HomeSantéÉpilepsie : conduite pratique d’un traitement antiépileptique

Épilepsie : conduite pratique d’un traitement antiépileptique

Publié le

spot_img

L’épilepsie est une mala­die chro­nique d’origine neu­ro­lo­gique. Les crises épi­lep­tiques consti­tuent sa mani­fes­ta­tion prin­ci­pale. Elles sont pro­vo­quées par des décharges élec­triques incon­trô­lées dans cer­taines par­ties du cer­veau. Aujourd’hui, de nom­breux médi­ca­ments et pro­cé­dés ont été mis en place, pour un trai­te­ment effi­cace de ces crises épi­lep­tiques. Com­ment peut-on défi­nir l’épilepsie et quels sont les dif­fé­rents types de crises ? Com­ment se déroule la conduite pra­tique d’un trai­te­ment antiépileptique ?

L’épilepsie : qu’est-ce que c’est ?

L’épilepsie affecte plus de 600 000 per­sonnes en France. Elle cor­res­pond à une affec­tion neu­ro­lo­gique chro­nique. Elle se mani­feste prin­ci­pa­le­ment par des crises épi­lep­tiques spon­ta­nées très impres­sion­nantes, qui pro­voquent chez les sujets des convul­sions et des moments d’absence. L’épilepsie a un carac­tère impré­vi­sible qui fait qu’elle peut repré­sen­ter un véri­table han­di­cap social et pro­fes­sion­nel, pour les per­sonnes qui en souffrent.

La sur­ve­nue des crises épi­lep­tiques s’explique par une décharge élec­trique anor­male au niveau des neu­rones. En effet, les neu­rones sont reliés entre eux et forment un réseau à tra­vers lequel ils com­mu­niquent par des signaux élec­triques. Lorsqu’une épi­lep­sie se met en place, l’équilibre du réseau est rom­pu. Au lieu de fonc­tion­ner en alter­nance, tous les neu­rones se mettent à fonc­tion­ner au même moment et créent une hyper­ac­ti­vi­té. Cela entraîne des décharges élec­triques simul­ta­nées qui conduisent à une panne géné­rale du cer­veau, pen­dant un temps rela­ti­ve­ment long. Il faut pré­ci­ser que dif­fé­rentes zones du cor­tex céré­bral peuvent être affec­tées par ces décharges élec­triques. C’est ce qui explique la diver­si­té des crises d’épilepsie. Ces der­nières existent sous deux prin­ci­pales formes.

La crise focale ou partielle

Dans ce type de crise d’épilepsie, c’est une zone loca­li­sée du cer­veau qui est tou­chée. Le sujet est alors affec­té par des troubles de la motri­ci­té, des troubles du com­por­te­ment, des gestes répé­ti­tifs invo­lon­taires et une sen­si­bi­li­té à des four­mille­ments. Les crises par­tielles peuvent aus­si se mani­fes­ter par des hal­lu­ci­na­tions audi­tives et des troubles du langage.

Géné­ra­le­ment, ce type de crise ne dure que quelques minutes. Les mani­fes­ta­tions peuvent être dif­fé­rentes selon la zone du cer­veau qui est tou­chée. Si par exemple, la décharge élec­trique s’est pro­duite dans la par­tie du cer­veau qui dirige la motri­ci­té de la main, les prin­ci­pales mani­fes­ta­tions de la crise épi­lep­tique seront liées à un rai­dis­se­ment ou à des secousses ryth­miques du pouce et des doigts.

La crise généralisée

Ici, ce sont plu­sieurs par­ties du cer­veau qui sont affec­tées en même temps, par la décharge élec­trique. Dans la plu­part des cas, les sujets perdent connais­sance et ont des absences de plu­sieurs minutes, avant que le cer­veau ne reprenne une acti­vi­té nor­male. Mais par­fois, les consé­quences de ce type de crise d’épilepsie peuvent être plus lourdes. Par­mi les mani­fes­ta­tions d’une crise géné­ra­li­sée d’épilepsie, on peut notam­ment citer :

  • Une chute ;
  • Une perte de motri­ci­té bila­té­rale sys­té­ma­tique ;
  • Une rai­deur des membres et des secousses ;
  • Une perte de connais­sance ;
  • Des troubles de la res­pi­ra­tion et du sys­tème urinaire.

