Apparition de nausées en début de grossesse plus ou moins associées à des vomissements.
Deux tableaux cliniques peuvent se rencontrer :
- Vomissements avec bon état général, résolutifs spontanément, souvent matinaux. Ils surviennent après le 1er mois (+++ 6 semaines d’aménorrhée) et durent environ 3 mois,
- Vomissements gravidiques incoercibles, prolongés, avec amaigrissement. La parturiente présente des troubles hydro-électrolytiques avec des signes de déshydratation. Ces vomissements surviennent tout au long de la journée. Leur amélioration est souvent longue avec des rechutes fréquentes.
Épidémiologie :
90% des femmes enceintes ont des nausées mais seulement 15 à 20% d’entre elles vomissent encore au delà de 14 semaines d’aménorrhée. 1 à 5/1000 des femmes enceintes présentent des vomissements graves.
Complications :
Les vomissements gravidiques ne sont pas responsables à eux seuls d’avortements spontanés ou de malformations foetales contrairement aux thérapeutiques que l’on peut être amenées à utiliser. Cependant d’autres complications peuvent se rencontrer :
- Déshydratation (cétonurie, hyponatrémie, hypoK+, hypoCl-)
- Amaigrissement > 5%
- Insuffisance rénale, hypercalcémie, cytolyse modérée, hyperbilirubinémie, pas de pancréatite,
- Encéphalopathie de Gayet-Wernicke (carence en Vit B1)
- Nystagmus, ataxie, paraparésie, (si vomissements graves > 3 semaines),
Diagnostics différentiels :
- Pathologie digestive (occlusion, appendicite, ulcère…)
- Hyperthyroïdie
- HTIC (traumatisme crânien)
- Hépatopathie (hépatite virale)
- Toxémie gravidique.
Physiopathologie :
Plusieurs explications ont été décrites :
- Psychologique (névrose hystérique, ambivalence, refus de la grossesse, grossesse non planifiée)
- Psychosociale (conflit, niveau socio-économique non influent)
- Hormonale : grossesse gémellaire et grossesse môlaire
- Dysfonction organique avec dysmobilité, tachygastrie sous effet de estrogènes.
Facteurs favorisants
Nous citerons les facteurs favorisants les plus souvent cités :
- Milieu urbain, société industrialisée,
- Femme jeune de moins de 20 ans,
- Femmes non-fumeuses, au foyer, obèses,
- Influence de la parité reste à démontrer,
- Germe HelicoBacter pylori.
Traitement :
Schématiquement il faut en cas de :
- vomissements mineurs
- Rassurer,
- Conseiller 5 repas, petits, fractionnés,
- Pas trop de boissons, en dehors des repas,
- Favoriser les graisses, le sel, exclure les odeurs fortes,
- Arrêter le tabac,
- Saler les aliments, arrêter le fer,
- Prescrire des antiémétiques type MOTILIUM® 3 à 6 cp/jour, VOGALENE® 1 à 2/jour, PRIMPERAN® 1 avant les repas,
- HALDOL® 1 à 3 mg/jour.
- vomissements graves
- Hospitaliser la parturiente (examen neurologique et digestif attentifs),
- Demander un ionogramme et un bilan hépatique,
- Isoler dans le noir et le calme sans contacts extérieurs,
- Perfuser avec 2,5 litres de sérum/jour,
- Imposer le repos intestinal (ne pas autoriser d’apports alimentaires)
- Prescrire PRIMPERAN® 10 mg/kg/jour, LARGACTIL® 2 ampoules + 1 ampoule de PHENERGAN®, 1 g Vit B1/jour pendant 15 jours, Vit K 50 mg par semaine, des lipides 2 fois/semaine (1g/kg/mn)
- Une sonde naso-gastrique peut quelquefois devenir nécessaire.
Surveillance :
Elle est simple et doit être rigoureuse. Elle consiste à surveiller le poids et la diurèse 1 fois/jour, la fréquence des vomissements, le ionogramme 1 fois/jour ou 2 en fonction de la survenue des vomissements.
La réalimentation peut se faire et doit être lente si et seulement si la diurèse est équivalente à l’apport, s’il n’existe plus de perte de poids et si les vomissements cessent.