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La corticothérapie au long cours : traitements et risques

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Pres­crite dans le cadre de la prise en charge de nom­breuses mala­dies, la cor­ti­co­thé­ra­pie peut se révé­ler très effi­cace. C’est pour cette rai­son qu’on y a fré­quem­ment recours (envi­ron 0,15 % de la popu­la­tion fran­çaise est trai­té par cor­ti­co­thé­ra­pie). Mal­gré les innom­brables avan­tages que peut pré­sen­ter la cor­ti­co­thé­ra­pie, elle est por­teuse, comme tout trai­te­ment médi­cal, de risques et de com­pli­ca­tions. Une sur­veillance est alors de mise pour évi­ter ces der­niers ou les prendre en charge. Com­ment défi­nir la cor­ti­co­thé­ra­pie ? À quoi servent les cor­ti­coïdes ? Quels sont les éven­tuels risques et com­pli­ca­tions de ce trai­te­ment ? Quelles sont les mesures à prendre pour évi­ter ces complications ?

Définition de la corticothérapie

Comme son nom l’indique clai­re­ment, la cor­ti­co­thé­ra­pie est un trai­te­ment (ou une thé­ra­pie) réa­li­sé à base de cor­ti­coïdes. En effet, les cor­ti­coïdes sont des molé­cules de syn­thèse qui ont la capa­ci­té de repro­duire les effets des hor­mones sté­roï­diennes. Ces hor­mones sont des pro­duits des glandes sur­ré­nales situées en des­sus de chaque rein. Les glandes sur­ré­nales pro­duisent des glu­co­cor­ti­coïdes, par­mi les­quels on peut notam­ment évo­quer le cor­ti­sol, aus­si connu sous le nom d’hydrocortisone.

Le but de la cor­ti­co­thé­ra­pie est de favo­ri­ser la pro­duc­tion de sub­stances telles que le cor­ti­sol, par l’organisme. Le cor­ti­sol est notam­ment impli­qué dans la régu­la­tion de cer­taines fonc­tions essen­tielles de l’organisme à savoir : les défenses immu­ni­taires, les réac­tions inflam­ma­toires et le méta­bo­lisme des sucres. Mais, c’est l’action anti-inflam­ma­toire de cette sub­stance qui a ame­né les scien­ti­fiques à la reproduire.

La cor­ti­co­thé­ra­pie au long cours cor­res­pond à l’administration de doses plus ou moins impor­tantes de cor­ti­coïdes durant une période bien supé­rieure à plu­sieurs jours. Au fil du temps, ce trai­te­ment a mon­tré son effi­ca­ci­té, même si un sui­vi régu­lier doit être mis en place pour pré­ve­nir ou prendre en charge les éven­tuelles com­pli­ca­tions.

Il existe plu­sieurs formes de cor­ti­co­thé­ra­pie selon le mode d’administration. Ain­si, on dis­tingue la cor­ti­co­thé­ra­pie orale (prise de com­pri­més), la cor­ti­co­thé­ra­pie inha­lée (aéro­sol) et la cor­ti­co­thé­ra­pie paren­té­rale qui est admi­nis­trée par voie intra­vei­neuse ou intra­mus­cu­laire. On peut éga­le­ment évo­quer la cor­ti­co­thé­ra­pie en appli­ca­tion cuta­née dans laquelle, on uti­lise des crèmes qui contiennent des corticoïdes.

Les corticoïdes : à quoi servent-ils ?

Pour bien com­prendre les tenants et abou­tis­sants de la cor­ti­co­thé­ra­pie au long cours, il est impor­tant de cer­ner le rôle joué par les cor­ti­coïdes. La prin­ci­pale fonc­tion de ces sub­stances est une aug­men­ta­tion de la pro­duc­tion de pro­téines anti-inflam­ma­toires. Paral­lè­le­ment à cette fonc­tion, on peut éga­le­ment évo­quer une dimi­nu­tion de la pro­duc­tion des molé­cules res­pon­sables des inflam­ma­tions.

Dans la plu­part des cas, c’est pour leur action anti­al­ler­gique et immu­no­sup­pres­sive (c’est-à-dire un affai­blis­se­ment du sys­tème immu­ni­taire) que les cor­ti­coïdes sont prescrits.

Un trai­te­ment par cor­ti­coïdes (cor­ti­co­thé­ra­pie) peut alors être un excellent moyen pour réduire la pro­li­fé­ra­tion de cer­taines cel­lules telles que les glo­bules blancs, dont le nombre peut consi­dé­ra­ble­ment aug­men­ter dans cer­taines maladies.

Dans quelles circonstances prescrit-on une corticothérapie au long cours ?

