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Traitement médical de la maladie de Crohn

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Pre­mière cause de mala­die inflam­ma­toire chro­nique intes­ti­nale devant la rec­to­co­lique hémor­ra­gique, la mala­die de Crohn est une affec­tion du sys­tème diges­tif. Elle peut sur­ve­nir à tout âge, mais touche pré­fé­ren­tiel­le­ment les sujets jeunes. Il s’agit d’une patho­lo­gie qui pro­gresse par pous­sées et dont les causes res­tent en par­tie mys­té­rieuses. Lorsqu’un indi­vi­du est atteint de cette mala­die, il pré­sente des symp­tômes diges­tifs, mais aus­si une varié­té de symp­tômes. Cepen­dant, cette mala­die peut être à l’origine d’importantes réper­cus­sions, les­quelles sont limi­tables, garan­tis­sant de ce fait une meilleure qua­li­té de vie aux patients. Pour ce faire, ceux-ci doivent béné­fi­cier d’un trai­te­ment médi­cal adap­té. Qu’appelle-t-on mala­die de Crohn ? Quelles sont les causes de cette mala­die inflam­ma­toire chro­nique de l’intestin et com­ment peut-on limi­ter ses complications ?

Définition de la maladie de Crohn

On peut défi­nir la mala­die de Crohn comme étant une inflam­ma­tion chro­nique du sys­tème diges­tif, plus pré­ci­sé­ment une inflam­ma­tion de la paroi du tube diges­tif. En d’autres termes, il s’agit d’une affec­tion qui s’attaque en grande par­tie au sys­tème diges­tif. En effet, toutes les par­ties du tube diges­tif repré­sentent des poten­tielles cibles de cette mala­die. Néan­moins, dans la majo­ri­té des cas, la par­tie ter­mi­nale de l’intestin grêle (l’iléon), l’anus et le gros intes­tin repré­sentent les prin­ci­pales zones inflam­ma­toires. L’inflammation affecte divers seg­ments du tube diges­tif.

La mala­die de Crohn touche res­pec­ti­ve­ment les indi­vi­dus ayant entre 20 et 30 ans, les ado­les­cents et les enfants. Tou­te­fois, on peut éga­le­ment la retrou­ver chez les per­sonnes âgées, mais rare­ment. La mala­die de Crohn se carac­té­rise par une évo­lu­tion par pous­sées suc­ces­sives. Celles-ci sont inter­ca­lées par des périodes de rémis­sions dont les durées sont variables. Moins de 40 % des per­sonnes atteintes de cette mala­die inflam­ma­toire chro­nique de l’intestin déve­loppent une pous­sée unique. Chez la majo­ri­té des patients, la mala­die s’aggrave au fil des pous­sées et évo­lue pro­gres­si­ve­ment vers des complications.

Prévalence de la maladie de Crohn

Les recherches effec­tuées par cer­tains scien­ti­fiques ont per­mis de déter­mi­ner les zones du monde où le taux de pré­va­lence de la mala­die de Crohn est éle­vé : il s’agit des États-Unis et de cer­tains pays de l’Europe du Nord-Ouest.

En France, la mala­die de Crohn affecte approxi­ma­ti­ve­ment 4 à 5 indi­vi­dus sur 100 000 habi­tants, par an. À nos jours, le nombre d’individus atteints dans ce pays de l’Europe est esti­mé à 150 000. Sur cet effec­tif, près de 9 % d’enfants sont concernés.

Au Cana­da, 50 indi­vi­dus sur 100 000 habi­tants pré­sentent chaque année la mala­die de Crohn. Dans cer­taines pro­vinces du Cana­da, notam­ment en Nou­velle-Écosse, on enre­gistre par an 300 cas de mala­die de Crohn sur un effec­tif de 100 000 habitants.

Dans cer­tains pays asia­tiques comme la Corée du Sud et le Japon, 25 indi­vi­dus sur 100 000 sont concer­nés par cette mala­die inflam­ma­toire chro­nique de l’intestin, chaque année.

Causes de la maladie de Crohn

Jusqu’à nos jours, les causes à l’origine de cette mala­die inflam­ma­toire chro­nique de l’intestin res­tent mal­heu­reu­se­ment incon­nues. Tou­te­fois, il existe plu­sieurs fac­teurs pou­vant favo­ri­ser sa sur­ve­nue. On distingue :

  • Les fac­teurs environnementaux ;
  • Les fac­teurs génétiques ;
  • Le taba­gisme ;
  • Les fac­teurs immunologiques.

Fumer du tabac (taba­gisme) a un effet néfaste sur la mala­die de Crohn. En effet, il par­ti­cipe à la fré­quence des pous­sées et par consé­quent à la dété­rio­ra­tion pro­gres­sive de l’état de san­té du patient. Tou­te­fois, il n’existe pas assez de preuves irré­fu­tables, qui attestent que le taba­gisme serait à l’origine de l’apparition de la mala­die de Crohn.

