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Insulino-résistance : est-ce un facteur de risque plus important d’athérosclérose ?

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La résis­tance à l’insuline par cer­tains orga­nismes consti­tue un méca­nisme essen­tiel dans la phy­sio­pa­tho­lo­gie de diverses patho­lo­gies hépa­tiques, car­diaques et car­dio­vas­cu­laires. Ain­si, la sur­ve­nue de mala­dies telles que l’hypertension arté­rielle, le dia­bète de type 2 et l’athérosclérose est favo­ri­sée par l’insulino-résistance. Par­mi les patho­lo­gies en lien avec ce méca­nisme, le cas de l’athérosclérose est un motif fré­quent de consul­ta­tion. La mai­trise du méca­nisme de l’insulino-résistance per­met­tra de com­prendre son impli­ca­tion dans la sur­ve­nue de l’athérosclérose, afin de pro­po­ser une prise en charge adéquate.

Insulino-résistance : Présentation

L’insulino-résistance, éga­le­ment connue sous l’appellation de syn­drome poly­mé­ta­bo­lique est une patho­lo­gie qui se mani­feste par une varié­té de signes cli­niques com­por­tant un risque car­dio­vas­cu­laire impor­tant. Elle se carac­té­rise par une réduc­tion des réac­tions et de la sen­si­bi­li­té cel­lu­laire et tis­su­laire à l’hormone de l’insuline.

En effet, l’insuline est une hor­mone pro­duite par le pan­créas, plus pré­ci­sé­ment par des cel­lules spé­ci­fiques qui sont situées dans les ilots de Lan­ge­rhans. Sa fonc­tion prin­ci­pale est d’assurer la régu­la­tion de la gly­cé­mie, afin de la main­te­nir à un taux nor­mal. Ce rôle régu­la­teur que joue l’insuline favo­rise l’entrée des glu­coses dans les cel­lules de l’organisme humain sans aucun blo­cage. Le méca­nisme de l’insulino-résistance induit l’effet contraire.

Le méca­nisme de cette patho­lo­gie se mani­feste par la dimi­nu­tion de la sen­si­bi­li­té des cel­lules et des tis­sus cibles à l’insuline. Cette dimi­nu­tion a pour consé­quence une aug­men­ta­tion de la pro­duc­tion du glu­cose au niveau du foie et au niveau du pan­créas. La même action se pro­duit au niveau de l’adipocyte ou on note par­ti­cu­liè­re­ment une accé­lé­ra­tion de la lipo­lyse due à une aug­men­ta­tion de l’insulinémie.

En consé­quence, on note chez les patients insu­li­no-résis­tants, une pro­pa­ga­tion de papil­lomes bénins et d’un acan­tho­sis nigri­cans qui est une patho­lo­gie cuta­née rare, dans le corps. Ces divers signes s’observent notam­ment chez les per­sonnes obèses. D’autres signes appa­raissent chez les per­sonnes chez qui l’insulino-résistance pro­voque une car­dio­pa­thie comme l’athérosclérose.

L’athérosclérose

L’athérosclérose est une forme fré­quente d’artériosclérose qui se carac­té­rise par la perte d’élasticité au niveau de la paroi arté­rielle. Elle sur­vient à la suite de la for­ma­tion d’une plaque d’athérome qui se consti­tue après une accu­mu­la­tion de graisses. En géné­ral, cette patho­lo­gie touche divers types d’artères, notam­ment les artères coro­naires et les  artères caro­tides. Les pre­mières ont pour fonc­tion d’assurer l’irrigation du cœur, et les secondes assurent l’acheminement du sang vers le cerveau.

Elle se mani­feste notam­ment par des dou­leurs tho­ra­ciques lais­sant entre­voir la pré­sence d’une angine de poi­trine. De même, on note des essouf­fle­ments, des ver­tiges et sur­tout une aug­men­ta­tion de la ten­sion arté­rielle. Cer­tains patients pré­sentent éga­le­ment des troubles de la vision ain­si que des troubles de la motricité.

L’athérosclérose est un fac­teur de risque car­dio­vas­cu­laire impor­tant. Il peut avoir comme consé­quence une sté­nose qui se carac­té­rise par une réduc­tion des dia­mètres des artères. De même, elle peut créer une for­ma­tion de throm­bus, laquelle aura pour consé­quence de cau­ser l’obstruction des artères. Cette patho­lo­gie peut être cau­sée par divers fac­teurs, au nombre des­quels on retrouve le syn­drome méta­bo­lique, dont la carac­té­ris­tique prin­ci­pale est l’insulino-résistance.

