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Asthme : le débat entre corticophobes et corticophiles

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Le trai­te­ment défi­ni­tif de l’asthme est à ce jour impos­sible. Il existe tou­te­fois dif­fé­rents médi­ca­ments qui per­mettent de contrô­ler cette mala­die en espa­çant les crises. Les cor­ti­coïdes consti­tuent la base de ces trai­te­ments, mais ils sont décriés par les cor­ti­co­phobes pen­dant que les cor­ti­co­philes les adoptent. Pour­quoi l’usage de médi­ca­ments à base de cor­ti­coïdes contre l’asthme est un sujet à débat ?

Asthme : Définition

L’asthme est un trouble inflam­ma­toire chro­nique des bronches. Cette mala­die nait de la fusion entre la pré­dis­po­si­tion géné­tique à l’allergie et les fac­teurs favo­rables pro­ve­nant de l’environnement (pol­len, squames, poils d’animaux, aca­riens, moi­sis­sures ou blattes). Les causes géné­tiques sont iden­ti­fiées dans de nom­breux cas, mais elles ne sont pas systématiques.

L’asthme n’est pas for­cé­ment trans­mis par les parents à leurs enfants. Chez les asth­ma­tiques, les bronches sont constam­ment enflam­mées et très sen­sibles. Dif­fé­rents fac­teurs créent auto­ma­ti­que­ment des réac­tions aller­giques. On peut citer entre autres :

  • le froid,
  • l’air sec,
  • l’effort phy­sique,
  • la fumée du tabac,
  • l’air pol­lué,
  • les aller­gènes,
  • cer­tains médi­ca­ments anti-inflammatoires.

L’asthme touche aus­si les adultes, mais le taux de pré­va­lence est plus éle­vé chez les enfants. En France, elle est l’une des mala­dies chro­niques les plus fré­quentes avec 4 mil­lions de patients asth­ma­tiques. Entre 6 à 9 % d’enfants sont tou­chés contre 15 % chez les ado­les­cents (13–14 ans). La mala­die n’est diag­nos­ti­quée que chez 5 % des adultes fran­çais. Mon­dia­le­ment, le nombre d’asthmatiques est esti­mé à 5 % de la popu­la­tion chez les enfants et de 10 % chez les adultes.

Asthme : Manifestations de la maladie

L’asthme se mani­feste géné­ra­le­ment par des crises d’essoufflement épi­so­diques cau­sées par les fac­teurs déclen­cheurs. Entre ces crises la vie des patients est sou­vent nor­male, mais la gêne res­pi­ra­toire peut être per­ma­nente dans cer­tains cas. La mala­die se carac­té­rise par une toux ou une res­pi­ra­tion sif­flante.

Le patient peut res­sen­tir des dif­fi­cul­tés à res­pi­rer pro­fon­dé­ment et éprou­ver des sen­sa­tions d’oppression au niveau de la poi­trine. En cas de crise sévère, cer­tains asth­ma­tiques ont des pro­blèmes de locu­tion et sont sujets à des malaises. La fré­quence des crises d’asthme et leur inten­si­té dépendent de l’individu et de son environnement.

Asthme : Les complications

L’asthme aigu est l’une des com­pli­ca­tions les plus graves de la mala­die. Elle se mani­feste par une très grande dif­fi­cul­té à res­pi­rer, une perte de la connais­sance, des dif­fi­cul­tés à mar­cher ou à par­ler en plus des ongles et lèvres qui deviennent bleus.

Cette forme d’asthme sévère est la prin­ci­pale cause de décès liés à cette mala­die. Il est conseillé de com­po­ser un numé­ro d’urgence si ces symp­tômes se mani­festent. Le patient a besoin dans cer­tains cas d’une ven­ti­la­tion assis­tée ou d’une intu­ba­tion. Les infec­tions res­pi­ra­toires, les conden­sa­tions pul­mo­naires et les pneu­mo­tho­rax sont éga­le­ment des com­pli­ca­tions pos­sibles de l’asthme.

Des effets soma­tiques peuvent éga­le­ment sur­ve­nir à long terme chez les patients. Il s’agit de défor­ma­tions au niveau de la mor­pho­lo­gie tho­ra­cique. La pro­tru­sion du ster­num, la cyphose dor­sale et la dis­ten­sion glo­bale du tho­rax peuvent être cau­sées par les dif­fi­cul­tés respiratoires.

