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La Shigellose : causes, symptômes et traitements

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La Shi­gel­lose est une mala­die diar­rhéique beau­coup plus concen­trée dans les pays en voie de déve­lop­pe­ment et les pays indus­tria­li­sés. Elle sévit aus­si dans les com­mu­nau­tés homo­sexuelles mas­cu­lines. Cette mala­die conta­gieuse, a une ori­gine infec­tieuse et tue envi­ron 200 000 per­sonnes par an dont 65 000 sont des enfants de moins de 5 ans. Son prin­ci­pal symp­tôme est une forte diar­rhée san­glante. Si elle n’est pas trai­tée à temps, elle pro­voque des com­pli­ca­tions qui peuvent conduire à la mort. Heu­reu­se­ment, il existe un trai­te­ment tout à fait simple pour en venir à bout.

Qu’est-ce que c’est que la Shigellose ?

Encore appe­lée « dys­en­te­rie bacil­laire », la Shi­gel­lose est une mala­die infec­tieuse qui fait ravage dans les régions tro­pi­cales. Elle est cau­sée par des bac­té­ries appar­te­nant au genre des Shi­gel­la, et pro­voque la mort de mil­liers de per­sonnes chaque année à tra­vers le monde. Cette patho­lo­gie touche par­ti­cu­liè­re­ment les enfants de moins de 5 ans dans les pays du tiers monde. Les bac­té­ries res­pon­sables de la Shi­gel­lose sont : Shi­gel­la son­nei, Shi­gel­la boy­dii, Shi­gel­la dys­en­te­riae, Shi­gel­la flex­ne­ri.

Aus­si dan­ge­reuse soit-elle, la Shi­gel­lose est à même de pro­vo­quer une infec­tion diges­tive et une infec­tion dis­sé­mi­née. Cette der­nière attaque les cel­lules épi­thé­liales intes­ti­nales, avant d’atteindre le tis­su qui consti­tue la muqueuse rec­to-colique. Il en res­sort une forte inflam­ma­tion sui­vie d’une des­truc­tion tis­su­laire rela­ti­ve­ment importante.

Dans la plu­part des cas, la Shi­gel­lose engendre une diar­rhée san­glante, fré­quente, et abon­dante. Habi­tuel­le­ment, la gué­ri­son spon­ta­née inter­vient au bout de quelques jours et par­fois moins, à l’usage d’antibiotiques. Mais dans d’autres cas, elle évo­lue, se com­plique et peut pro­vo­quer la mort, si elle n’est pas trai­tée à temps.

La mor­ta­li­té mise à part, cette mala­die est dotée d’un fort poten­tiel épi­dé­mique. Cela fait d’elle une mala­die à ne pas prendre à la légère par les pou­voirs publics.

On note éga­le­ment que cette mala­die endé­mique pré­vaut pen­dant toute l’année et sévit plus dans des cir­cons­tances comme les désastres huma­ni­taires, les guerres, les catas­trophes natu­relles, les camps de réfu­giés, etc. Elle est accé­lé­rée par la pau­vre­té, le manque d’infrastructures sani­taires, le manque d’hygiène, etc. Tou­te­fois, on assiste éga­le­ment à des épi­dé­mies de cette mala­die dans les pays industrialisés.

Quelles sont les causes de la Shigellose ?

Comme men­tion­né plus haut, la shi­gel­lose est pro­vo­quée par les bac­té­ries du genre Shi­gel­la. Il existe de nom­breuses espèces dans ce genre. Cer­taines d’entre elles sont plus pré­sentes dans les pays du tiers monde. Les plus connus sont :

  • Shi­gel­la son­nei : elle est res­pon­sable de la shi­gel­lose dans les pays indus­tria­li­sés et en France ;
  • Shi­gel­la dys­en­te­riae (séro­type 1): encore appe­lée bacille shi­ga, elle est à la base des épi­dé­mies brutales ;
  • Shi­gel­la flex­ne­ri : cause la force endé­mique de la shigellose.

Lorsqu’une per­sonne est atteinte, l’infection bac­té­rienne se pro­page dans l’organisme à une grande vitesse. Tout d’abord, les bac­té­ries enva­hissent les cel­lules épi­thé­liales de l’intestin. Elles s’attaquent ensuite à la muqueuse rec­to-colique. Ces attaques ciblées pro­voquent la forte inflam­ma­tion qui débouche sur une diarrhée.