Il existe un nombre impor­tant de mala­dies pour les­quelles une cor­ti­co­thé­ra­pie peut être pres­crite. Les plus fré­quentes sont les mala­dies bron­cho-pul­mo­naires et rhu­ma­to­lo­giques. En dehors de ces mala­dies, on peut aus­si évoquer :

  • Les mala­dies aller­giques chro­niques telles que l’asthme et la rhi­nite, ne répon­dant pas aux trai­te­ments habituels ;
  • Les mala­dies diges­tives comme la rec­to­co­lite ulcé­ro-hémor­ra­gique ou encore la mala­die de Crohn ;
  • Les mala­dies de la peau par­mi les­quels, on peut citer les eczé­mas et le lichen plan ;
  • Les mala­dies auto-immunes : les col­la­gé­noses, les hépa­tites non infec­tieuses, les mala­dies géné­rales et le lupus éry­thé­ma­teux disséminé ;
  • Les infec­tions sévères comme les cas graves de tuber­cu­lose ;
  • Les glo­mé­ru­lo­né­phrites ;
  • Les mala­dies du sang comme les ané­mies hémo­ly­tiques, cer­taines leu­cé­mies et les pur­pu­ras throm­bo­pé­niques ;
  • Les mala­dies endo­cri­niennes dont notam­ment cer­taines formes de thy­roï­dite, les hyper­cal­cé­mies qui consti­tuent les symp­tômes majeurs des syn­dromes paranéoplasiques ;
  • Les uvéites et autres mala­dies ophtalmologiques ;
  • L’otite séreuse et les sinu­sites réci­di­vantes ;
  • Les mala­dies pul­mo­naires par­mi les­quelles l’asthme et les fibroses pul­mo­naires ;
  • Les mala­dies rénales.

Cette liste n’est pas exhaus­tive. De nom­breuses autres mala­dies ou infec­tions peuvent faire l’objet d’une pres­crip­tion de cor­ti­co­thé­ra­pie au long cours.

Quel est le meilleur moment pour prendre le traitement par corticoïdes ?

Le moment le plus recom­man­dé de la jour­née pour suivre la cor­ti­co­thé­ra­pie est le matin. En effet, l’organisme pro­duit des quan­ti­tés impor­tantes de cor­ti­sol en début de journée.

Cepen­dant, le méde­cin peut recom­man­der une double prise du trai­te­ment (matin et midi ou matin et soir) dans des cas excep­tion­nels de mala­dies graves. Il faut aus­si noter que les doses à prendre sont très variables, en fonc­tion de la mala­die que l’on sou­haite traiter.

La dose de cor­ti­coïdes est pro­gres­si­ve­ment dimi­nuée par le méde­cin, lorsque l’effet thé­ra­peu­tique escomp­té est obte­nu. Cette dimi­nu­tion per­met aus­si de réduire les effets secon­daires ain­si que la cor­ti­co­dé­pen­dance.

En ce qui concerne l’arrêt de la cor­ti­co­thé­ra­pie, il doit se faire de manière pro­gres­sive, sous la super­vi­sion d’un méde­cin. En effet, après l’arrêt du trai­te­ment, les glandes sur­ré­nales ont besoin d’une période de réadap­ta­tion avant de reprendre leur acti­vi­té normale.

Les principaux effets secondaires après la corticothérapie au long cours

Bien qu’efficace pour le trai­te­ment de nom­breuses mala­dies, le trai­te­ment à base de cor­ti­coïdes peut pro­vo­quer de nom­breux effets secon­daires. Cer­tains patients consi­dèrent même cette thé­ra­pie comme le trai­te­ment médi­ca­men­teux le plus dan­ge­reux, en com­pa­rai­son avec ceux uti­li­sant les anti­coa­gu­lants et les anti-inflam­ma­toires non sté­roï­diens.

Le risque d’apparition des effets secon­daires est variable, et dépend de la durée pen­dant laquelle le trai­te­ment a été uti­li­sé. Cela va donc de soi, que ce risque soit impor­tant dans le cadre d’une cor­ti­co­thé­ra­pie au long cours.

Un des pre­miers effets secon­daires de la cor­ti­co­thé­ra­pie au long cours est la prise de poids. Il s’agit d’une prise géné­ra­le­ment modé­rée qui varie entre un et deux kilo­grammes. Chez cer­tains patients, on peut aus­si remar­quer une aug­men­ta­tion de l’appétit.

Par ailleurs, les cor­ti­coïdes peuvent pro­vo­quer une pro­fonde modi­fi­ca­tion de la sil­houette du patient. Cela s’explique par la lipo­dy­stro­phie : les cel­lules grais­seuses sont redis­tri­buées dans l’organisme. On remarque alors chez le patient une ron­deur au niveau du visage, une ou des bosses au niveau de la nuque et par­fois une aug­men­ta­tion sen­sible du tour de la taille.

