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Maladie de CROHN et Anticorps anti Saccharomyces cerevisiae : que savoir ?

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Comme la rec­to­co­lite hémor­ra­gique, la mala­die de Crohn est une mala­die inflam­ma­toire chro­nique de l’intestin. Son évo­lu­tion est due aux pous­sées impré­vi­sibles dont la sévé­ri­té varie selon les patients. Les trai­te­ments exis­tants sont effec­tués, non pour gué­rir le mal, mais pour cal­mer les pous­sées et pré­ve­nir d’éventuelles rechutes. Mais, que faut-il savoir de l’anticorps anti Sac­cha­ro­myces cere­vi­siae dans le diag­nos­tic de la mala­die de Crohn ? Décryp­tage dans cet article.

Qu’est-ce que la maladie de Crohn ?

La mala­die de Crohn est une inflam­ma­tion chro­nique qui touche les parois du tube diges­tif. La plu­part du temps, elle atteint l’iléon, c’est-à-dire la par­tie ter­mi­nale de l’intestin grêle. Une fois pré­sente dans cette zone du corps, elle entraîne un épais­sis­se­ment de la paroi. Elle est aus­si à l’origine d’une inflam­ma­tion, des ulcères, voire de per­fo­ra­tions et de fissures.

Puisqu’elle évo­lue par pous­sées, la mala­die de Crohn se mani­feste par des diar­rhées et des maux de ventre. Ceux-ci sont sus­cep­tibles de per­tur­ber le patient durant de nom­breuses semaines. Au cas où ils per­sistent, ils peuvent entraî­ner une perte de poids, une ané­mie ou encore une dénu­tri­tion. Quoi qu’il en soit, notons que la mala­die de Crohn affecte l’intestin grêle dans un tiers des cas. Dans un autre un tiers, elle affecte le côlon et dans le tiers res­tant, l’iléon et le côlon.

Même si elle n’est pas conta­gieuse, la mala­die est très diag­nos­ti­quée aux États-Unis et en Europe du Nord-Ouest. Selon l’Afa, elle touche 4 à 5 per­sonnes sur 100 000 habi­tants, notam­ment en France. Au Cana­da, envi­ron 50 per­sonnes sur 100 000 habi­tants sont concer­nées. Sauf qu’on note une grande varia­bi­li­té en fonc­tion de la région géo­gra­phique. En outre, la zone du monde qui enre­gistre un nombre impor­tant de cas est la Nou­velle-Écosse. Dans cette pro­vince cana­dienne, le taux est de 319 cas pour 100 000 personnes.

Quelles sont les causes de la maladie de Crohn ?

Les réelles causes de la mala­die de Crohn sont jusqu’à ce jour incon­nues. Cepen­dant, on dis­tingue cer­tains fac­teurs de risques pou­vant favo­ri­ser son appa­ri­tion. Il s’agit :

Des facteurs environnementaux

Dans les pays occi­den­taux indus­tria­li­sés, l’incidence de la mala­die de Crohn est en hausse. Il est alors pro­bable que cer­tains fac­teurs de l’environnement aient un impact sur son appa­ri­tion. Si, à pro­pre­ment par­ler, il n’existe aucun fac­teur spé­ci­fique, de nom­breuses pistes sont cepen­dant sou­mises à une étude. Par­mi les fac­teurs envi­ron­ne­men­taux esti­més à risques, on peut citer :

  • L’hygiène exces­sive ;
  • Les infec­tions bac­té­riennes et fon­giques ;
  • L’alimentation trop riche en viande et en mau­vais gras ;
  • La consom­ma­tion exces­sive des ali­ments riches en sucres raffinés ;
  • L’exposition à cer­tains anti­bio­tiques, notam­ment ceux de la classe des tétracyclines.

Des facteurs génétiques

Cer­tains indi­vi­dus sont géné­ti­que­ment des­ti­nés à la mala­die de Crohn. Ces der­niers pré­sentent le gène NOD2/CARD15 qui se retrouve chez la majo­ri­té des patients atteints de la mala­die. En effet, ce gène de sus­cep­ti­bi­li­té peut mul­ti­plier par 4 ou 5 le risque d’être atteint par la mala­die. Il existe cepen­dant d’autres gènes qui peuvent éga­le­ment pré­dis­po­ser un indi­vi­du à la mala­die de Crohn. Ces der­niers s’associent géné­ra­le­ment à des fac­teurs envi­ron­ne­men­taux ou à un mode de vie spé­ci­fique pour déclen­cher la maladie.

