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Tungose ou puce-chique : causes et traitements

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Par­fois, il nous arrive de mar­cher pieds nus dans la cour de la mai­son, dans la terre bat­tue ou dans le sable à la plage. En effet, cela peut pro­cu­rer des sen­sa­tions agréables, autre­ment dit un cer­tain plai­sir au niveau des pieds. Cepen­dant, on retrouve fré­quem­ment dans ce sable cer­tains ecto­pa­ra­sites comme les puces-chiques. Par consé­quent, la marche pieds nus dans le sable, peut aus­si faci­li­ter l’infestation des puces-chiques, entrai­nant de ce fait, une tun­gose. Il s’agit d’une mala­die para­si­taire qui touche par­ti­cu­liè­re­ment les popu­la­tions pauvres et qui peut être source d’abcès ou de gan­grène. Qu’appelle-t-on tun­gose ? Pour­quoi cer­tains indi­vi­dus souffrent-ils de ce trouble para­si­taire et com­ment peut-on le traiter ?

Définition de la tungose

On peut défi­nir la tun­gose comme étant une patho­lo­gie para­si­taire cuta­née due à l’infestation de puce chique. Cette der­nière pos­sède de nom­breuses déno­mi­na­tions, en fonc­tion des régions où elle est fré­quente. Par exemple, en Amé­rique latine, elle est qua­li­fiée de « Pul­ga de areia » ou encore de « bicho do por­co ». En Afrique, plus pré­ci­sé­ment à Mada­gas­car, elle est connue sous le nom de « Para­sy lafri­ka ». Dans les pays anglo­phones, on parle de « Sand flea ».

La tun­gose est une mala­die infec­tieuse qui peut se trans­mettre de l’homme à l’animal, mais aus­si de l’animal à l’homme : il s’agit d’une zoo­nose.

On retrouve, le plus sou­vent, cette mala­die para­si­taire chez les indi­vi­dus qui marchent pieds nus, prin­ci­pa­le­ment les enfants, mais aus­si chez les gar­diens de trou­peaux. En rai­son de la faible capa­ci­té de saut de la puce chique, on la retrouve habi­tuel­le­ment dans la zone des plis inter­di­gi­taux, du sillon sous-unguéal et du sillon péri­un­guéal. On peut aus­si la retrou­ver au niveau de cer­tains membres infé­rieurs et supé­rieurs (les fesses, les genoux, les coudes, les cuisses ou les mains), mais rare­ment. En réa­li­té, tout dépend des habi­tudes de la per­sonne atteinte.

Causes et processus de transmission de la tungose

Cette para­si­tose cuta­née est l’œuvre des Tun­ga pene­trans. Il s’agit de petites puces qui pos­sèdent de longues man­di­bules et qui mesurent près de 1 mil­li­mètre de long. Elles se nour­rissent majo­ri­tai­re­ment de sang de mam­mi­fère. En effet, ces puces vivent dans le sable et effec­tuent des sauts de moins de 20 cen­ti­mètres pour atta­quer les mam­mi­fères, dont l’homme, afin de pou­voir se nour­rir. C’est pour cette rai­son que l’on retrouve la majo­ri­té des lésions au niveau des pieds (plante laté­rale du pied, les orteils ou le talon).

Les espèces mâles de Tun­ga pene­trans ne par­viennent pas à péné­trer la peau de l’homme, puis finissent par mou­rir. Par contre, les espèces femelles arrivent à s’incruster, en creu­sant avec leurs man­di­bules au niveau du tégu­ment. Une fois à l’intérieur, elles se déve­loppent, gros­sissent puis finissent pas atteindre près de 10 mil­li­mètres en moins de 7 jours : elles ont donc une incroyable capa­ci­té de déve­lop­pe­ment. Elles se nour­rissent abon­dam­ment de sang, ce qui rend d’ailleurs leur abdo­men blan­châtre et glo­bu­leux, telle une boule de gui, dans laquelle se forment plus de 200 œufs. Pour se défendre, les défenses du sys­tème immu­ni­taire déve­loppent des réac­tions inflam­ma­toires autour du para­site.