Lien de causalité entre l’athérosclérose et l’insulino-résistance

Le lien de cau­sa­li­té entre l’athérosclérose et la résis­tance à l’insuline est tra­duit par un récep­teur appe­lé sca­ven­ger CD-36. Ce récep­teur se charge du trans­port trans­mem­bra­naire de lipo­pro­téines oxy­dées de type LD, et consti­tue un mar­queur de l’insulino- résis­tance et de l’athérosclérose. Il per­met notam­ment de connaitre l’implication de ce phé­no­mène notam­ment à tra­vers l’exploration de la phy­sio­pa­tho­lo­gie de la plaque d’athérome.

Grâce à ce récep­teur et à son expres­sion dans les cel­lules de l’inflammation, dans les tis­sus et notam­ment dans les parois vas­cu­laires, on note que la sur­ve­nue de l’athérosclérose serait due à une inflam­ma­tion ou à une inhi­bi­tion de l’oxydation des acides gras. En effet, cette oxy­da­tion se fait par les muscles sous l’actiin de l’adiponectine. Cepen­dant, l’expression de cette adi­po­cy­to­kines est inhi­bée par le fac­teur de nécrose tumo­ral pré­sent dans le tis­su adi­peux. Ce fac­teur aug­mente for­te­ment l’insulino-résistance et accroit éga­le­ment le risque de for­ma­tion de throm­bus dans les artères.

Diverses com­pli­ca­tions peuvent naitre  d’une athé­ro­sclé­rose cau­sée par une résis­tance à l’insuline. Elles sont notam­ment car­dio­vas­cu­laires. Il s’agit notam­ment de l’infarctus du myo­carde et de l’accident vas­cu­laire cérébral.

Insulino-résistance : Les causes et les symptômes

L’insulino-résistance est cau­sée par une plu­ra­li­té de fac­teurs pour la plu­part envi­ron­ne­men­taux. Pre­miè­re­ment, le fac­teur le plus fré­quent est une absence totale d’activité phy­sique. La séden­ta­ri­té a notam­ment pour effet d’affaiblir la sen­si­bi­li­té à l’insuline. Cela s’explique d’abord par une per­tur­ba­tion de la dif­fu­sion de l’insuline occa­sion­née par une réduc­tion du lit capil­laire musculaire.

Ensuite, on note un affai­blis­se­ment du nombre de fibres mus­cu­laires. Ces der­niers se démarquent par­ti­cu­liè­re­ment par leur grande sen­si­bi­li­té à l’insuline. Une acti­vi­té phy­sique régu­lière per­met de les main­te­nir en nombre.

Deuxiè­me­ment, l’excès de tis­sus adi­peux cau­sé par un excès pon­dé­ral  aug­mente le niveau de résis­tance de l’organisme à l’insuline. En effet, les tis­sus adi­peux secrètent des pep­tides qui concré­tisent leurs fonc­tions endo­crines. Au nombre de ces pep­tides, on retrouve notamment :

  • La lep­tine ;
  • La résis­tine ;
  • L’adiponectine ;

La lep­tine est pro­duite par l’adipocyte et inter­vient dans la régu­la­tion de l’hypothalamus et dans la dépense d’énergie par le corps humain. Le second pep­tide est la résis­tine. Par son action, elle induit la résis­tance à l’insuline. L’adiponectine quant à elle, favo­rise la sen­si­bi­li­té à l’insuline et faci­lite par la même occa­sion l’oxydation des acides gras par les muscles.

Troi­siè­me­ment, une réduc­tion des acti­vi­tés de la lipo­pro­téine lipase est notée chez les patients insu­li­no-résis­tants. La lipo­pro­téine lipase est en charge de l’épuration des tri­gly­cé­rides dont la clai­rance asso­ciée à une aug­men­ta­tion exces­sive de la syn­thèse de crois­sance crée un une hyper­tri­gly­cé­ri­dé­mie. Un ralen­tis­se­ment des acti­vi­tés de la lipo­pro­téine occa­sionne une len­teur dans l’épuration de ces tri­gly­cé­rides, ce qui affai­blit par ailleurs la sen­si­bi­li­té à l’insuline.

En der­nier lieu, la pré­dis­po­si­tion géné­tique est un fac­teur essen­tiel de la résis­tance de l’organisme à l’insuline. Ce fac­teur est d’ailleurs asso­cié au risque de déve­lop­pe­ment d’un dia­bète de type II. De même, les trai­te­ments pris dans le cadre de cer­tains anté­cé­dents de san­té peuvent influer sur la sen­si­bi­li­té à l’insuline.