Des facteurs auto-immuns

À l’instar de la colite ulcé­reuse, la mala­die de Crohn pré­sente cer­taines carac­té­ris­tiques de mala­dies auto-immunes. Ce sont en réa­li­té des mala­dies au cours des­quelles le sys­tème immu­ni­taire lutte contre ses propres cel­lules. En effet, selon les cher­cheurs, l’inflammation du tube diges­tif serait cau­sée par l’excès d’une réac­tion immu­ni­taire de l’organisme. Cela peut sur­ve­nir dans un contexte de lutte contre les bac­té­ries ou les virus pré­sents au niveau de l’intestin.

Le tabagisme

Le taba­gisme est un puis­sant fac­teur de risque de la mala­die de Crohn. Il déter­mine la fré­quence des pous­sées, ce qui entraîne l’endommagement de la san­té du patient. Néan­moins, sou­li­gnons que le taba­gisme comme fac­teur de risque de cette mala­die fait tou­jours objet de recherche.

Quels sont les symptômes de la maladie de Crohn ?

Les symp­tômes de la mala­die de Crohn sont très peu spé­ci­fiques. Cepen­dant, on peut les ran­ger selon trois caté­go­ries à savoir :

Les symptômes généraux

Les symp­tômes géné­raux sont sou­vent dus à un retard de diag­nos­tic. Il s’agit entre autres de :

  • La fièvre ;
  • La fatigue ;
  • La pâleur : elle est rela­tive à une ané­mie par carence en vita­mines B12 ou en fer ;
  • La cas­sure de la courbe de taille et de poids : elle se remarque chez l’adolescent et l’enfant.

Les symptômes digestifs de la maladie de Crohn

Par­mi les symp­tômes diges­tifs de cette mala­die, il faut noter :

  • Les nau­sées ;
  • Les vomis­se­ments ;
  • La perte d’appétit ;
  • La diar­rhée : elle peut être liquide et abondante ;
  • Les dou­leurs abdo­mi­nales : il peut s’agir des brû­lures ou des spasmes. Quoi qu’il en soit, ces dou­leurs peuvent être fortes et iden­tiques à celles cau­sées par l’appendicite.

Les symptômes non digestifs de la maladie de Crohn

L’inflammation cau­sée par la mala­die de Crohn peut tou­cher d’autres par­ties du corps. Bien que cela se remarque dans les formes mino­ri­taires de la mala­die, on relève plu­sieurs symp­tômes qua­li­fiés de non diges­tifs. Par­mi ceux-ci, on relève :

  • Des aphtes buccaux ;
  • Une atteinte ocu­laire : le cas de l’uvéite ;
  • L’érythème noueux : ce sont des bour­sou­flures ayant la taille d’une noix. Appa­rais­sant sur les avant-bras et les jambes, elles sont rouges, dures et douloureuses ;
  • Des rhu­ma­tismes arti­cu­laires : ils s’identifient par une inflam­ma­tion des arti­cu­la­tions du bas­sin et du rachis. Mais, ils pour­raient aus­si s’agir d’une spondylarthrite.

Comment se pose le diagnostic de la maladie de Crohn ?

Le diag­nos­tic de la mala­die de Crohn se réa­lise lors d’une pous­sée. Pour le faire, le méde­cin pro­cède à un exa­men du patient en l’interrogeant sur les symp­tômes res­sen­tis. Par­mi les divers exa­mens à effec­tuer pour éta­blir le diag­nos­tic, il faut noter :

L’iléoscoloscopie : un examen indispensable

L’iléoscoloscopie se réa­lise sous séda­tion ou anes­thé­sie géné­rale. Elle consiste à intro­duire un tube souple doté d’une petite camé­ra par l’anus. Le but est d’examiner le côlon, le rec­tum ain­si que la par­tie ter­mi­nale de l’intestin grêle. Dès lors, l’équipe médi­cale par­vient à ana­ly­ser l’importance des lésions intes­ti­nales de la mala­die de Crohn.

À cet effet, il faut noter que la mala­die se dis­tingue par une atteinte dis­con­ti­nue de la paroi intes­ti­nale. Cela entraîne une alté­ra­tion des lésions pro­fondes et une pré­sence des zones de muqueuse saine. Pour cela, des biop­sies peuvent être réa­li­sées. Une ana­lyse ana­to­mo­pa­tho­lo­gique des dif­fé­rents pré­lè­ve­ments peut aider à réus­sir le diagnostic.