Dès qu’ils mûrissent, les œufs sont éva­cués hors de l’organisme puis la femelle puce chique ayant don­né nais­sance meurt dans son milieu natu­rel. Une fois dans le sol, 3 à 4 jours suf­fisent pour l’éclosion des œufs, don­nant ain­si nais­sance à de petites larves, qui au bout de deux semaines deviennent des puces adultes (qui s’attaquent par la suite aux ani­maux et humains se dépla­çant dans le sable). Dans l’organisme, les puces ou chiques ont une lon­gé­vi­té de 6 semaines. Au fur et à mesure qu’elles se déve­loppent, l’homme res­sent de fortes dou­leurs et déman­geai­sons.

Les che­vaux, les bovins, les chats, les porcs, les chiens et les rats peuvent repré­sen­ter des réser­voirs pour l’infection de l’homme. Ces ani­maux sont habi­tuel­le­ment pré­sents en milieu rural ou urbain. Dans cer­taines loca­li­tés, l’homme peut contrac­ter la tun­gose à tra­vers un simple contact entre sa peau et le sol, où se sont déve­lop­pées les puces chiques. L’intérieur des habi­ta­tions, les terres bat­tues ou l’intérieur des salles de classe sont les prin­ci­paux lieux à risque.

Prévalence de la tungose

On ren­contre fré­quem­ment l’agent patho­gène à l’origine de cette zoo­nose au niveau des régions sub­tro­pi­cales et celles tro­pi­cales. De nom­breuses sources estiment qu’il a été impor­té, dès la fin du 19e siècle, en Afrique (en pro­ve­nance de l’Amérique), se pro­pa­geant, dès lors, dans la majo­ri­té des pays de l’Afrique sub­sa­ha­rienne. L’Organisation mon­diale pour la San­té estime que plus de 10 mil­lions d’individus sont à risque, dans diverses régions du conti­nent américain.

Les zones où les condi­tions de vie sont archaïques et pré­caires, notam­ment les bidon­villes, les milieux ruraux ou les vil­lages se situant sur la plage, sont les cibles prin­ci­pales de la tun­gose. Ce sont des zones où cette affec­tion para­si­taire pros­père aisé­ment. Au niveau de ces loca­li­tés, les plus pauvres sont faci­le­ment infec­tés. Tout comme les popu­la­tions pauvres, les han­di­ca­pés sont aus­si vul­né­rables à cette parasitose.

Impacts de la tungose

Lorsque cette affec­tion d’origine para­si­taire se mani­feste plu­sieurs fois chez un même indi­vi­du, elle peut occa­sion­ner une alté­ra­tion de la mobi­li­té. Elle expose éga­le­ment les patients à une sur­in­fec­tion bac­té­rienne, pou­vant déclen­cher un téta­nos, une glo­mé­ru­lo­né­phrite ou encore une gan­grène, les­quels sont poten­tiel­le­ment mor­tels. Les pieds des per­sonnes atteintes se retrouvent muti­lés et défi­gu­rés. Elle pour­rait aus­si influen­cer la qua­li­té de vie des patients. En effet, sou­vent asso­ciée à l’exclusion sociale et à la stig­ma­ti­sa­tion, cette zoo­nose peut pro­vo­quer un absen­téisme sco­laire, au niveau des plus jeunes patients.

Symptômes de la tungose

La tun­gose est asso­ciée à une mor­bi­di­té chro­nique et aiguë. Celle-ci fait suite à une réac­tion inflam­ma­toire autour des puces (chiques), accen­tuée par une sur­in­fec­tion bac­té­rienne. En effet, la phase aiguë se tra­duit par une constance :

  • Des dou­leurs ;
  • De l’œdème ;
  • Des déman­geai­sons ;
  • De l’érythème ;
  • De la desquamation.

