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Maladie de Bouveret : causes, symptômes et traitements

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La mala­die de Bou­ve­ret est une patho­lo­gie bénigne qui se tra­duit par une aug­men­ta­tion anor­male du rythme car­diaque. C’est en d’autres termes une tachy­car­die supra­ven­tri­cu­laire paroxys­tique qui pro­vient d’un dys­fonc­tion­ne­ment de conduc­tion du signal élec­trique au niveau du cœur. En géné­ral, elle entraine un sen­ti­ment de panique ou d’angoisse chez le patient.

Maladie de Bouveret : éclaircissement du concept

Ayant spé­ci­fi­que­ment décrit l’affection en 1889, le Dr Léon Bou­ve­ret s’est vu attri­buer des mérites ; d’où la déno­mi­na­tion mala­die de Bou­ve­ret. Cepen­dant, le terme tech­nique cou­ram­ment employé en car­dio­lo­gie est tachy­car­die par ren­trée intra­no­dale (TRIN). Il s’agit d’une patho­lo­gie jonc­tion­nelle qui est carac­té­ri­sée par un rythme car­diaque éle­vé. Ce trouble sur­vient la plu­part du temps chez le jeune adulte ne pré­sen­tant aucun pro­blème par­ti­cu­lier au niveau du fonc­tion­ne­ment du cœur.

Fonctionnement du cœur

Le cœur est char­gé d’alimenter tout l’organisme en sang oxy­gé­né. Il est com­po­sé de plu­sieurs cel­lules par­mi les­quelles on retrouve les car­dio­myo­cytes. Ce sont des cel­lules contrac­tiles du muscle car­diaque qui ont pour rôle de trans­mettre les infor­ma­tions ner­veuses dans les dif­fé­rentes par­ties de l’organe. Bien que son poids soit assez léger (envi­ron 300 grammes chez un adulte), le cœur a besoin d’environ 10 % d’oxygène pour bien fonc­tion­ner.

En outre, il est éga­le­ment com­po­sé d’un muscle appe­lé myo­carde. Ce muscle est recou­vert de deux mem­branes à savoir l’épicarde (mem­brane externe) et l’endocarde (mem­brane interne). Celles-ci consti­tuent des bar­rières pro­tec­trices de l’organe. Par ailleurs, le cœur com­prend quatre cavi­tés qui tra­vaillent en paire : d’où la dif­fé­ren­cia­tion du cœur droit et du cœur gauche. Chaque paire est consti­tuée d’une oreillette (la pre­mière cavi­té) et d’un ven­tri­cule (la seconde cavité).

À cet effet, l’oreillette droite reçoit le sang et à tra­vers une contrac­tion l’éjecte dans le ven­tri­cule droit. Par la suite, ce der­nier se contracte et envoie le sang dans l’artère pul­mo­naire où il est oxy­gé­né dans les pou­mons. C’est donc dans l’oreillette droite que se trouve la cel­lule ner­veuse res­pon­sable des impul­sions des signaux élec­triques assu­rant une contrac­tion constante du cœur. Enfin, le sang oxy­gé­né dis­po­nible dans l’oreillette gauche est ven­ti­lé dans l’ensemble du corps.

Il faut noter que les com­par­ti­ments sont sépa­rés par des valves car­diaques qui assurent la cir­cu­la­tion san­guine. Ain­si, une par­faite syn­chro­ni­sa­tion des contrac­tions mus­cu­laires du cœur garan­tit une cir­cu­la­tion géné­rale du sang dans tout l’organisme.

Ces contrac­tions sont coor­don­nées par un ensemble d’axones pré­sents dans les parois du cœur. Bien qu’elles fonc­tionnent de manière auto­nome, leur action est contrô­lée par le sys­tème ner­veux cen­tral (SNC). Chaque rythme car­diaque est assu­ré par une impul­sion du signal élec­trique appe­lée onde.