Cer­tains enfants asth­ma­tiques ont des pro­blèmes de crois­sance dif­fé­rée et ren­contrent des dif­fi­cul­tés à s’intégrer socia­le­ment. Cette mala­die peut créer des pro­blèmes psy­chiques comme l’anxiété et le stress chez les patients. Si les crises s’avéraient plus fré­quentes, l’asthme peut éga­le­ment bou­le­ver­ser la vie pro­fes­sion­nelle de la per­sonne atteinte.

Asthme : Le traitement par corticoïdes

Asthme

Les cor­ti­coïdes sont sou­vent pres­crits dans le cadre d’un trai­te­ment de fond de l’asthme. Ces molé­cules sont répu­tées effi­caces et per­mettent de trai­ter la mala­die sur le long terme. Les cor­ti­coïdes agissent comme des anti-inflam­ma­toires qui tapissent les parois des bronches.

Elles per­mettent de limi­ter le nombre de crises et de les pré­ve­nir. Mais le débat a tou­jours été vif autour de ce trai­te­ment. Il y a d’un côté les cor­ti­co­phobes qui s’inscrivent en contre et les cor­ti­co­philes qui ne trouvent aucun incon­vé­nient quant à son utilisation.

Corticoïdes : Définition

Les cor­ti­coïdes sont des hor­mones sécré­tées natu­rel­le­ment à base de cho­les­té­rol au niveau de la zone cor­ti­cale des glandes sur­ré­nales. Leur pro­prié­té anti-inflam­ma­toire a moti­vé les cher­cheurs à l’isoler en tant que molé­cule. Sous leur forme syn­thé­ti­sée, les cor­ti­coïdes sont plus puis­sants que les hor­mones natu­relles et jouent des rôles pré­cis. Ils sont conte­nus dans divers médi­ca­ments et sont uti­li­sés dans le trai­te­ment d’une mul­ti­tude de patho­lo­gies, dont l’asthme.

Les cor­ti­coïdes sont admi­nis­trés à faible dose conti­nuel­le­ment sur les asth­ma­tiques. Ils peuvent être asso­ciés à d’autres médi­ca­ments comme les bronchodilatateurs.

Corticoïdes : Méthodes d’administration

Les médi­ca­ments conte­nant les cor­ti­coïdes sont dis­po­nibles sous diverses formes. On retrouve les com­pri­més, les injec­tables, les infil­tra­tions arti­cu­laires, les crèmes, les col­lyres et les pom­mades ou les aéro­sols. Cette der­nière forme est la plus uti­li­sée dans le trai­te­ment de l’asthme. Pour une admi­nis­tra­tion par voie inha­lée, les patients font usage d’un aéro­sol-doseur ou d’un inha­la­teur de poudre pour appli­quer les cor­ti­coïdes direc­te­ment sur les bronches. Ils limitent leur inflam­ma­tion et leur sen­si­bi­li­té aux aller­gènes tout en libé­rant la voie pour le pas­sage de l’air. Les pro­fes­sion­nels sont una­nimes sur l’efficacité des cor­ti­coïdes par voie inha­lée à condi­tion qu’ils soient pris tous les jours (matin, midi et soir).

L’administration des cor­ti­coïdes se fait éga­le­ment par voie injec­table en situa­tion de crise. En cas d’asthme sévère ou de trouble ven­ti­la­toire aigu, cette méthode est employée avec l’accord du patient. Les cor­ti­coïdes sont aus­si uti­li­sables par voie orale. Ils sont dis­po­nibles en com­pri­més pour les asth­ma­tiques qui ne doivent en prendre que sous la sur­veillance d’un méde­cin et en cure courte. La voie orale peut être utile pour la sta­bi­li­sa­tion de cer­tains patients ayant déjà la dose minimale.

Asthme : Les corticophobes

Les cor­ti­co­phobes sont les patients ayant une pho­bie des cor­ti­coïdes. Ils éprouvent une peur rela­tive des effets secon­daires que peuvent avoir ces molé­cules. Le terme pho­bie est sou­vent jugé extrême pour qua­li­fier cette méfiance qui est grande sur­tout chez les parents des enfants asth­ma­tiques. La peur des cor­ti­co­phobes est basée sur les idées arrê­tées qui gra­vitent autour de la molé­cule. Ces patients font le choix de mener une vie d’invalide à côté des cor­ti­co­philes qui sont stables. Les pro­fes­sion­nels font des études régu­lières et des sen­si­bi­li­sa­tions pour atti­rer l’attention des parents.