Le bilan biologique : le lot des analyses

Le bilan bio­lo­gique comprend :

  • Des ana­lyses san­guines : elles visent à recher­cher un syn­drome inflam­ma­toire, une ané­mie ou des carences vita­mi­niques. Cela per­met d’évaluer l’impact de la mala­die sur le foie, les reins ou encore l’équilibre nutritionnel ;
  • Une ana­lyse bac­té­rio­lo­gique et para­si­to­lo­gique des selles : elle per­met d’identifier les infec­tions sus­cep­tibles de cau­ser les symp­tômes digestifs.

D’autres examens au cas par cas

Selon le cas, d’autres exa­mens spé­ci­fiques s’avèrent néces­saires pour éta­blir le diag­nos­tic. Il s’agit de :

  • L’endoscopie oeso­gas­tro­duo­dé­nale : elle per­met d’identifier une loca­li­sa­tion haute de la mala­die du Crohn ;
  • L’examen du tube diges­tif par vidéo­cap­sule : il se révèle impor­tant dans des cas plus dif­fi­ciles de la mala­die. Pra­ti­qué sans anes­thé­sie, son but est d’explorer l’intérieur de l’intestin grêle ;
  • Le scan­ner abdo­mi­no­pel­vien et un enté­ros­can­ner : ils favo­risent la loca­li­sa­tion des abcès ou une pro­bable occlu­sion intes­ti­nale rela­tive à la maladie ;
  • Une enté­ro-IRM et l’IRM abdo­mi­no­pel­vienne et du péri­née : ces exa­mens per­mettent de véri­fier la pré­sence ou non d’abcès ou de fis­tules. Elles aident éga­le­ment à éva­luer le volume des lésions de la maladie ;
  • Une écho­gra­phie abdo­mi­nale : il s’agit d’un exa­men indo­lore qui s’effectue à par­tir d’un appa­reil à émis­sion d’ultrasons. Sa réa­li­sa­tion est utile pour mettre en évi­dence des fis­tules ou res­ser­re­ments du dia­mètre inté­rieur de l’intestin.

Diagnostic de la maladie de Crohn : quid de la recherche d’anticorps anti-Saccharomyces cerevisiae ?

Les anti-Sac­cha­ro­myces cere­vi­siae (ASCA) sont des anti­corps asso­ciés à la mala­die de Crohn, notam­ment avec loca­li­sa­tion gas­tro-intes­ti­nale proxi­male.  Ils peuvent être d’isotypes IgA et IgG. Dans l’un ou l’autre des cas, leur pré­sence dans le corps d’un indi­vi­du per­met de dis­tin­guer la mala­die de Crohn des autres colites inflam­ma­toires et de la rec­to­lite hémor­ra­gique (RCH).

Lors d’un diag­nos­tic, il est impor­tant que le méde­cin inter­prète les anti­corps anti Sac­cha­ro­myces cere­vi­siae retrou­vés. Cela doit se faire de manière conjointe à la recherche des anti­corps anti-cyto­plasme des poly­nu­cléaires (ANCA). Et il faut pré­ci­ser que ces der­niers appa­raissent très sou­vent dans la rec­to­lite hémor­ra­gique et dans les colites ulcératives.

Cepen­dant, les anti­corps ANCA et les ASCA sont confron­tés à un manque de sen­si­bi­li­té. Cela se jus­ti­fie par le fait que 50% des patients ne pré­sentent aucun d’eux. Seuls les anti­corps anti Sac­cha­ro­myces cere­vi­siae peuvent se retrou­ver chez des patients géné­ti­que­ment pré­dis­po­sés à la mala­die du Crohn.

Quelle est l’évolution de la maladie de Crohn ?

L’évolution de la mala­die du Crohn varie d’un patient à un autre. Elle se fait par pous­sées entre­cou­pées de périodes de rémis­sion durant les­quelles les malades res­sentent cer­taines dif­fi­cul­tés. Par­mi les pro­blèmes qui pour­raient en résul­ter, il faut noter :

Des problèmes généraux

Il s’agit :

  • Des abcès intra-abdo­mi­naux ou des fistules ;
  • Des fis­sures anales : au cas où le canal oral serait atteint ;
  • Le rétré­cis­se­ment du dia­mètre intes­ti­nal : encore appe­lé sté­noses intestinales ;
  • Une ané­mie : elle peut être cau­sée par l’inflammation ou une mau­vaise absorp­tion du fer ;
  • Des carences vita­mi­niques et une dénu­tri­tion dues à une mau­vaise absorp­tion des vita­mines et des nutriments.