Par­lant des fac­teurs géné­tiques, les indi­vi­dus ayant des gènes NOD2/CARD15 sont géné­ti­que­ment pré­dis­po­sés à la mala­die de Crohn. Ce gène se retrouve chez la plu­part des patients atteints de la mala­die. Il est donc asso­cié à cette der­nière. En dehors du gène NOD2/CARD15, d’autres gènes peuvent pré­dis­po­ser au déve­lop­pe­ment de la mala­die de Crohn. 

En ce qui concerne les fac­teurs envi­ron­ne­men­taux déclen­cheurs de la mala­die, on peut énu­mé­rer les infec­tions fon­giques et bac­té­riennes, l’hygiène exces­sive et la consom­ma­tion en excès des ali­ments riches en sucres raf­fi­nés. Ces fac­teurs seraient res­pon­sables du dérè­gle­ment de la flore intes­ti­nale, entraî­nant la mala­die de Crohn.

Enfin, les fac­teurs immu­no­lo­giques dési­gnent une réac­tion immu­ni­taire anor­male qui serait le résul­tat d’un dérè­gle­ment de la flore intestinale.

Par ailleurs, il fau­drait noti­fier que tous ces fac­teurs ne repré­sentent que des hypo­thèses, qui ne sont pas encore validées.

Symptômes de la maladie de Crohn

Habi­tuel­le­ment, cette mala­die inflam­ma­toire chro­nique de l’intestin est à l’origine de symp­tômes per­sis­tants, qui finissent iné­luc­ta­ble­ment par atti­rer l’attention. On retrouve chez les patients, diverses caté­go­ries de symp­tômes à savoir : les symp­tômes géné­raux, les symp­tômes essen­tiel­le­ment diges­tifs et les symp­tômes extradigestifs.

Les symp­tômes géné­raux regroupent la fatigue, l’altération de l’état de san­té géné­ral, la cas­sure des courbes du poids et de la taille (uni­que­ment chez l’enfant) puis la fièvre.

Les symp­tômes diges­tifs se mani­fes­tant sont la diar­rhée, les dou­leurs anales avec tumé­fac­tion du péri­née ou sai­gne­ments lors des selles, les maux de ventre, de fausses envies de défé­quer ou encore un écou­le­ment péri­néal.

Les symp­tômes extra­di­ges­tifs alertent plus rare­ment le patient et son entou­rage. Les signes que l’on retrouve sont entre autres les dou­leurs au niveau des yeux, une spon­dy­lar­thrite anky­lo­sante, des aphtes buc­caux, des rhu­ma­tismes arti­cu­laires péri­phé­riques, une vision trouble, des rhu­ma­tismes axiaux de type sacro-illite, une pho­to­pho­bie, des uvéites et des lar­moie­ments.

Sou­vent, la mala­die se découvre for­tui­te­ment suite à une com­pli­ca­tion diges­tive aigüe pou­vant se mani­fes­ter pré­co­ce­ment ou des années après. En effet, il peut s’agir :

  • D’une occlu­sion intes­ti­nale ;
  • D’une appen­di­cite (chez l’enfant) ;
  • D’une fis­tule interne ;
  • D’une per­fo­ra­tion intes­ti­nale.

En pré­sence de ces symp­tômes, il serait judi­cieux de se rendre à l’hôpital afin de se faire consul­ter. Ain­si, un diag­nos­tic sera posé pour déter­mi­ner la mala­die en cause et son origine.

Diagnostic de la maladie de Crohn

Le plus sou­vent, il est posé lors d’une pous­sée. Ini­tia­le­ment, un entre­tien cli­nique est effec­tué pour recueillir les symp­tômes que pré­sente le patient. À l’instar de ce bilan ini­tial, le méde­cin devra effec­tuer des exa­mens san­guins afin d’analyser l’impact de la mala­die sur les reins, l’équilibre nutri­tion­nel et le foie.

Cepen­dant, ce sont des biop­sies du gros intes­tin, de l’iléon et des visua­li­sa­tions endo­sco­piques qui per­mettent en prin­cipe de déter­mi­ner le diagnostic.

Pour mettre en évi­dence toutes les lésions, le méde­cin uti­lise diverses tech­niques d’imagerie du tube diges­tif. On peut don­ner l’exemple de :

  • La colo­sco­pie ;
  • L’entérocapsule ;
  • L’entéro-IRM et l’entéroscanner.

Le méde­cin réa­lise la colo­sco­pie seule­ment en cas de diar­rhée chro­nique. Elle per­met un exa­men com­plet du gros intes­tin, de l’iléon et faci­lite la réa­li­sa­tion des biop­sies. Une sur­veillance colo­sco­pique régu­lière est mise en place lorsque le patient pré­sente une atteinte colique.

L’entéro-IRM et l’entéroscanner per­mettent une explo­ra­tion de l’intestin grêle. De nos jours, plu­sieurs méde­cins optent pour l’entéro-IRM. Plu­sieurs rai­sons expliquent ce choix. En effet, c’est une tech­nique très per­for­mante dans l’élaboration du diag­nos­tic de la mala­die de Crohn et dans l’établissement du bilan des com­pli­ca­tions de la mala­die. De plus, elle ne pré­sente pas d’irradiation.