Dysfonctionnement du rythme cardiaque

La mala­die de Bou­ve­ret est un trouble du rythme car­diaque appe­lé tachy­car­die (bat­te­ment accé­lé­ré du cœur). En prin­cipe, la fré­quence car­diaque nor­male d’un cœur varie de 60 à 80 bat­te­ments par minute. Plu­sieurs fac­teurs tels qu’une acti­vi­té phy­sique intense, la peur ou le stress peuvent pro­vo­quer une aug­men­ta­tion tem­po­raire du rythme car­diaque. Lorsqu’il va au-delà de 100 bat­te­ments par minute, le car­dio­logue soup­çonne géné­ra­le­ment une tachycardie.

Maladie de Bouveret : causes

La mala­die de Bou­ve­ret pro­vient d’un dys­fonc­tion­ne­ment de conduc­tion du signal élec­trique car­diaque. C’est un court-cir­cuit qui se pro­duit dans le cœur plus pré­ci­sé­ment au niveau du nœud auri­cu­lo-ven­tri­cu­laire (struc­ture du cœur trans­met­tant l’impulsion de contrac­tion des muscles entre les oreillettes et les ven­tri­cules par le fais­ceau atrioventriculaire).

Dans les normes, il n’existe qu’une seule voie de conduc­tion élec­trique. Tou­te­fois, dans envi­ron 5 à 20 % des cas, on peut obser­ver chez cer­taines per­sonnes une ano­ma­lie : pré­sence de deux voies de conduc­tion. Ce dys­fonc­tion­ne­ment est donc à l’origine des crises de tachy­car­die : l’influx ner­veux du cœur est réac­ti­vé à tra­vers la seconde voie. Autre­ment dit, le cœur est en quelque sorte sti­mu­lé à deux reprises.

Cette ano­ma­lie du rythme car­diaque est l’une des patho­lo­gies les plus fré­quentes chez les jeunes patients atteints d’une car­dio­pa­thie. Cepen­dant, elle peut éga­le­ment affec­ter les per­sonnes ne pré­sen­tant aucune patho­lo­gie. En géné­ral, les crises sur­viennent de façon ponc­tuelle sans cause spé­ci­fique. Cepen­dant, une forte émo­tion peut par­fois consti­tuer un élé­ment déclen­cheur. À par­tir de la cin­quan­taine, la mala­die dis­pa­rait progressivement.

Maladie de Bouveret : symptômes

La mala­die de Bou­ve­ret est une patho­lo­gie bénigne. En d’autres termes, elle ne pré­sente aucun dan­ger pour la vie du patient. La tachy­car­die se déclenche bru­ta­le­ment et se maté­ria­lise par les symp­tômes cou­rants ci-après :

  • Des dou­leurs au niveau de la poitrine ;
  • Des pal­pi­ta­tions ;
  • Une forte angoisse.

Par ailleurs, une crise peut aus­si engen­drer des étour­dis­se­ments, des ver­tiges, voire une perte de connais­sance très brève (une syn­cope). Tout comme elle débute, la tachy­car­die s’arrête éga­le­ment de manière brusque. Après la crise, le patient res­sent auto­ma­ti­que­ment un sou­la­ge­ment et un apai­se­ment. Par la suite, des coups de fatigues et des envies d’uriner surgissent.

Maladie de Bouveret : le diagnostic et l’examen clinique

Mala­die de Bouveret

Le méde­cin pro­cède de prime à bord à un diag­nos­tic cli­nique afin de col­lec­ter toutes les don­nées néces­saires. Même si les symp­tômes appa­rents peuvent orien­ter le méde­cin vers la mala­die de Bou­ve­ret, la réa­li­sa­tion d’un élec­tro­car­dio­gramme (ECG) est essen­tielle pour vali­der le diag­nos­tic. En effet, ces symp­tômes peuvent se confondre à la mani­fes­ta­tion d’autres affec­tions telles que le syn­drome de Wolf-Par­kin­son-White (WPW).