Comment contracte-t-on la Shigellose ?

L’infection de la Shi­gel­lose se déve­loppe très faci­le­ment. Seule­ment 10 à 100 bac­té­ries suf­fisent pour déclen­cher les symp­tômes. Le moyen de trans­mis­sion passe par la voie féco-orale. Le seul véhi­cule de ces bac­té­ries, c’est l’Homme à quelques pri­mates. En effet, il éli­mine ces bac­té­ries à tra­vers les selles pen­dant sa mala­die et même plu­sieurs semaines après l’infection ini­tiale. Ces selles repré­sentent la source prin­ci­pale de trans­mis­sion de l’infection après l’épisode dys­en­té­rique.

Les pro­blèmes d’hygiène faci­litent la trans­mis­sion de l’infection par le malade, à son entou­rage direct. L’autre moyen de trans­mis­sion est à tra­vers les ali­ments et eaux conta­mi­nées par les déjec­tions de la per­sonne atteinte. Ain­si, les per­sonnes qui mangent une telle nour­ri­ture, qui boivent une telle eau, ou qui y nagent peuvent contrac­ter la mala­die. C’est pour­quoi, il est conseillé de bien trai­ter l’eau des pis­cines et patau­geoires au chlore.

Aus­si, les bac­té­ries peuvent être trans­por­tées par les mouches.

Par ailleurs ces der­nières années, il a été remar­qué que les Shi­gel­la Flex­ne­ri et Shi­gel­la son­nei ont fait de grands ravages dans les com­mu­nau­tés homosexuelles.

Quels sont les symptômes de la Shigellose ?

Tout com­mence par une période d’incubation de Shi­gel­la qui est d’environ 4 jours. Ensuite, les symp­tômes appa­raissent. Le pre­mier symp­tôme appa­rais­sant est la fièvre (jusqu’à 40 °C), même si elle ne touche pas cer­tains adultes. Elle s’accompagne d’une diar­rhée fré­quente et aqueuse (jusqu’à 40 fois par jour).

Chez les adultes, les pre­miers signes sont des dou­leurs abdo­mi­nales et une forte et fré­quente envie d’aller à la selle. Le fait de défé­quer réduit sou­vent les dou­leurs, ne serait-ce que tem­po­rai­re­ment. Géné­ra­le­ment, elles dis­pa­raissent au bout de 4 à 8 jours. Lorsque l’infection évo­lue, ces symp­tômes s’aggravent et deviennent plus fréquents.

Dans le cadre des infec­tions sévères, les mêmes symp­tômes appa­raissent sauf que la diar­rhée ici, évo­lue vers une dys­en­te­rie. Cette dys­en­te­rie fait défé­quer des selles san­glantes, accom­pa­gnées du mucus et du pus. Les infec­tions sévères per­durent jusqu’à 3 ou 6 semaines avant de disparaître.

Par contre, les symp­tômes appa­raissent brus­que­ment chez les jeunes enfants. Il s’agit géné­ra­le­ment de la fièvre, la perte de l’appétit, la som­no­lence ou l’irritabilité, la diar­rhée, les dou­leurs abdo­mi­nales, les nau­sées et les vomis­se­ments. Tout comme chez les adultes, il peut y avoir pré­sence de pus ou de mucus dans les selles au bout de 3 jours. Au bout de deux semaines, le mal dis­pa­raît géné­ra­le­ment. Mais, il peut arri­ver que l’infection s’aggrave, et dans ce cas les symp­tômes s’aggravent aussi.

Dans un contexte plus géné­ral, les patients souf­frant de Shi­gel­lose, sont sujets à la déshy­dra­ta­tion due aux selles abon­dantes et à la fièvre.

Il est donc conseillé de consul­ter un méde­cin dans les plus brefs délais pour évi­ter toute sorte de complications.

Quelles sont les complications possibles de la Shigellose ?

Chez l’enfant comme chez l’adulte, l’infection à la Shi­gel­la est sus­cep­tible d’évoluer vers des com­pli­ca­tions si elle n’est pas trai­tée à temps. Lorsque l’infection s’aggrave, les attaques de la bac­té­rie pro­voquent une hypo­gly­cé­mie, des sep­ti­cé­mies et des bac­té­rié­mies. Ces signes peuvent être sui­vis d’un choc septique.

