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THROMBOSE ET VOYAGE : « Le syndrome de la classe économique »

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Les voyages long-cour­riers ont la répu­ta­tion d’être épui­sants phy­si­que­ment. Il est tou­te­fois impor­tant de noter que l’impact de ces voyages ne se limite pas qu’à la fatigue. En effet, les voyages de longue durée sont éga­le­ment sus­cep­tibles de pro­vo­quer des acci­dents throm­boem­bo­liques vei­neux. Il s’agit en réa­li­té d’une patho­lo­gie cau­sée par la for­ma­tion de caillots san­guins dans les veines.

Le lien de cau­sa­li­té entre les longs voyages et cette patho­lo­gie a ins­pi­ré les spé­cia­listes qui ont don­né au phé­no­mène le nom de « syn­drome de la classe éco­no­mique ». Une bonne connais­sance de ce syn­drome ain­si que des mesures de pré­ven­tion per­mettent de voya­ger en toute sécurité.

Syndrome de la classe économique : qu’est-ce que c’est ?

Le syn­drome de la classe éco­no­mique est une célèbre expres­sion per­met­tant de dési­gner la sur­ve­nue d’une patho­lo­gie throm­boem­bo­lique à la suite d’un voyage. Ce syn­drome est prin­ci­pa­le­ment relié aux voyages en avion, ayant une durée moyenne de sept heures de temps. Ce syn­drome touche notam­ment les voya­geurs qui sont contraints à l’immobilité durant tout le voyage.

Il est notam­ment carac­té­ri­sé par la for­ma­tion de caillots san­guins dans les veines. En géné­ral, cette for­ma­tion de caillots san­guins, éga­le­ment appe­lés « throm­bus », se pro­duit dans les veines des membres infé­rieurs du sujet.

Par ailleurs, il est éga­le­ment impor­tant de noter que les throm­bus peuvent aus­si se for­mer pen­dant un voyage en train, en bus ou en voi­ture. Le prin­ci­pal fac­teur de ce phé­no­mène est la longue durée de voyage. Il n’est donc pas exclu qu’à la suite d’un long voyage en voi­ture ou en train, les pas­sa­gers se plaignent de troubles cau­sés par la pré­sence d’un caillot san­guin dans leurs veines. Le trouble le plus sou­vent diag­nos­ti­qué dans ces cir­cons­tances est une throm­bose vei­neuse.

Qu’est-ce qu’une thrombose veineuse ?

La throm­bose vei­neuse, éga­le­ment connue sous l’appellation secon­daire de « Phlé­bite » est une patho­lo­gie de type car­dio­vas­cu­laire. Elle est notam­ment carac­té­ri­sée par la for­ma­tion d’un caillot san­guin dans une veine, ce qui induit un blo­cage de la cir­cu­la­tion san­guine. La for­ma­tion des caillots san­guins ou throm­bus, peut se pro­duire autant dans une veine pro­fonde que dans une veine de surface.

Ain­si, en fonc­tion du type de veine qui héberge le throm­bus, on peut par­ler de « throm­bose vei­neuse pro­fonde » ou de « throm­bose vei­neuse super­fi­cielle ». Le degré de gra­vi­té d’une throm­bose vei­neuse est assez variable. Tou­te­fois, les throm­boses vei­neuses pro­fondes sont répu­tées être les plus graves, en rai­son du grand risque d’évolution vers une embo­lie pul­mo­naire. Cette com­pli­ca­tion sur­vient notam­ment lorsque le throm­bus for­mé dans l’une des veines pro­fondes migre vers les artères pul­mo­naires et crée une obstruction.

Les throm­boses vei­neuses ou phlé­bites peuvent se for­mer, aus­si bien dans les veines des membres supé­rieurs du corps humain que dans celles des membres infé­rieurs. Les sta­tis­tiques révèlent tou­te­fois que les jambes sont les membres les plus tou­chées. Divers élé­ments favo­risent la sur­ve­nue des throm­boses vei­neuses. Par­mi ceux-ci, les longs voyages en avion figurent en bonne place. Cela confirme la rela­tion qu’il existe entre le déve­lop­pe­ment des throm­boses et les voyages.

Comment établir la relation entre les longs voyages et la survenue des thromboses ?