Dans cette forme de crise, le sujet ne garde géné­ra­le­ment aucun sou­ve­nir des manifestations.

Les traitements antiépileptiques

La plu­part des trai­te­ments anti­épi­lep­tiques visent à évi­ter ou à limi­ter les crises épi­lep­tiques à l’origine de la dété­rio­ra­tion des fonc­tions céré­brales. Il existe ain­si de nom­breux trai­te­ments médi­ca­men­teux contre l’épilepsie. Le choix de l’un d’eux dépend du type d’épilepsie dont il est ques­tion et de l’état de san­té géné­ral du patient. Lorsque le trai­te­ment est bien sui­vi, le patient peut retrou­ver assez rapi­de­ment une vie normale.

Les traitements médicamenteux de l’épilepsie

Il existe de nom­breuses caté­go­ries de médi­ca­ments uti­li­sés pour trai­ter l’épilepsie. Cha­cune de ces caté­go­ries de médi­ca­ments pré­sente des avan­tages et des incon­vé­nients. Voyons ici les par­ti­cu­la­ri­tés de cha­cune d’entre elles.

Les antiépileptiques majeurs

Ce sont des médi­ca­ments géné­ra­le­ment effi­caces contre toute forme d’épilepsie. Par­mi ces der­niers, on peut évoquer :

  • Le phé­no­bar­bi­tal : effi­cace dans toutes les formes d’épilepsie, il ne per­met cepen­dant pas de trai­ter les cas d’absence typiques. Ce médi­ca­ment est beau­coup plus effi­cace lorsqu’il s’agit des crises géné­ra­li­sées d’épilepsie. Il a une demi-vie lente et une ciné­tique régu­lière, ce qui fait qu’on peut le pres­crire en mono­dose. Cepen­dant, le phé­no­bar­bi­tal met un cer­tain temps à agir et est assez lent à éli­mi­ner. Il peut éga­le­ment avoir des effets indé­si­rables sur les fonc­tions cognitives.
  • La phé­ny­toïne : le prin­ci­pal avan­tage de ce médi­ca­ment est son large spectre d’activités anti­épi­lep­tiques. La phé­ny­toïne est alors indi­quée aus­si bien pour les crises par­tielles que pour les crises géné­ra­li­sées. Elle est sou­vent admi­nis­trée par voie intra­vei­neuse et per­met de trai­ter les états convul­sifs. Comme effets néga­tifs, ce médi­ca­ment peut entraî­ner une hyper­tro­phie gin­gi­vale, un hir­su­tisme, ain­si que des effets néfastes à long terme sur les fonc­tions céré­brales.
  • La car­ba­ma­zé­pine : elle est sur­tout effi­cace contre les crises par­tielles d’épilepsie. De plus, elle a une très bonne tolé­rance sur le plan cog­ni­tif. Il en existe des formes à libé­ra­tion pro­lon­gée qui limitent le nombre de prises. La prise de la car­ba­ma­zé­pine entraîne tou­te­fois des sen­sa­tions de malaise, des dif­fi­cul­tés de concen­tra­tion ain­si que des érup­tions érythémateuses.

Comme autre anti­épi­lep­tique majeur, on peut aus­si évo­quer le val­proate qui est effi­cace contre tous les types de crises d’épilepsie. Il est par­ti­cu­liè­re­ment effi­cace contre les épi­lep­sies géné­ra­li­sées et idio­pa­thiques. Cepen­dant, le val­proate peut entraî­ner une prise de poids par effet oxy­gène ou encore des hépa­to­pa­thies graves.