Asthme : Les arguments des corticophobes

Les cor­ti­co­phobes jus­ti­fient leur choix en met­tant en avant les effets secon­daires des cor­ti­coïdes. Mais ces effets indé­si­rables n’apparaissent que dans cer­tains cas. Lorsque l’administration est faite par voie orale, les effets secon­daires sont essen­tiel­le­ment topiques. Les cor­ti­coïdes peuvent cau­ser la mycose buc­cale, la glos­site ou rendre la voix du patient rauque. Les effets secon­daires de la voie orale sont minimes, car l’administration se fait par doses modé­rées.

Les consé­quences de l’utilisation des cor­ti­coïdes ne sont graves que lorsque l’administration est faite par voie orale ou injec­table de façon non contrô­lée. Ces deux méthodes d’administration sont pres­crites dans le cadre de cures courtes et sous une sur­veillance rap­pro­chée. Le res­pect des indi­ca­tions des pro­fes­sion­nels épargne le patient des effets secon­daires. La prise au long cours des com­pri­més et des injec­tables peut cau­ser entre autres :

  • l’hypertension arté­rielle,
  • une prise de poids plus remar­quée au niveau du visage,
  • une réci­dive des infections,
  • l’amyotrophie mus­cu­laire,
  • l’ostéoporose ou la fra­gi­li­sa­tion des os,
  • le dia­bète,
  • une agres­si­vi­té sur l’estomac,
  • la fra­gi­li­sa­tion du sys­tème immunitaire,
  • l’amincissement de la peau.

En plus de troubles méta­bo­liques sur la crois­sance de l’enfant, l’excès des cor­ti­coïdes peut éga­le­ment cau­ser une dépen­dance.

Asthme : Éviter les effets secondaires topiques des corticoïdes

Il existe quelques astuces qui per­mettent d’éviter les effets secon­daires topiques cau­sés par l’administration des cor­ti­coïdes par voie inha­lée. Pour pré­ve­nir les effets locaux, le rin­çage de la bouche est sou­vent pré­co­ni­sé immé­dia­te­ment après l’inhalation. Mais une uti­li­sa­tion variée des méthodes d’inhalation peut éga­le­ment aider à évi­ter ces effets. L’emploi d’une chambre d’inhalation au lieu d’un simple aéro­sol-doseur peut rendre les effets locaux moindres. Cette méthode est moins pra­tique que les dis­po­si­tifs basés sur la res­pi­ra­tion, mais elle assure un meilleur dépôt des cor­ti­coïdes dans les voies res­pi­ra­toires inférieures.

Asthme : Les limites de la corticophilie

Les cor­ti­co­philes sont les groupes de per­sonnes qui sou­tiennent l’utilisation des cor­ti­coïdes ou en font usage régu­liè­re­ment. La voie inha­lée reste la meilleure méthode dans le trai­te­ment de fond de l’asthme. Son effi­ca­ci­té est prou­vée et les effets secon­daires sont minimes ou presque inexis­tants dans cer­tains cas. Mais l’utilisation des cor­ti­coïdes par voie injec­table ou orale mérite un enca­dre­ment ferme. Les com­pri­més ou les injec­tions doivent être pres­crits par un pro­fes­sion­nel qui super­vi­se­ra l’administration sur une courte durée. Si ces dis­po­si­tions sont res­pec­tées, la cor­ti­co­phi­lie n’aura pas d’effets néfastes sur la san­té du patient.

Traitement de l’asthme : Alternatives aux corticoïdes

Les cor­ti­coïdes font par­tie des trai­te­ments de base de l’asthme, mais des médi­ca­ments alter­na­tifs peuvent être uti­li­sés. Outre les cor­ti­coïdes, les anti­leu­co­triènes (mon­te­lu­kast) réduisent éga­le­ment l’inflammation des bronches. Les bron­cho­di­la­ta­teurs peuvent être éga­le­ment uti­li­sés dans le trai­te­ment de fond de l’asthme. Ils sont sou­vent asso­ciés aux cor­ti­coïdes par voie inha­lée et agissent sur le long terme. Il s’agit de bêtas­ti­mu­lants comme le for­mo­té­rol et sal­mé­té­rol qui dilatent conti­nuel­le­ment les bronches. Les médi­ca­ments comme Vilan­te­rol et Flu­ti­ca­sone asso­cient les deux types molé­cules direc­te­ment à la base. Au rang des bron­cho­di­la­ta­teurs à inha­ler, il existe éga­le­ment les anti­cho­li­ner­giques à longue durée d’action comme le tio­tro­pium qui est pres­crit lorsque le contrôle de l’asthme est dif­fi­cile. La théo­phyl­line est une autre forme de bron­cho­di­la­ta­teur dis­po­nible sous forme de comprimés.