Le lien de cau­sa­li­té entre un long voyage en avion et l’apparition des troubles throm­bo­tiques est sou­vent dif­fi­cile à éta­blir. Cela s’explique notam­ment par, le fait que les pre­miers symp­tômes appa­raissent rare­ment les heures sui­vant le voyage. Cepen­dant, trois élé­ments notés chez cer­tains patients ayant souf­fert de throm­boses après de longs voyages per­mettent d’établir cette rela­tion. Ces trois élé­ments sont connus sous l’appellation de la triade de Vir­chow et se pré­sentent comme suit :

  • Une stase veineuse ;
  • Des lésions endo­thé­liales ou vas­cu­laires qui entrainent une modi­fi­ca­tion du conte­nu vasculaire ;
  • Une coa­gu­la­bi­li­té exces­sive du sang dans les petits vaisseaux ;

La stase vei­neuse est pro­vo­quée par une longue immo­bi­li­sa­tion des jambes, due à la posi­tion assise pro­lon­gée. Les lésions endo­thé­liales ou vas­cu­laires sont pro­vo­quées par la com­pres­sion des cuisses sur les extré­mi­tés des sièges. La coa­gu­la­bi­li­té exces­sive est géné­ra­le­ment notée chez les sujets ayant des pré­dis­po­si­tions géné­tiques ou acquises à ce phé­no­mène. La réunion de ces trois élé­ments est néces­saire à l’apparition d’une throm­bose vei­neuse durant ou après un voyage. Il faut tou­te­fois noter que l’association de ces élé­ments est favo­ri­sée par les condi­tions de voyage.

La longue durée d’immobilisation

L’immobilisation pro­lon­gée est le prin­ci­pal fac­teur de for­ma­tion de throm­bus au cours d’un voyage. Elle contri­bue notam­ment au ralen­tis­se­ment voire au blo­cage de la cir­cu­la­tion du sang dans les veines. Ce fac­teur pour­rait être contour­né par des mou­ve­ments de jambes ou par quelques minutes de cent pas dans les allées. Tou­te­fois, il est consta­té que les pas­sa­gers se privent de ces pos­si­bi­li­tés, par peur de créer une gêne chez leur voisin.

Dans d’autres cas, il est démon­tré que les com­pa­gnies aériennes omettent de pré­ve­nir les patients sur les risques liés à une immo­bi­li­sa­tion pro­lon­gée. De même, elles manquent de sou­mettre diverses recom­man­da­tions per­met­tant de pré­ve­nir cette éventualité.

La déshydratation

Durant les vols, les patients souffrent fré­quem­ment de déshy­dra­ta­tion. Cela est favo­ri­sé par la cli­ma­ti­sa­tion qui aug­mente l’aptitude du sang à coa­gu­ler. En effet, l’épaisseur du sang aug­mente sous l’effet pro­lon­gé de la cli­ma­ti­sa­tion, ce qui consti­tue une condi­tion opti­male à la for­ma­tion des caillots sanguins.

La baisse de la pression atmosphérique

La faible pres­sion atmo­sphé­rique est favo­ri­sée par la prise d’altitude au cours du vol. L’augmentation d’altitude a comme consé­quence notable, une dimi­nu­tion de l’oxygène pré­sente dans le sang. Il en résulte une aug­men­ta­tion de l’aptitude du sang à coa­gu­ler, comme dans le cas de la déshydratation.

Quels sont les symptômes du syndrome de la classe économique ?

Les mani­fes­ta­tions cli­niques du syn­drome de la classe éco­no­mique peuvent appa­raitre lors du vol, si le patient avait déjà des pré­dis­po­si­tions congé­ni­tales ou acquises à une hyper­coa­gu­la­bi­li­té. Ain­si, on peut noter prin­ci­pa­le­ment des sen­sa­tions de pico­te­ments asso­ciées à un engour­dis­se­ment des pieds. Ces pre­miers signes peuvent éga­le­ment être asso­ciés à un gon­fle­ment des jambes, qui dès lors deviennent dou­lou­reuses et lourdes.

Dans les cas les plus graves, le caillot san­guin pré­sent dans les veines peut se dépla­cer vers les artères pul­mo­naires pour pro­vo­quer une embo­lie pul­mo­naire. Dans ce cas de figure, on note un essouf­fle­ment sou­dain chez le patient, une tachy­car­die ain­si que des dou­leurs tho­ra­ciques. Si l’embolie pul­mo­naire était déjà pré­sente chez le patient avant le vol, les condi­tions de voyage pour­raient consti­tuer des fac­teurs de com­pli­ca­tions sus­cep­tibles d’occasionner son décès.

Par ailleurs, il est rare que les symp­tômes d’une throm­bose vei­neuse fraiche se mani­festent durant le vol, chez des patient qui n’avaient ni anté­cé­dents ni fac­teurs de risques. Chez ces der­niers, les symp­tômes appa­raissent des heures, des jours voire des semaines après le voyage. Il faut tout de même indi­quer qu’une consul­ta­tion doit être entre­prise dès la mani­fes­ta­tion des pre­miers signes. En cas de sur­ve­nue d’un acci­dent throm­boem­bo­lique durant un vol, le patient doit être pris en charge de toute urgence, avec notam­ment l’administration des anticoagulants.

Syndrome de la classe économique : quelles sont les personnes à risque ?

La pré­va­lence du syn­drome de la classe éco­no­mique est plu­tôt faible au sein de la popu­la­tion géné­rale. Les sta­tis­tiques indiquent que c’est seule­ment 1% des voya­geurs sains (sans anté­cé­dents throm­boem­bo­liques et sans fac­teurs de risque), qui sont sus­cep­tibles d’être tou­chés par le phé­no­mène. A l’opposé, la pré­va­lence est située entre 3 et 5% chez les per­sonnes ayant des fac­teurs de risques. Ces sta­tis­tiques indiquent que le syn­drome de la classe éco­no­mique touche beau­coup plus les per­sonnes déjà vul­né­rables.