Ensuite, la cor­ti­co­thé­ra­pie sur le long terme peut pro­vo­quer des sauts d’humeur chez les patients. L’irritabilité, les insom­nies, les dif­fi­cul­tés de concen­tra­tion ain­si que l’anxiété sont alors remar­quées chez le patient. Dans des cas graves, on peut dis­tin­guer des troubles sévères tels que les délires et les dépres­sions.

Pour ce qui est de la peau, le trai­te­ment à base de cor­ti­coïdes peut engen­drer de nom­breux effets indé­si­rables cuta­nés. On remarque notam­ment une fra­gi­li­sa­tion impor­tante de la peau, qui devient plus récep­tive aux infec­tions, sur­tout au niveau de la base des poils. Il y a éga­le­ment un risque impor­tant de déve­lop­pe­ment d’acné, de dépig­men­ta­tion et d’augmentation de la pilosité.

En dehors de ces effets secon­daires qui sont les plus fré­quents, on dis­tingue ceux de la liste suivante :

  • Les risques d’ostéoporose et d’ostéonécrose asep­tique d’un os ;
  • L’affaiblissement des défenses immu­ni­taires entraî­nant des infec­tions bac­té­riennes, virales, fon­giques et para­si­taires ;
  • Les risques de glau­come et de cata­racte au niveau des yeux ;
  • Des remon­tées acides et des crampes dans l’estomac ;
  • Les infec­tions du colon ;
  • Les ulcères à l’estomac et l’inflammation du pan­créas ;
  • L’augmentation du risque d’hypertension arté­rielle, d’accident car­dio-vas­cu­laire et de phlé­bite ;
  • Les fai­blesses mus­cu­laires ;
  • La réten­tion d’eau ;
  • La fuite de potas­sium dans les urines ;
  • Les crampes noc­turnes et la fra­gi­li­sa­tion des tendons ;
  • Une baisse de la libi­do (plus impor­tante chez les hommes) ;
  • Les troubles de l’érection (de façon occa­sion­nelle) ;
  • Le dia­bète : des études ont révé­lé qu’entre 5 et 10 % des patients trai­tés par cor­ti­co­thé­ra­pie au long cours déve­loppent un diabète ;
  • Une aug­men­ta­tion des taux de cho­les­té­rol et de tri­gly­cé­rides dans le sang.

En dehors des effets secon­daires de cette liste, cer­tains patients peuvent mani­fes­ter des trem­ble­ments fins au niveau des mains. La perte de che­veux et des modi­fi­ca­tions de la voix, sont aus­si d’autres effets indé­si­rables pro­vo­qués par une corticothérapie.

Il est aus­si impor­tant d’évoquer la cor­ti­co­dé­pen­dance, qui peut rapi­de­ment s’installer suite à un trai­te­ment à base de cor­ti­coïdes. Cette dépen­dance est sou­vent obser­vée lorsque l’arrêt du trai­te­ment se fait de manière brusque.

D’un autre côté, la cor­ti­co­thé­ra­pie peut avoir des impacts sur le som­meil. Cela est dû au stress que peut pro­vo­quer cette substance.

Comment lutter contre les effets secondaires de la corticothérapie au long cours ?

Il existe cer­taines habi­tudes à adop­ter pour réduire les impacts des effets secon­daires de la cor­ti­co­thé­ra­pie au long cours.

Pour com­men­cer, il faut limi­ter la consom­ma­tion de sel pour évi­ter les œdèmes. Ensuite, l’absorption de potas­sium peut per­mettre une com­pen­sa­tion de la fuite de cette sub­stance par les urines.

Du côté de l’alimentation, les régimes riches en pro­téines et pauvres en sucres sont recom­man­dés. Il est aus­si conseillé de man­ger des lai­tages pour com­bler le vide lais­sé par la fuite de cal­cium par les urines. Tous les ali­ments agres­sifs pour l’estomac sont à évi­ter et une prise de pan­se­ments gas­triques peut s’avérer nécessaire.

Si, au cours du trai­te­ment, une infec­tion débute, il faut immé­dia­te­ment se rendre chez un méde­cin pour un traitement.

Il faut aus­si évi­ter de pra­ti­quer des sports vio­lents pour limi­ter la fra­gi­li­sa­tion osseuse. La mus­cu­la­tion et la réédu­ca­tion sont à pri­vi­lé­gier pour une limi­ta­tion de l’atrophie mus­cu­laire.

 

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