En cas d’asthme aller­gique, la méthode de la désen­si­bi­li­sa­tion aux aller­gènes peut être uti­li­sée. Elle consiste à habi­tuer les bronches aux sub­stances aller­gènes pou­vant déclen­cher les crises. C’est un trai­te­ment de fond qui peut s’étendre sur 3 ans. Si l’asthme aller­gique est non contrô­lé ou sévère, des pres­crip­tions d’omalizumab (par injec­tion sous-cuta­née), de ben­ra­li­zu­mab, de mépo­li­zu­mab ou de resli­zu­mab peuvent être néces­saires. Tous ces trai­te­ments doivent être uti­li­sés sur avis médical.

Asthme : Le cas des crises

La crise d’asthme sur­vient lorsque les symp­tômes de la mala­die connaissent une aggra­va­tion subite. Les bronches des asth­ma­tiques étant constam­ment enflam­mées, elles se contractent en réac­tion à un fac­teur déclen­cheur. Il peut s’agir d’air pol­lué ou sec, d’allergènes, de la fumée, du froid, du stress, de l’anxiété ou d’un virus res­pi­ra­toire. La contrac­tion des bronches empêche le pas­sage de l’air et pro­voque diverses réac­tions chez le patient. Les crises peuvent être cal­mées par des médi­ca­ments pré­cis, mais elles sont poten­tiel­le­ment dan­ge­reuses pour les per­sonnes à risque.

Asthme : Les manifestations d’une crise

Les symp­tômes qui indiquent une crise d’asthme sont carac­té­ris­tiques. Ces dif­fé­rents signes sont sou­vent obser­vés chez les patients :

  • toux sèche,
  • éter­nue­ments,
  • dif­fi­cul­tés à respirer,
  • nez qui coule,
  • irri­ta­tions au niveau de la gorge ou des yeux,
  • res­pi­ra­tion sif­flante bien audible,
  • essouf­fle­ment inhabituel,
  • rejet de mucus via des crachats.

Des mani­fes­ta­tions plus sévères allant jusqu’aux troubles de conscience sur­viennent chez les per­sonnes atteintes d’asthme aigu.

Asthme : Traitement des crises

Le trai­te­ment des crises d’asthme dif­fère des trai­te­ments de fond qui agissent sur les causes. Dans l’immédiat, cer­taines pré­cau­tions sont à prendre pour cal­mer la crise. Les bron­cho­di­la­ta­teurs à action rapide sont les pre­miers médi­ca­ments à uti­li­ser par voie inha­lée. Ils servent à relâ­cher les muscles des bronches pour une meilleure cir­cu­la­tion de l’air. Les bron­cho­di­la­ta­teurs sou­lagent géné­ra­le­ment la crise en quelques minutes. Si les mesures immé­diates peinent à sta­bi­li­ser le patient mal­gré une prise répé­tée de bron­cho­di­la­ta­teurs, on parle d’exacerbation. Dans ce cas, une consul­ta­tion rapide sera nécessaire.

Si le patient pré­sente des signes d’une crise d’asthme aigüe, un recours aux numé­ros d’urgence est recom­man­dé. L’utilisation des bron­cho­di­la­ta­teurs à action rapide par nébu­li­sa­tion est pos­sible dans les ser­vices spé­cia­li­sés pour accen­tuer les effets de la molé­cule prise par voie inha­lée. Les méde­cins peuvent pres­crire sur une courte durée des cor­ti­coïdes en com­pri­més ou injec­tables pour contrô­ler les effets d’après crise en cas d’asthme aigu.

Crises d’asthme : Prévention

La méthode de pré­ven­tion la plus effi­cace des crises d’asthme est d’opter pour un trai­te­ment de fond. Ces cures de longue durée limitent for­te­ment les crises. En plus du trai­te­ment, il est impor­tant de prendre des mesures de pré­cau­tion. Le patient doit iden­ti­fier les fac­teurs déclen­cheurs et trou­ver des solu­tions adé­quates pour les évi­ter. Les acti­vi­tés spor­tives ne sont pas inter­dites aux asth­ma­tiques. Pour pré­ve­nir les crises cau­sées par l’effort, le patient peut prendre un bron­cho­di­la­ta­teur 30 minutes avant le début.

 

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