Electrocardiogramme (ECG)

L’électrocardiogramme per­met d’observer les bat­te­ments du cœur. C’est un exa­men qui étu­die et enre­gistre l’activité élec­trique car­diaque. Les spé­cia­listes le pres­crivent en géné­ral pour confir­mer ou infir­mer un diag­nos­tic. L’électrocardiogramme est réa­li­sé dans les cas suivants :

  • Détec­tion de signes rela­tifs au déve­lop­pe­ment d’une mala­die cardiaque ;
  • pré­sence d’une affec­tion chro­nique chez un patient ;
  • Réa­li­sa­tion du bilan d’un patient avant une inter­ven­tion chirurgicale ;
  • Prise de cer­tains trai­te­ments pou­vant agir sur le rythme cardiaque ;
  • Urgences telles que les acci­dents car­dio-vas­cu­laires, un infarc­tus du myo­carde ; etc.

Concer­nant les affec­tions chro­niques, il peut s’agir :

  • Des patho­lo­gies cardiaques ;
  • De l’hypertension artérielle ;
  • Du dia­bète ; etc..

L’électrocardiogramme est réa­li­sé pen­dant une crise de tachy­car­die et ne requiert aucune pré­pa­ra­tion au préalable.

Type d’électrocardiogrammes

Bien qu’étant impres­sion­nant, l’électrocardiogramme est un exa­men qui ne pré­sente aucun risque pour la san­té. En fonc­tion du résul­tat escomp­té, les pro­fes­sion­nels peuvent pro­cé­der de trois manières :

  • L’électrocardiogramme au repos ;
  • L’électrocardiogramme en conti­nu enre­gis­tré pen­dant une acti­vi­té physique ;
  • Le Hol­ter-ECG.

Les spé­cia­listes agissent sou­vent par étape. Ils effec­tuent pre­miè­re­ment l’électrocardiogramme au repos pen­dant la consul­ta­tion médi­cale. Lorsqu’il n’a pas été concluant, l’électrocardiogramme en conti­nu est réa­li­sé dans le cadre d’un appro­fon­dis­se­ment des recherches. Enfin, le Hol­ter-ECG enre­gistre les fré­quences car­diaques du patient pen­dant 24 heures dans ses condi­tions de vie habi­tuelle. L’objectif ici est d’identifier les moments de la jour­née où les crises sont les plus récur­rentes.

Même si cet exa­men n’exige aucune pré­pa­ra­tion, l’adoption des habi­tudes saines est recom­man­dée. De ce fait, la consom­ma­tion de tous pro­duits nocifs tels que le tabac ou l’alcool est pros­crite. En outre, la prise de cer­tains médi­ca­ments peut influen­cer les résul­tats. Ain­si, échan­ger sur ces dif­fé­rents aspects avec le méde­cin s’avère crucial.

Déroulement de l’électrocardiogramme

Le pro­fes­sion­nel dis­pose une dizaine d’électrodes (de petits disques en métal) sur l’ensemble du corps du patient notam­ment au niveau de sa poi­trine, ses bras et ses jambes. Le dérou­le­ment de l’électrocardiogramme varie en fonc­tion du procédé.

Dans le cadre d’un ECG effec­tué au repos, la durée de l’enregistrement varie de 5 à 10 minutes. Pen­dant la réa­li­sa­tion de l’examen, le patient doit être déten­du et calme. Le moindre mou­ve­ment peut modi­fier le tra­cé. À des moments pré­cis de l’enregistrement, le spé­cia­liste peut deman­der au patient de rete­nir sa respiration.

Quant à l’électrocardiogramme en conti­nu enre­gis­tré au cours d’un effort phy­sique, sa durée oscille géné­ra­le­ment entre 10 à 30 minutes. Le patient com­mence tout dou­ce­ment et aug­mente l’intensité pro­gres­si­ve­ment. Il ne peut s’exprimer que lorsqu’il res­sent une fatigue extrême ou un signe anor­mal. Après l’enregistrement, le spé­cia­liste pro­cède à une sur­veillance stricte du patient pen­dant une période don­née. Le but étant de s’assurer qu’il récu­père bien.