En pre­mier lieu, les per­sonnes atteintes de throm­bo­phi­lie sont prin­ci­pa­le­ment à risque de déve­lop­per une throm­bose vei­neuse ou une embo­lie pul­mo­naire, à la suite d’un voyage long-cour­rier. La throm­bo­phi­lie défi­nit l’état d’une per­sonne pré­dis­po­sée à déve­lop­per une mala­die pro­vo­quée par la for­ma­tion d’un caillot san­guin. Cette pré­dis­po­si­tion peut être congé­ni­tale, c’est-à-dire que le patient atteint l’a héri­té de ses parents ; ou acquise lorsque la throm­bo­phi­lie est favo­ri­sée par une mala­die dont souffre déjà le patient.

En second lieu, les per­sonnes ayant des anté­cé­dents de patho­lo­gies vei­neuses (ex. : throm­bose et varices) sont éga­le­ment plus expo­sées au syn­drome. Cela est dû au fait que le risque de réci­dive est éle­vé en cas de patho­lo­gie throm­bo­tique. Il en est de même chez des per­sonnes souf­frant d’un can­cer ou celles en situa­tion postopératoire.

En der­nier lieu, les voya­geurs n’ayant pas un mode de vie sain, pré­sentent éga­le­ment un grand risque d’avoir le syn­drome de la classe éco­no­mique. Ain­si, les per­sonnes qui sont encore au fait avec le taba­gisme, l’alcoolisme ou encore celles en situa­tion d’obé­si­té, pour­raient plus faci­le­ment avoir une throm­bose pen­dant ou après un voyage long-courrier.

Comment prévenir le syndrome de la classe économique ?

Bien que les fac­teurs de risque et les condi­tions de voyage donnent l’impression que la throm­bose en avion est inévi­table, il est bien pos­sible de pré­ve­nir le mal. La stra­té­gie de pré­ven­tion s’étend sur deux axes. La pre­mière regroupe cer­taines habi­tudes à adop­ter au quo­ti­dien, en vue de pré­ve­nir toute sorte de mala­dies en géné­ral, et la for­ma­tion de caillots san­guins en par­ti­cu­lier. Le second axe est plus contex­tua­li­sé, et concerne direc­te­ment les conduites à tenir durant un long voyage pour évi­ter de déve­lop­per une thrombose.

Rela­ti­ve­ment au pre­mier axe, il est impor­tant d’avoir une acti­vi­té phy­sique régu­lière. Une tren­taine de minutes de marche au quo­ti­dien faci­lite la cir­cu­la­tion san­guine et réduit les risques de déve­lop­per des mala­dies car­dio­vas­cu­laires comme la throm­bose. Ensuite, l’adoption d’un mode de vie sain, qui implique une ali­men­ta­tion saine et l’abandon du taba­gisme ain­si que de l’alcoolisme, est éga­le­ment déter­mi­nante pour pré­ve­nir le syndrome.

Le second axe de pré­ven­tion quant à lui, est d’abord rela­tif à la pos­ture conve­nable à une bonne cir­cu­la­tion san­guine. La posi­tion assise est, la seule pos­sible au cours d’un vol. Il est tou­te­fois impor­tant d’éviter les chan­ge­ments de pos­ture qui pour­raient entra­ver la cir­cu­la­tion san­guine dans les membres infé­rieurs. Ain­si, le fait de croi­ser ses jambes ou de les sur­éle­ver consti­tue entre autres des habi­tudes à éviter.

Par la suite, il est éga­le­ment recom­man­dé aux pas­sa­gers de bou­ger assez durant le vol. Une sor­tie de siège chaque heure ou chaque deux heures, est notam­ment favo­rable au désen­gour­dis­se­ment des jambes. Les escales sont éga­le­ment des moments pro­pices à la marche pour sti­mu­ler la cir­cu­la­tion san­guine au niveau des membres infé­rieurs notamment.

Enfin, l’alimentation est aus­si un atout impor­tant dans la pré­ven­tion du syn­drome de la classe éco­no­mique. Il est notam­ment conseillé d’éviter les repas lourds, ain­si que le café et le thé, avant et pen­dant le voyage. Un repas léger et une hydra­ta­tion suf­fi­sante, sont de par­faits alliés contre la for­ma­tion de caillots sanguins.

Par ailleurs, le port de vête­ments ser­rés est décon­seillé pour les vols longs-cour­riers. Les patients ayant des pré­dis­po­si­tions par­ti­cu­lières à la for­ma­tion des throm­bus, doivent por­ter des bas de conten­tion. Cette pré­cau­tion favo­rise la flui­di­té de la cir­cu­la­tion sanguine.

 

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