Des cas de complications aiguës

Des cas de com­pli­ca­tions aiguës de la mala­die du Crohn peuvent éga­le­ment sur­ve­nir. Le cas échéant, on peut assis­ter à :

  • Une péri­to­nite ;
  • Une occlu­sion intestinale ;
  • Une hémor­ra­gie digestive ;
  • Un abcès au niveau du péri­née et de l’anus.

Des maladies liées à l’atteinte digestive

Il existe par ailleurs d’autres mala­dies qui se rap­portent à l’atteinte diges­tive de la mala­die du Crohn. Par­mi ces der­nières, on note :

  • Des aphtes buccaux ;
  • Un éry­thème noueux ;
  • Des pro­blèmes vasculaires ;
  • L’inflammation de cer­taines struc­tures de l’œil ;
  • Les atteintes arti­cu­laires au niveau de la colonne vertébrale.

Quels sont les traitements pour la maladie de Crohn ?

Loin de gué­rir la mala­die de Crohn, les trai­te­ments appli­qués visent à :

  • Réduire les symptômes ;
  • Pré­ve­nir du risque rechute ;
  • Ralen­tir les fré­quences de poussées ;
  • Amé­lio­rer la qua­li­té de vie du malade.

Par­mi les mesures mises en place, on a :

Le traitement médicamenteux

Le trai­te­ment médi­ca­men­teux est le plus recom­man­dé pour trai­ter la mala­die de Crohn. Lorsqu’il est rigou­reu­se­ment sui­vi, le recours à la chi­rur­gie s’avère inutile. Au nombre des médi­ca­ments pres­crits aux patients pour la cause, on peut citer :

  • Le fer ;
  • Le budé­so­nide ;
  • L’adalimumab et l’infliximab ;
  • Le pred­ni­sone et le predniso-lone ;
  • La mésa­la­zine et les 5‑aminosalicylés ;
  • Le cipro­floxa­cine et le métronidazole.

En outre, il est pos­sible d’ajouter à ces pres­crip­tions des immu­no­dé­pres­seurs et des anti-TNF. C’est le cas de l’azathioprine. Sou­li­gnons que ces der­niers sont indis­pen­sables face à cer­taines formes graves de la mala­die. Cela per­met de réduire au maxi­mum les com­pli­ca­tions et d’éviter la chirurgie.

Le traitement chirurgical

En cas de com­pli­ca­tions ou d’échec du trai­te­ment médi­ca­men­teux, l’intervention chi­rur­gi­cale s’avère obli­ga­toire. Même si elle ne garan­tit pas au patient la dis­pa­ri­tion de son mal, elle per­met cepen­dant de cal­mer les symp­tômes de celui-ci.

En effet, le trai­te­ment chi­rur­gi­cal consiste à iden­ti­fier les zones de l’intestin pré­sen­tant des lésions puis à les extraire. Cela s’accompagne tou­jours d’une ouver­ture pro­vi­soire de l’abdomen utile pour la cica­tri­sa­tion des par­ties opérées.

L’alimentation : une méthode de soutien

L’alimentation est une méthode de sou­tien qui est aus­si recom­man­dée aux patients. Pen­dant les crises, le patient doit réduire la consom­ma­tion des fibres ali­men­taires. Il s’agit, entre autres, des fruits et légumes crus ou non pelés et des pro­duits de la bou­lan­ge­rie à la farine de blé.

En réa­li­té, ces ali­ments ne pré­sentent en soi aucun effet néfaste. Ils contiennent néan­moins des fibres ali­men­taires qui exercent une cer­taine pres­sion sur la paroi préa­la­ble­ment enflam­mée des intes­tins. Cela pour­rait donc aug­men­ter les troubles diges­tifs. Par ailleurs, il se peut que l’intestin soit irri­té et se trouve dans l’incapacité d’absorber les nutri­ments. Le cas échéant, l’injection des solu­tions nutri­tives par voie intra­vei­neuse est une solu­tion envisageable.

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