La diar­rhée, en s’intensifiant, entraîne de fortes pertes hydro-élec­tro­ly­tiques. Com­bi­née à la forte fièvre, cela pro­voque une déshy­dra­ta­tion chez le patient. Si elle n’est pas solu­tion­née, cette déshy­dra­ta­tion peut conduire à une insuf­fi­sance rénale.

Les com­pli­ca­tions peuvent éga­le­ment engen­drer une occlu­sion intes­ti­nale. Cette der­nière peut induire et aggra­ver une per­fo­ra­tion avec péri­to­nite. En effet, il s’agit d’une inflam­ma­tion du péri­toine, qui n’est rien d’autre que la mem­brane tapis­sant la cavi­té abdo­mi­nale toute entière.

Par ailleurs, lorsque la Shi­gel­la dys­en­te­riae de type 1 est à la base de l’infection, elle peut pro­vo­quer un syn­drome hémo­ly­tique. Dans ce cas, les glo­bules sont atta­qués et détruits, condui­sant ain­si à cer­tains signes cli­niques. Il s’agit géné­ra­le­ment de l’anémie, la fatigue, la fai­blesse et sou­vent l’étourdissement. Dans le même cadre, on assiste à une coa­gu­la­tion anor­male du sang, menant à un arrêt de fonc­tion rénale, à des convul­sions ou même à un acci­dent vas­cu­laire céré­bral.

Le plus haut niveau des com­pli­ca­tions consiste en une mal­nu­tri­tion, appuyée par un retard de crois­sance et une perte impor­tante de poids chez les plus jeunes.

Les adultes quant à eux, vont jusqu’à déve­lop­per une uvéite (inflam­ma­tion des yeux) ou une arthrite réac­tion­nelle (inflam­ma­tion des arti­cu­la­tions). Ils peuvent éga­le­ment contrac­ter une inflam­ma­tion de l’urètre, plu­sieurs semaines ou plu­sieurs mois après la diar­rhée. Cela peut pro­vo­quer des mic­tions douloureuses.

Quelles sont les personnes à risque de la Shigellose ?

L’infection de la Shi­gel­lose se trans­met aisé­ment d’une per­sonne à une autre, vivant sous le même toit. Il est donc très facile d’attraper la mala­die, en vivant dans un endroit bon­dé de monde où les mesures d’hygiène ne sont pas suf­fi­santes. Il s’agit notamment :

  • Des crèches pour enfants ;
  • Des camps de réfugiés ;
  • Des vieux éta­blis­se­ments de soins ;
  • Des bateaux de croisières ;
  • Des camps militaires ;
  • Des ins­ti­tu­tions psychiatriques ;
  • Des pays où l’assainissement est encore insuffisant.

Les per­sonnes les plus expo­sées sont donc les enfants, les réfu­giés, les per­son­nels huma­ni­taires, les tou­ristes, les mili­taires, les per­son­nels soignants.

Comment s’établit le diagnostic de la Shigellose ?

Il faut noter que le diag­nos­tic de la Shi­gel­lose n’est pas très évident. Cela est dû aux abon­dantes diar­rhées. C’est pour­quoi, le méde­cin est appe­lé à poser des ques­tions sur les autres symp­tômes et les endroits fré­quen­tés pour déter­mi­ner une poten­tielle expo­si­tion à la bactérie.

Lorsque les réponses l’amènent à soup­çon­ner une Shi­gel­lose, il demande une mise en culture des selles pour favo­ri­ser la crois­sance des bac­té­ries et faci­li­ter leur iden­ti­fi­ca­tion. S’il y a pré­sence de l’une des bac­té­ries du genre shi­gel­la, il confirme le diag­nos­tic de la Shigellose.

À cette étape, il conti­nue l’analyse des bac­té­ries pour iden­ti­fier les anti­bio­tiques les mieux adap­tés pour une gué­ri­son plus rapide. Pour cela, il se sert du pro­cé­dé dénom­mé anti­bio­gramme.

Par ailleurs, il peut uti­li­ser un exa­men de la muqueuse par endo­sco­pie, en recher­chant des ulcé­ra­tions mul­tiples. Cela lui per­met de poser un diag­nos­tic plus formel.

Quels sont les traitements disponibles contre la Shigellose ?