Les antiépileptiques d’appoint

Les anti­épi­lep­tiques d’appoint sont sur­tout effi­caces lorsque les crises épi­lep­tiques se mani­festent par des absences typiques. Ils ne sont géné­ra­le­ment recom­man­dés que dans ces cas-là. Les plus fré­quem­ment uti­li­sés sont :

  • L’ethosuximide ;
  • La pri­mi­done : les effets de ce médi­ca­ment sont dif­fi­ciles à iden­ti­fier puisqu’il se trans­forme en phé­no­bar­bi­tal dans l’organisme ;
  • Le pro­ga­bide : il pos­sède un spectre d’activités anti­épi­lep­tiques assez large, mais son uti­li­sa­tion est limi­tée en rai­son de son hépatotoxicité ;
  • Les ben­zo­dia­zé­pines.

Il est impor­tant de pré­ci­ser que les anti­épi­lep­tiques d’appoint sont uti­li­sés dans le trai­te­ment immé­diat des crises épi­lep­tiques.

De nouveaux médicaments contre l’épilepsie

En plus de ceux cités pré­cé­dem­ment, de nou­veaux médi­ca­ments ont été déve­lop­pés pour le trai­te­ment des crises épi­lep­tiques. Il s’agit par exemple du viga­ba­trin, qui est uti­li­sé comme adju­vant dans les crises épi­lep­tiques par­tielles. Son effi­ca­ci­té est spec­ta­cu­laire. Lorsque les doses sont cor­rec­te­ment res­pec­tées, il n’y a pas d’effets secon­daires et les troubles du com­por­te­ment liés à la crise épi­lep­tique disparaissent.

Le déroulement d’un traitement antiépileptique

Le trai­te­ment d’une épi­lep­sie peut-être assez long. Il peut s’étendre sur quelques mois ou sur de nom­breuses années. Lorsque la pre­mière crise épi­lep­tique sur­vient, ce n’est géné­ra­le­ment pas un motif suf­fi­sant pour mettre en route un trai­te­ment. La rai­son étant qu’au moins 10 % des enfants et des ado­les­cents subissent ce genre de crises, qui sont pour la plu­part isolées.

La mise en route d’un trai­te­ment est indi­quée lorsque l’épilepsie est symp­to­ma­tique et que des fac­teurs de réci­dive sont déter­mi­nés. Il peut aus­si être néces­saire de mettre en route ce trai­te­ment lorsque la situa­tion sociale ou pro­fes­sion­nelle du sujet ne laisse envi­sa­ger aucune prise de risque.

Un trai­te­ment anti­épi­lep­tique com­mence géné­ra­le­ment par une mono­thé­ra­pie. C’est la car­ba­ma­zé­pine ou le val­proate qui est uti­li­sé en pre­mière inten­tion. Le choix du médi­ca­ment à uti­li­ser pour cette mono­thé­ra­pie doit se faire avec minu­tie pour ne pas pro­vo­quer des effets secon­daires chez le sujet.

Si, mal­gré la mono­thé­ra­pie, les crises épi­lep­tiques per­sistent, on met en place une poly­thé­ra­pie. Les dif­fé­rents médi­ca­ments à asso­cier ici dépendent du type de crise que déve­loppe le patient et des dif­fé­rentes pos­si­bi­li­tés d’interaction médi­ca­men­teuse. Lorsqu’il s’agit d’épilepsie par­tielle, on peut faire des asso­cia­tions entre le viga­ba­trin, la phé­ny­toïne et le val­proate. Pour les épi­lep­sies géné­ra­li­sées, l’ethosuximide peut être uti­li­sé en com­bi­nai­son avec la gaba­pen­tine et la lamo­tri­gine.

Il peut par­fois arri­ver que dans ces asso­cia­tions, un des médi­ca­ments soit beau­coup trop actif. Dans ce cas, il faut envi­sa­ger une sim­pli­fi­ca­tion du trai­te­ment ou le retour à une mono­thé­ra­pie basée sur le médi­ca­ment le plus effi­cace. Dans le cas où les crises épi­lep­tiques deviennent plus nom­breuses, il est fré­quent de recou­rir à des ben­zo­dia­zé­pines.

