict de West Nile. D’autres cas de conta­gion ont ensuite été décou­verts dans des régions voi­sines, à proxi­mi­té du Nil, en Afrique de l’Est et du Sud-Est. Ceci explique de ce fait l’origine de ce nom.

Dans un pre­mier temps, le virus n’a pas sus­ci­té d’intérêt par­ti­cu­lier, car ses effets sur l’homme sem­blaient insi­gni­fiants et sans dan­ger. Cepen­dant, en 1994, une épi­dé­mie est sur­ve­nue en Algé­rie, pro­vo­quant les pre­miers cas d’encéphalite. Ces der­niers ont été sui­vis d’épisodes simi­laires quelques années plus tard, en 1996, en Roumanie.

En 1999, le virus a fait son appa­ri­tion à New York et, depuis, il s’est lar­ge­ment répan­du sur le conti­nent amé­ri­cain, du nord au sud, et en Europe. En 2012, le virus du Nil occi­den­tal a pro­vo­qué 286 décès aux États-Unis.

Virus du Nil occidental : transmission et contamination

Le virus du Nil occi­den­tal est géné­ra­le­ment trans­mis par les mous­tiques. La fièvre qu’il pro­voque se trans­met de ce fait par la piqûre d’un mous­tique infec­té. En effet, les mous­tiques s’infectent lorsqu’ils se nour­rissent d’oiseaux sau­vages qui ont été à leur tour infec­tés. Ces insectes sont spé­ci­fi­que­ment du type Culex pipiens, l’espèce qui pré­do­mine en France métropolitaine.

Modes d’infection

L’agent patho­gène est main­te­nu dans l’environnement par le pas­sage conti­nu entre ces arthro­podes vec­teurs héma­to­phages (mous­tiques de l’espèce Culex) et les oiseaux sau­vages. Ces der­niers agissent comme des réser­voirs prin­ci­paux d’infection. D’autres ver­té­brés en revanche ne sont que des hôtes occa­sion­nels. Chez eux, le cycle bio­lo­gique du virus West Nile tend à s’interrompre, car le degré de viré­mie est insuf­fi­sant pour main­te­nir l’agent res­pon­sable dans la nature.

Par exemple, les humains et les autres ani­maux, prin­ci­pa­le­ment les che­vaux, sont des hôtes aléa­toires avec une extré­mi­té aveugle. Autre­ment dit, ils sont inca­pables de trans­mettre la mala­die s’ils sont piqués par le mous­tique vec­teur. Tou­te­fois, il est pos­sible de détec­ter une viré­mie tran­si­toire chez plus ani­maux, notam­ment les chiens, les chats et les lapins. En géné­ral, le virus peut vivre pen­dant quelques jours à quelques mois (10 jours, culmi­nant 4 à 8 jours).

Par ailleurs, le virus peut éga­le­ment se trans­mettre après une greffe d’organe ou une trans­fu­sion san­guine, bien que cela soit rare. Il existe éga­le­ment des preuves qu’il peut être trans­mis de la mère à l’enfant pen­dant la gros­sesse ou par le lait mater­nel. Il faut pré­ci­ser que ces modes d’infection sont plu­tôt très rares.

Zones de propagation

Le virus West Nile, ayant été décou­vert en Ougan­da, est à l’origine répan­du dans ce conti­nent. Cepen­dant, il s’est pro­pa­gé au fil du temps aux autres conti­nents, par­ti­cu­liè­re­ment en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Depuis son appa­ri­tion à New York, il s’est depuis lors répan­du rapi­de­ment dans toute l’Amérique du Nord et, plus récem­ment au Cana­da, en Amé­rique cen­trale et du Sud.

En métro­pole, il faut remar­quer que cet agent patho­gène a été décou­vert entre les années 1962 et 1963 chez les Culex pipiens. Ce n’est qu’en 2000 qu’il a réap­pa­ru chez les mam­mi­fères occa­sion­nels que sont les che­vaux. Chez les humains la viré­mie n’a été confir­mée qu’en 2003 chez sept per­sonnes malades dans les régions de Roque­brune-sur-Argens (83). Enfin, il faut rete­nir que les cas d’infection sont pré­sents dans les régions sub­tro­pi­cales et tem­pé­rées d’Asie occi­den­tale, d’Afrique, d’Amérique, d’Europe et d’Australie.