Géné­ra­le­ment, la mala­die n’a pas besoin de trai­te­ments. Les symp­tômes s’estompent au bout de quelques jours ou semaines selon le cas. Mais cer­tains cas néces­sitent une inter­ven­tion médi­cale. Or, contrai­re­ment à la majo­ri­té des mala­dies diar­rhéiques, la Shi­gel­lose ne gué­rit pas seule­ment par la réhy­dra­ta­tion. Il en est ain­si, à cause de l’envahissement de la muqueuse du côlon par la bac­té­rie pro­vo­quant une réac­tion inflammatoire.

Son trai­te­ment repose sur l’usage des anti­bio­tiques. Ils conduisent à une gué­ri­son accé­lé­rée et ne laissent pas de séquelles. On les uti­lise sur­tout pour des patients à jeune âge ou très âgés, ceux qui ont un sys­tème immu­ni­taire faible, que leur infec­tion soit modé­rée ou sévère.

Tou­te­fois, ces der­nières années ont per­mis de décou­vrir le déve­lop­pe­ment de souches mul­ti-résis­tantes au niveau des Shi­gel­la son­nei et shi­gel­la flex­ne­ri. Elles sont par­ti­cu­liè­re­ment résis­tantes aux anti­bio­tiques de pre­mière ligne. On uti­lise donc des anti­bio­tiques moins connus et plus chers pour venir à bout de ces der­niers. Il s’agit notam­ment des cépha­lo­spo­rines et des fluo­ro­qui­no­lones de troi­sième génération.

Non­obs­tant, on remarque que les Shi­gel­la dys­en­te­riae de type 1 ont déve­lop­pé une résis­tance à cette classe d’antibiotiques aus­si. Cette résis­tance a été décou­verte en Asie du Sud. C’est pour­quoi, on craint une nou­velle épi­dé­mie de Shi­gel­lose dans cette région du monde.

Pour finir, notons qu’il est for­te­ment décon­seillé d’utiliser les trai­te­ments anti diar­rhéiques habi­tuels comme diphé­noxy­late ou le lopé­ra­mide. Ils risquent de pro­lon­ger la période de l’infection.

Comment prévenir la Shigellose ?

La Shi­gel­lose est due en grande par­tie aux pro­blèmes d’hygiène. Pour l’éviter, il suf­fit donc de pro­mou­voir et d’a­mé­lio­rer les mesures d’hygiène. C’est pour­quoi, il est impor­tant de suivre ces quelques règles :

  • Les per­sonnes infec­tées doivent se laver les mains après avoir été à la selle ;
  • Les toi­lettes doivent être soi­gneu­se­ment net­toyées après avoir été uti­li­sées par une per­sonne ayant été affectée ;
  • Les per­sonnes infec­tées ne doivent pas cui­si­ner pour les autres per­sonnes saines ;
  • Les per­son­nels soi­gnant une per­sonne souf­frant de Shi­gel­lose doivent se laver les mains à l’eau et au savon après tout contact avec le malade ;
  • Il faut évi­ter tout contact entre un enfant infec­té et un enfant sain ;
  • L’endroit où l’on change les couches des enfants infec­tés doit être soi­gneu­se­ment lavé au dés­in­fec­tant après chaque usage ;
  • Les couches sales des enfants doivent être conser­vées dans des pou­belles spé­ci­fiques et her­mé­ti­que­ment fermées ;
  • Les vête­ments et la lite­rie des patients doivent être bien lavés dans une machine qui uti­lise le cycle chaud avant toute réutilisation ;
  • Il faut tou­jours uti­li­ser un dés­in­fec­tant (l’eau de javel par exemple) pour net­toyer les sur­faces comme celles des toi­lettes, de l’évier, des machines à laver, etc.

En outre, il faut vul­ga­ri­ser l’hygiène auprès des popu­la­tions les plus concer­nées, et amé­na­ger le plus de latrines pos­sible. Il faut pro­mou­voir le contrôle des mouches et régle­men­ter l’utilisation des excré­ments humains dans l’agriculture. Il faut éga­le­ment amé­lio­rer l’approvisionnement en eau potable.

Au-delà de ces mesures, il n’existe tou­jours pas de vac­cin contre la Shi­gel­lose. Tou­te­fois, des études sont en cours et ne sont pas loin de mettre au point un vac­cin pour pré­ve­nir cette patho­lo­gie infectieuse.

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