Enfin, le Hol­ter-ECG enre­gistre les bat­te­ments du cœur pen­dant une durée mini­male de 24 heures. C’est un appa­reil por­ta­tif qui est relié aux élec­trodes et donne la las­si­tude au patient de vaquer à ces occu­pa­tions quo­ti­diennes. Ce der­nier doit suivre et noter les dif­fé­rents moments d’apparition de symp­tômes spé­ci­fiques au cou­rant de la jour­née. Grâce à ces don­nées, le méde­cin éta­blit un diag­nos­tic fiable et pres­crit le trai­te­ment adapté.

Autres examens

Lorsque les crises de tachy­car­die consti­tuent un véri­table han­di­cap, un bilan plus appro­fon­di est par­fois requis. Le pro­fes­sion­nel pro­cède alors à l’enregistrement du signal élec­trique du cœur grâce à une sonde intro­duite direc­te­ment dans l’organe. Cette explo­ra­tion per­met de pro­vo­quer une crise qui est ensuite enre­gis­trée. À par­tir de cet enre­gis­tre­ment, le spé­cia­liste peut aisé­ment détec­ter l’anomalie res­pon­sable de ces tachy­car­dies répétitives.

Maladie de Bouveret : traitements

Mala­die de Bouveret

La mala­die de Bou­ve­ret est prise en charge lorsque les crises sont fré­quentes et consti­tuent une gêne pour le patient. Plu­sieurs pos­si­bi­li­tés se pro­posent à ce dernier.

Stimulation du nerf pneumogastrique

Cette option est adap­tée aux per­sonnes qui ne dési­rent pas recou­rir aux trai­te­ments médi­ca­men­teux et dont les crises sont gérables. Il s’agit de quelques réflexes pra­tiques cen­trés sur la sti­mu­la­tion du nerf pneu­mo­gas­trique (nerf vague) :

  • Com­pres­sion des globes oculaires ;
  • Mas­sage de la carotide ;
  • Pro­vo­ca­tion du réflexe pha­ryn­gé (nau­séeux) ;
  • Consom­ma­tion d’une grande quan­ti­té d’eau froide.

Il est éga­le­ment conseillé de se rin­cer le visage avec de l’eau fraiche. Tous ces gestes per­mettent de sou­la­ger le patient et de réduire la fré­quence des crises.

Traitements médicamenteux

Ce pro­to­cole de soin est mis en place lorsque les tachy­car­dies consti­tuent un véri­table han­di­cap chez le patient. L’administration par voie intra­vei­neuse de l’adénosine tri­phos­phate est une par­faite alter­na­tive pour réduire consi­dé­ra­ble­ment les crises. Bien évi­dem­ment, ce trai­te­ment s’administre uni­que­ment en milieu hospitalier.

D’autres médi­ca­ments peuvent éga­le­ment être prescrits :

  • Des Bêta­blo­quants pour la régu­la­tion du rythme cardiaque ;
  • Des séda­tifs ;
  • De L’amiodarone ;
  • Des anta­go­nistes du cal­cium tels que le vérapamil ;
  • Des anti­aryth­miques ; etc.

L’automédication est tota­le­ment décon­seillée, car cela pour­rait entrai­ner des réper­cus­sions graves sur la san­té si le trai­te­ment n’est pas appro­prié à l’affection. L’avis médi­cal est tou­jours impor­tant pour résor­ber le mal et évi­ter toute complication.

Traitement chirurgical

Le trai­te­ment par voie chi­rur­gi­cale per­met de soi­gner le mal. Il s’agit d’une abla­tion par radio­fré­quence c’est-à-dire que le spé­cia­liste intro­duit un cathé­ter dans le cœur par l’artère fémo­rale. Ce der­nier per­met de trans­mettre les cou­rants de radio­fré­quence à l’intérieur des cavi­tés car­diaques et d’engendrer par son extré­mi­té une petite brû­lure d’environ 0,5 cm dans la zone pro­vo­quant les crises. La fré­quence d’applications du cou­rant est fonc­tion du type de trouble aryth­mique. Dans la plu­part des cas, cette inter­ven­tion a été béné­fique pour les patients.

 

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