Des épi­dé­mies se sont éga­le­ment pro­duites dans toute l’Europe, par exemple en :

  • Alba­nie,
  • Autriche,
  • Répu­blique tchèque,
  • France,
  • Grèce,
  • Hon­grie,
  • Ita­lie.

En outre, le virus a été détec­té dans d’autres pays comme la Pologne, le Por­tu­gal, la Rou­ma­nie, la Slo­va­quie et l’Espagne.

Facteurs de risque

Un cer­tain nombre de cir­cons­tances ou fac­teurs aug­mentent la pro­ba­bi­li­té de contrac­ter le virus du Nil occi­den­tal. Le pre­mier est la sai­son de l’année. En réa­li­té, aux États-Unis on a obser­vé que la majo­ri­té des patients tombent malades pen­dant les mois d’été (juin à sep­tembre). Il en est de même dans tous les pays où le virus est endé­mique, car c’est la période où les mous­tiques sont les plus nombreux.

Aus­si, la situa­tion géo­gra­phique joue un rôle non négli­geable. On a pu obser­ver que le cli­mat de cer­taines régions du monde a per­mis au virus et à l’infection de se pro­pa­ger davan­tage. En outre, le temps pas­sé à l’extérieur est un fac­teur impor­tant. Pour les per­sonnes expo­sées qui vivent dans une zone où le virus est pré­sent, il y a un grand risque qu’elles contractent le virus plus facilement.

Rôle des moustiques

Comme men­tion­né plus haut, les mous­tiques s’infectent lorsqu’ils piquent des ani­maux réser­voirs. En effet, le virus du Nil occi­den­tal atteint les glandes sali­vaires. Il peut être trans­mis par piqûre à des per­sonnes ou à d’autres ani­maux et ain­si il peut pro­vo­quer des mala­dies comme la fièvre et les patho­lo­gies nerveuses.

Post-transmission

Après avoir été trans­mis à l’homme, le virus com­mence à se mul­ti­plier dans les cel­lules de Lan­ge­rhans du derme (des cel­lules du sys­tème immu­ni­taire). Il se pro­page par cir­cu­la­tion à tous les organes du sys­tème lym­pha­tique. Lorsqu’il fran­chit la bar­rière héma­toen­cé­pha­lique, cela déter­mine l’évolution du tableau cli­nique vers des formes sévères de ménin­gite ou d’encéphalite.

Virus du Nil occidental : symptômes et incubation

Virus du Nil Occidental

Après la piqûre de mous­tique infec­té, la période d’incubation varie entre 3 et 14 jours. La plu­part du temps, les infec­tions à virus West Nile se déve­loppent de manière tota­le­ment dis­crète. Dans envi­ron 20 % des cas, elles peuvent pro­vo­quer un syn­drome grip­pal : on parle alors de fièvre du Nil. Les symp­tômes comprennent :

  • Un état de fai­blesse généralisé,
  • Une fièvre élevée,
  • Une ano­rexie (perte d’appétit),
  • Des dou­leurs mus­cu­laires et articulaires,
  • Des nau­sées et vomissements,
  • Des maux de tête.

Rare­ment, ces symp­tômes s’accompagnent d’un gon­fle­ment des gan­glions lym­pha­tiques et d’éruptions cuta­nées notam­ment un éry­thème macu­lo-papu­laire ou mor­billi­forme sur le tronc. La plu­part des per­sonnes atteintes de cette forme de fièvre du Nil se réta­blissent com­plè­te­ment. Cepen­dant, l’état de fai­blesse et de fatigue peut per­sis­ter pen­dant des semaines ou des mois. Après l’infection, une immu­ni­té se déve­loppe et peut durer toute une vie.

