L’abord étiologique des urticaires chroniques peut être envisagé sous trois angles :
L’analyse de la littérature concernant les infections bactériennes ne montre pas d’association entre « foyer infectieux local » et urticaire chronique. Il n’y a pas lieu de rechercher systématiquement une infection dentaire ou sinusienne. Patient présentant une urticaire chronique banale isolée sans signes cliniques d’orientation étiologique Patient présentant des signes cliniques suggérant une orientation étiologique
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Urticaire chronique : chercher la thyroïdite !
Verneuil L et coll. : « Association between chronic urticaria and thyroid autoimmunity: a prospective study involving 99 patients.” Dermatology 2004; 208: 98- 103.- http://www.jim.fr
L’association UC-thyroïdite auto-immune (TAI) a été soulignée comme statistiquement significative.
Une étude prospective cas-témoins a été conduite au CHU de Caen comparant la fréquence des anticorps anti-thyroïdiens ( anti TPO et anti thyroglobulines) et d’autres marqueurs d’auto-immunité (anticorps anti-nucléaires, facteurs rhumatoïdes, complément et ses fractions…) entre 45 patients qui présentaient une UC et 30 témoins indemnes. La fréquence de l’UC a été également comparée entre 32 patients souffrant de thyroïdite auto-immune et 22 patients porteurs de pathologie thyroïdienne non auto-immune. Les résultats montre une présence accrue d’anticorps anti-thyroïdiens, mais pas des autres anticorps, dans le groupe UC par rapport aux sujets témoins sains (26,7 % vs 3,3 % ; p< 0,01 %). Mais tous les patients présentant des anticorps anti-thyroïdiens étaient euthyroïdiens avec des taux sanguins hormonaux normaux. Par contre la fréquence des anticorps anti-thyroïdiens n’était pas différente dans le deuxième groupe de patients comparés.
Cette étude confirme que le dosage des anticorps anti-thyroïdiens est licite au cours de l’UC mais Il n’y a pas d’arguments suffisants pour penser que le traitement hormonal peut influencer l’évolution de l’UC. En revanche la prise en charge précoce d’une thyroïdite auto-immune asymptomatique peut retarder l’apparition d’une hypothyroïdie qui complique tôt ou tard les thyroïdites auto-immunes.
Dr Patrice Plantin
2015
Bilan paraclinique En l’absence d’orientation étiologique : Aucun bilan initialement : traitement initial par 4 à 8 semaines d’antihistaminiques Si échec : indication à la réalisation d’un bilan complémentaire NFS, VS, CRP, anticorps anti-TPO (thyroperoxydase) 3. Bilan paraclinique selon orientation étiologique Bilan paraclinique en fonction de l’orientation étiologique Urticaire au froid : cryoglobuline, EPS, recherche d’agglutinines froides Urticaire solaire : photo-tests standardisés Angio-œdème chronique : foyer infectieux (stomato, sinus) et recherche d’un déficit en C1-inhibiteur (en l’absence de prise d’IEC ou d’ARA II) Urticaire atypique (fixe ou autres lésions cutanées) : biopsie cutanée Dysthyroïdie clinique : TSH, anti-TPO, anti-TG, anti-TSHr (TRAK) Maladie systémique : bilan orienté en fonction de l’examen Bilan allergologique En cas de suspicion d’allergie alimentaire Analyse du carnet alimentaire Prick tests Tests d’éviction Tests de provocation dans des situations particulières 4. Prise en charge d’une urticaire idiopathique Anti-histaminiques de seconde génération Traitement de 3 mois avec décroissance progressive Echec : persistance des lésions après 4 à 8 semaines de traitement bien conduit Si échec : 2 options : Monothérapie : changement de classe d’antihistaminique Bithérapie : association anti-H1 de première (le soir) et seconde génération (le matin) Soutien psychologique 5. En résumé Le point majeur de cette conférence de consensus est l’absence de bilan étiologique paraclinique en première intention en cas d’urticaire sans point d’appel. Le traitement d’épreuve constitue la première étape. Le bilan paraclinique est ensuite adapté selon la présence ou l’absence ou d’orientation étiologique.