L’entérocapsule est, le plus sou­vent, réa­li­sée en der­nière option, lorsque la colo­sco­pie et l’entéro-IRM n’ont révé­lé aucune lésion.

L’établissement du diag­nos­tic et la prise en charge de la mala­die doivent être réa­li­sés par une équipe plu­ri­dis­ci­pli­naire. Ain­si, dif­fé­rents spé­cia­listes (radio­logue, chi­rur­gien, gas­tro-enté­ro­logue, pédiatre, oph­tal­mo­logue ou rhu­ma­to­logue) pour­ront inter­ve­nir en fonc­tion des symp­tômes pré­sen­tés par le patient.

Évolution de la maladie de Crohn

Lorsque la mala­die de Crohn est bien trai­tée, le patient peut mener une vie qua­si nor­male. Néan­moins, au fil du temps, cer­tains pro­blèmes de san­té peuvent sur­ve­nir. En d’autres termes, cer­taines com­pli­ca­tions peuvent inter­ve­nir. Celles-ci peuvent être diges­tives (sté­nose intes­ti­nale, ané­mie, fis­tules, dénu­tri­tion ou encore fis­sures anales) ou extra­di­ges­tives (throm­bose, pyo­der­mite, troubles du som­meil et de la pen­sée, dépres­sion ou poly­ar­thrite rhumatoïde).

Plus rare­ment, on peut obser­ver une appen­di­cite aigüe, une occlu­sion intes­ti­nale, des hémor­ra­gies diges­tives, un can­cer colo­rec­tal.

À l’instar des com­pli­ca­tions diges­tives et extra­di­ges­tives, la mala­die de Crohn peut avoir des réper­cus­sions psy­cho­lo­giques et pro­fes­sion­nelles chez cer­tains patients.

Chez les plus jeunes, on note des dif­fi­cul­tés sco­laires ou encore des troubles de la croissance.

Traitement de la maladie de Crohn

Mal­heu­reu­se­ment, gué­rir de la mala­die de Crohn est sur­tout rare, autre­ment dit impos­sible. Néan­moins, grâce à une prise en charge plu­ri­dis­ci­pli­naire (regrou­pant plu­sieurs dif­fé­rents spé­cia­listes de la san­té), le patient pour­ra mener une vie nor­male. Celle-ci permet :

  • Une réduc­tion des symptômes ;
  • Un ralen­tis­se­ment des fré­quences de pous­sées ;
  • Une pré­ven­tion du risque de rechute ;
  • Une amé­lio­ra­tion de la qua­li­té de vie du patient.

Pour y par­ve­nir, l’équipe médi­cale devra mettre en place des mesures chi­rur­gi­cales et médi­ca­men­teuses. On peut éga­le­ment uti­li­ser des mesures diététiques.

Traitement médicamenteux

Lorsque le trai­te­ment médi­ca­men­teux est régu­liè­re­ment sui­vi, le recours à la chi­rur­gie n’est plus néces­saire, puis il per­met une amé­lio­ra­tion consi­dé­rable de la qua­li­té de vie des patients. À cet effet, dif­fé­rents médi­ca­ments peuvent être pres­crits au patient. On peut citer :

  • Le budé­so­nide ;
  • Le fer ;
  • Le cipro­floxa­cine et le métro­ni­da­zole (classe des antibiotiques) ;
  • Le pred­ni­sone et le pred­ni­so­lone (classe des cor­ti­coïdes systémiques) ;
  • L’adalimumab et l’infliximab (classe des bio­thé­ra­pies anti-TNF alpha) ;
  • La mésa­la­zine et les 5‑aminosalicylés (classe des anti-inflammatoires).

En outre, on peut ajou­ter les immu­no­dé­pres­seurs comme l’azathioprine. Face à des formes graves de la mala­die, les méde­cins ins­taurent d’emblée un trai­te­ment pré­coce com­bi­nant des immu­no­dé­pres­seurs et des anti-TNF. L’objectif est de limi­ter les com­pli­ca­tions et aus­si d’échapper au recours à la chi­rur­gie. Lorsqu’un tel trai­te­ment est mis en place, les patients doivent être constam­ment surveillés.

L’intervention chirurgicale

L’intervention chi­rur­gi­cale est envi­sa­geable en cas d’échec des autres formes de trai­te­ment. La réa­li­sa­tion de la chi­rur­gie ne garan­tit pas la dis­pa­ri­tion de la mala­die. Néan­moins, elle peut sou­la­ger les symp­tômes de la mala­die. L’intervention chi­rur­gi­cale consiste prin­ci­pa­le­ment à reti­rer les zones de l’intestin où sont pré­sentes les lésions. Le retrait des zones lésées est accom­pa­gné d’une ouver­ture tem­po­raire de l’abdomen. Cela faci­li­te­ra la cica­tri­sa­tion des zones opé­rées. Les com­pli­ca­tions de la mala­die de Crohn doivent for­cé­ment faire l’objet d’une inter­ven­tion chirurgicale.

Par ailleurs, il faut gar­der en tête qu’un risque de réci­dive de la mala­die est tou­jours présent.

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