Une fois le trai­te­ment mis en route, il faut main­te­nant le sur­veiller. La sur­veillance peut être cli­nique, san­guine et bio­lo­gique. Il est impor­tant d’évaluer le nombre de crises après le trai­te­ment, ain­si que les effets indé­si­rables qu’il entraîne au niveau du patient. Quant au sui­vi san­guin, il est très utile pour une adap­ta­tion de la poso­lo­gie du traitement.

L’évolution du traitement antiépileptique

Cer­tains types d’épilepsie gué­rissent assez rapi­de­ment, quel que soit le trai­te­ment qui y est appor­té. Dans le même temps, il y en a de nom­breuses autres qui per­sistent mal­gré les dif­fé­rents trai­te­ments. Selon l’évolution de la mala­die et les résul­tats obte­nus par le trai­te­ment, on dis­tingue quelques types d’épilepsie.

Une de ses épi­lep­sies et l’épilepsie phar­ma­co­sen­sible. Envi­ron 50 % des patients en gué­rissent au bout des 10 ans qui suivent le début du trai­te­ment. Les crises s’atténuent pro­gres­si­ve­ment jusqu’à dis­pa­raître totalement.

On dis­tingue aus­si les épi­lep­sies phar­ma­codépen­dantes. Elles sont assez rares et sur­viennent dans des cir­cons­tances assez par­ti­cu­lières. Le trai­te­ment fait dis­pa­raître les crises, mais on remarque une réci­dive lorsque celui-ci est arrêté.

Un der­nier type d’épilepsie est celui phar­ma­co­ré­sis­tant. Même avec la mise en route du trai­te­ment, il est résis­tant et s’aggrave par­fois. Les rai­sons expli­quant cette résis­tance sont assez mal connues.

Un trai­te­ment anti­épi­lep­tique peut être arrê­té lorsque les crises et leurs mani­fes­ta­tions ont dis­pa­ru pen­dant deux à cinq années de suite. Tou­te­fois, l’arrêt ne doit pas se faire de manière brusque, mais progressive.

La meilleure alter­na­tive au trai­te­ment médi­ca­men­teux de l’épilepsie est un trai­te­ment chi­rur­gi­cal. Pour que ce der­nier soit effi­cace, il doit être envi­sa­gé le plus tôt pos­sible, sur­tout, pour les épi­lep­sies phar­ma­co­ré­sis­tantes. Le trai­te­ment chi­rur­gi­cal vise à sup­pri­mer les lésions céré­brales à l’origine du déclen­che­ment des crises épi­lep­tiques. Un bilan appro­fon­di doit être réa­li­sé en amont pour étu­dier la fai­sa­bi­li­té d’une telle inter­ven­tion.

Derniers articles

Combien coûte vraiment un appareil auditif ?

Les problèmes de perte ou de réduction des capacités auditives constituent une cause fréquente...

Perte de cheveux : et si vous envisagiez la greffe ?

La greffe de cheveux est une technique chirurgicale qui a connu un énorme gain...

Comment se sevrer du tabac grâce à la cigarette électronique ?

Le nombre de fumeurs ne cesse de grimper. Pourtant, de nombreuses études continuent d’attester...

Utilisation des morphiniques d’action rapide

Les morphiniques d’action rapide sont des médicaments utilisés pour un soulagement efficace de la...

Pour aller plus loin

Combien coûte vraiment un appareil auditif ?

Les problèmes de perte ou de réduction des capacités auditives constituent une cause fréquente...

Perte de cheveux : et si vous envisagiez la greffe ?

La greffe de cheveux est une technique chirurgicale qui a connu un énorme gain...

Comment se sevrer du tabac grâce à la cigarette électronique ?

Le nombre de fumeurs ne cesse de grimper. Pourtant, de nombreuses études continuent d’attester...