Virus du Nil occidental : complications possibles

Des com­pli­ca­tions c’est-à-dire l’apparition de symp­tômes plus graves se déve­loppent sur­tout chez les per­sonnes âgées, les jeunes enfants, les per­sonnes immu­no­dé­pri­mées. Aus­si, elles peuvent sur­ve­nir chez des per­sonnes atteintes de cer­taines mala­dies comme les tumeurs, le dia­bète ; l’hypertension et l’insuffisance rénale. Les com­pli­ca­tions pos­sibles sont la ménin­gite, l’encéphalite, la para­ly­sie flasque (forme neu­ro-inva­sive), avec pos­si­bi­li­té d’évolution fatale (3 à 15 % des cas). Par ailleurs, signes neu­ro­lo­giques fré­quents incluent :

  • Une forte fièvre,
  • Des maux de tête sévères,
  • Des tor­ti­co­lis,
  • Une fai­blesse mus­cu­laire extrême,
  • Des trem­ble­ments,
  • Des troubles visuels,
  • Une déso­rien­ta­tion,
  • Une alté­ra­tion de l’état de conscience (léthar­gie, état confu­sion­nel ou coma),
  • Des convul­sions.

De plus, dans la forme encé­pha­lite, une para­ly­sie des membres ou du crâne peut sur­ve­nir en rai­son de lésions focales. Il est cou­rant que cela soit dû aux trem­ble­ments et à une dif­fi­cul­té à contrô­ler les mou­ve­ments. La gué­ri­son peut prendre des semaines ou des mois, mais des amé­lio­ra­tions per­ma­nentes sont possibles.

Virus du Nil occidental : diagnostic

Virus du Nil Occidental

Le diag­nos­tic repose sur l’histoire du patient et de l’exa­men médi­cal. Le diag­nos­tic est essen­tiel­le­ment confir­mé au moyen de tests de labo­ra­toire sur sérum pour la détec­tion des anti­corps IgM. Ceux-ci sont diri­gés contre le virus West Nile. Ils peuvent en effet sur­vivre pen­dant très long­temps chez les per­sonnes malades (jusqu’à un an). La posi­ti­vi­té de ces tests peut indi­quer non seule­ment une infec­tion en cours, mais aus­si une infec­tion antérieure.

En outre, l’apparition de ces anti­corps spé­ci­fiques ou la mul­ti­pli­ca­tion par quatre du titre d’anticorps peut être uti­li­sée pour diag­nos­ti­quer une infec­tion récente. Les échan­tillons pré­le­vés dans les huit jours sui­vant l’apparition des symp­tômes peuvent être néga­tifs. Il est donc recom­man­dé de répé­ter l’examen quelques jours plus tard avant d’exclure la maladie.

Alter­na­ti­ve­ment, le diag­nos­tic peut éga­le­ment être effec­tué au moyen de tech­niques qui per­mettent l’identification du génome du virus à ARN. Il s’agit d’une ampli­fi­ca­tion en chaîne par poly­mé­rase ou PCR sur des échan­tillons de sérum ou de LCR. Cela se fait dans les sept jours sui­vant l’apparition des symp­tômes. Le spé­cia­liste devra prendre en compte du fait qu’un nombre limi­té de virus res­tent en cir­cu­la­tion pen­dant une courte période.

Si les symp­tômes sont graves, une ponc­tion lom­baire peut être néces­saire. Cette pro­cé­dure per­met de pré­le­ver un échan­tillon de liquide cépha­lo-rachi­dien qui entoure le cer­veau et la moelle épi­nière. Celui-ci en labo­ra­toire va per­mettre de détec­ter des anti­corps et des signes d’infection. Dans cer­tains cas, une écho­gra­phie de la tête peut être effec­tuée pour exclure d’autres affections.

Virus du Nil occidental : traitements

Il n’existe actuel­le­ment aucun trai­te­ment spé­ci­fique pour la fièvre à virus West Nile). Le trai­te­ment est de sou­tien et vise à sou­la­ger les symp­tômes. Par exemple, on peut recom­man­der des anti­py­ré­tiques, des anal­gé­siques, une per­fu­sion de liquide intra­vei­neux. D’autre part, des rap­ports récents dans la lit­té­ra­ture sug­gèrent l’efficacité pos­sible dans le trai­te­ment des formes cli­niques les plus sévères (ménin­gite et encé­pha­lite).