La sur­in­fec­tion bac­té­rienne est favo­ri­sée par un grat­tage fré­quent des lésions issues du pru­rit. On observe sou­vent, chez les patients, des abcès de taille impor­tante. Au fil du temps, cette affec­tion para­si­taire peut occasionner :

  • Une nécrose tissulaire ;
  • Des ulcères ;
  • Une perte des ongles ;
  • Des fis­sures ;
  • Une défor­ma­tion des ongles ;
  • Une névrite ascendante ;
  • Un lym­phœ­dème.

Il existe aus­si un risque de défor­ma­tion de la démarche du patient.

Diagnostic de la tungose

Géné­ra­le­ment facile à poser, le diag­nos­tic de cette mala­die d’origine para­si­taire ne néces­site sou­vent pas d’examens com­plé­men­taires spé­ci­fiques. Tou­te­fois, un diag­nos­tic dif­fé­ren­tiel peut être effec­tué pour éli­mi­ner une hypo­thèse de réac­tion inflam­ma­toire (liée à la pré­sence d’un corps étran­ger dans l’organisme) ou de myiase furon­cu­leuse (affec­tion cau­sée par une larve de mouche), dont les signes cli­niques sont simi­laires à ceux de la tun­gose. Le plus sou­vent, la confir­ma­tion du diag­nos­tic se fait à la suite de l’examen ana­to­mo­pa­tho­lo­gique de la pièce d’exérèse.

Traitement de la tungose

Pour gué­rir d’une tun­gose, la pre­mière option thé­ra­peu­tique envi­sa­geable et qui d’ailleurs est la plus pra­ti­quée consiste à extraire chi­rur­gi­ca­le­ment les puces (chiques) se trou­vant dans la peau, à l’aide d’une curette. Le plus sou­vent, sa réa­li­sa­tion est pra­ti­que­ment indo­lore (peu douloureuse).

Au cours de l’intervention, le retrait par­tiel du para­site expose le patient à une inflam­ma­tion locale, faci­li­tant l’introduction de bac­té­ries patho­gènes dans la plaie, ce qui peut expli­quer la sur­ve­nue d’une sur­in­fec­tion bac­té­rienne. Lorsqu’une telle com­pli­ca­tion sur­vient, un cure­tage du cra­tère doit être immé­dia­te­ment effec­tué, sous anes­thé­sie locale, car elle est sou­vent douloureuse.

Par ailleurs, lorsque l’instrument est uti­li­sé pour le retrait des puces ou chiques chez dif­fé­rents patients, ces der­niers peuvent contrac­ter d’autres patho­lo­gies comme :

  • Le VIH ;
  • L’hépatite C ;
  • L’hépatite B.

Par consé­quent, les ins­tru­ments à uti­li­ser, lors de l’intervention, doivent être stériles.

Le retrait chi­rur­gi­cal des puces doit être effec­tué par un méde­cin spé­cia­liste et dans un centre de san­té conve­nable (bien équi­pé). L’extraction des puces doit être sui­vie de soins appro­priés (appli­ca­tion de vase­line sali­cy­lée, bains de pieds au sul­fi­ram, pan­se­ments occlu­sifs) et d’une vac­ci­na­tion contre le téta­nos. En pré­sence d’une infec­tion géné­rale, des anti­bio­tiques à large spectre ain­si que des anti­sep­tiques locaux peuvent être administrés.

En dehors de l’intervention chi­rur­gi­cale, la pres­crip­tion de médi­ca­ments tels que le niri­da­zole et le thia­ben­da­zole peut être une alternative.

En somme, la tun­gose est une affec­tion para­si­taire induite par des puces Tun­ga pene­trans femelles, qui s’introduisent dans la peau et y pondent leurs œufs. Il s’agit d’une zoo­nose que l’on ren­contre cou­ram­ment dans les milieux sub­tro­pi­caux et tro­pi­caux. Les popu­la­tions les plus pauvres, à hygiène pré­caire sont les plus concer­nées. Tou­te­fois, il est heu­reu­se­ment pos­sible de trai­ter cette patho­lo­gie para­si­taire grâce à une inter­ven­tion chi­rur­gi­cale. Non trai­tée, la tun­gose peut être han­di­ca­pante, au point de pro­vo­quer cer­taines com­pli­ca­tions mortelles.

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