Il est cou­rant d’utiliser des immu­no­glo­bu­lines spé­ci­fiques anti-West Nile Virus pour ces cas. Tou­te­fois, pour les patients atteints de ces formes, il n’existe mal­heu­reu­se­ment pas de trai­te­ment effi­cace per­met­tant de réduire les effets. La voie pour­sui­vie est donc l’hospitalisation et l’administration de médi­ca­ments anti­bio­tiques pour pré­ve­nir d’autres infec­tions de type bac­té­rien. Cela pour­rait aggra­ver la situation.

Virus du Nil occidental : pronostic

Le pro­nos­tic d’une infec­tion par le virus du Nil occi­den­tal dépend de l’effet qu’il a eu sur la per­sonne affec­tée. Les cas asymp­to­ma­tiques ont un pronos­tic posi­tif. Il en va de même pour les cas carac­té­ri­sés par des symp­tômes mineurs. En fait, l’infection se résorbe en quelques jours et est sans consé­quences. Les cir­cons­tances changent lorsqu’on est confron­té à des formes graves d’infection. Comme évo­qué, les dom­mages cau­sés par l’inflammation du sys­tème ner­veux cen­tral peuvent être permanents.

Virus du Nil occidental : recommandations pour la prévention

Aucun vac­cin effi­cace n’est encore dis­po­nible pour lut­ter contre le virus du Nil occi­den­tal. La meilleure solu­tion pour pré­ve­nir la pro­pa­ga­tion du virus du Nil occi­den­tal et réduire le risque d’épidémie est d’appliquer des mesures anti­mous­tiques simples. En d’autres termes, la mesure de pré­ven­tion la plus effi­cace consiste à évi­ter les piqûres de mous­tiques. Pour réduire la pro­li­fé­ra­tion de cet insecte et la pro­ba­bi­li­té d’entrer en contact avec lui, voi­ci quelques recommandations.

Utilisation de répulsifs cutanés

Les répul­sifs à usage topique sont des dis­po­si­tifs médi­caux chi­rur­gi­caux qui per­mettent de réduire le risque d’entrer en contact avec le vec­teur. Tou­te­fois, il fau­dra suivre à la lettre les règles indi­quées sur les notices.

Port de vêtements clairs

Por­ter des vête­ments de cou­leur claire qui couvrent la majeure par­tie du corps est une recom­man­da­tion simple pour évi­ter les culex pipiens. Selon des recherches, ces der­niers sont plus atti­rés par la cou­leur noire.

Limitation des activités en plein air et utilisation de moustiquaires imprégnées

Évi­ter les acti­vi­tés en plein air pen­dant les heures où les mous­tiques sont les plus actifs est une pré­cau­tion effi­cace. Il est aus­si recom­man­dé de séjour­ner dans des chambres cli­ma­ti­sées ou pro­té­gées par des mous­ti­quaires. Ces der­nières peuvent être ins­tal­lées aux portes et aux fenêtres. Dor­mir éga­le­ment sous mous­ti­quaires impré­gnées expose moins aux mous­tiques vec­teurs du virus West Nile.

Utilisation de produits

On recom­mande d’utiliser éven­tuel­le­ment des sprays à base de pyrèthre ou d’autres insec­ti­cides à usage domes­tique. Il est pos­sible d’employer des dif­fu­seurs d’insecticides élec­triques, en aérant bien les pièces avant d’y séjour­ner. Cette pré­cau­tion est à prendre seule­ment en pré­sence des mous­tiques à l’intérieur.

Autres recommandations

De plus, la popu­la­tion devra col­la­bo­rer acti­ve­ment aux mesures de lutte contre les mous­tiques, les empê­chant de se pro­li­fé­rer. Pour cela, il faut mettre à l’abri de la pluie tout ce qui peut recueillir de l’eau. Aus­si, il faut évi­ter d’introduire du pois­son dans les bas­sins et les fon­taines. En outre, on recom­mande de fer­mer avec des cou­vercles ou recou­vrir de bâches les bacs et réci­pients qui ne peuvent être dépla­cés. Enfin, il fau­dra vider les sou­coupes et autres réci­pients au moins une fois par semaine.

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