Insulino-résistance causant une athérosclérose : critères diagnostics

Au moins trois élé­ments cli­niques ou ano­ma­lies méta­bo­liques sont néces­saires pour évo­quer la pré­sence d’une insu­li­no-résis­tance. Ces trois élé­ments doivent figu­rer par­mi une liste d’éléments cli­niques ou d’anomalies méta­bo­liques éta­blie par les auto­ri­tés sani­taires. D’abord, il s’agit de l’excès pon­dé­ral carac­té­ri­sé par une répar­ti­tion abdo­mi­nale de graisse illus­trant un pro­fil androïde.

L’excès pon­dé­ral se dis­tingue entre autres par une accu­mu­la­tion de la graisse périe vis­cé­rale. Un rap­port entre la cir­con­fé­rence de la taille sur celle de la hanche per­met déter­mi­ner  cette ano­ma­lie morphologique.

Ensuite, d’autres élé­ments cli­niques non moins impor­tants sont éga­le­ment sus­cep­tibles d’être évo­qués dans le cadre du diag­nos­tic d’une résis­tance à l’insuline. Il s’agit en pre­mier lieu de l’hypertension arté­rielle dans sa forme modé­rée. Elle est géné­ra­le­ment notée chez les patients ayant au moins 40 ans. Sa pré­sence chez un patient  chez qui l’insulino-résistance a été détec­tée aug­mente les pro­ba­bi­li­tés d’une car­dio­pa­thie comme l’athérosclérose.

Par la suite, les troubles liés à la tolé­rance au glu­cose peuvent éga­le­ment être évo­ca­teurs de la mala­die. Ces troubles se carac­té­risent notam­ment par une hyper­in­su­li­né­mie qui être asso­ciée à une résis­tance à l’insuline. La modi­fi­ca­tion de cer­tains fac­teurs hémo­sta­tique dont l’inhibiteur de l’activateur du plas­mi­no­gène peut éga­le­ment révé­ler une insu­li­no-résis­tance. De même, l’élévation de cer­taines pro­téines de l’inflammation comme la pro­téine C réac­tive consti­tue éga­le­ment un élé­ment favo­rable à la résis­tance à l’insuline.

En outre, l’élévation des gam­ma-glu­ta­myl trans­fé­rases, qu’elle soit accom­pa­gnée d’une élé­va­tion des trans­ami­nases ou non est un indi­ca­teur impor­tant de la pré­sence d’un syn­drome méta­bo­lique ou non. Plu­sieurs autres élé­ments cli­niques ou ano­ma­lies méta­bo­liques com­plètent cette liste. Cepen­dant, ils sont beau­coup moins fré­quents que les élé­ments cités plus haut. Par­mi ces troubles peu constants, on peut notam­ment citer, une micro albu­mi­nu­rie ou encore une élé­va­tion de l’homocystéine.

Insulino-résistance : Prévention et approche thérapeutiques

L’insulino-résitance est un fac­teur de risque impor­tant d’athérosclérose. L’une des meilleures manières de l’éviter est d’agir en pré­ven­tion. Pour cela, le prin­ci­pal axe de pré­ven­tion est l’hygiène de vie. D’abord, il est impor­tant d’avoir une ali­men­ta­tion en évi­tant au maxi­mum la consom­ma­tion des matières grasses telles que les viandes rouges, le beurre, les crèmes, les frites ou encore les fro­mages. En rem­pla­ce­ment de ces ali­ments, il est conseillé aux patients de prio­ri­ser une ali­men­ta­tion riche en fibres ali­men­taires, en glu­cides lents, en légumes verts et sur­tout en fruit.

Ensuite, il est impor­tant d’agir en pré­ven­tion en évi­tant l’excès pon­dé­ral. Ain­si, le sujet en sur­poids doit viser une perte de poids qui amé­lio­re­ra la sen­si­bi­li­té de son orga­nisme à l’insuline. De même, une perte de poids réduit consi­dé­ra­ble­ment les risques car­dio­vas­cu­laires liés à une résis­tance à l’insuline. Les risques d’être atteint par une athérosclérose.

Le recours au régime ali­men­taire n’est pas for­cé­ment la meilleure manière de perdre du poids. Elle pour­rait même s’avérer dan­ge­reuse pour votre san­té. A la place d’une telle mesure, il est conseillé de faire des acti­vi­tés phy­siques de façon régu­lière. Le pre­mier avan­tage de l’exercice phy­sique est qu’il vous per­met de ren­for­cer la défense des fibres mus­cu­laires qui vous garan­tisse une sen­si­bi­li­té durable à l’insuline. De plus, l’activité phy­sique régu­lière vous per­met d’avoir une sta­bi­li­té pon­dé­rale. En cas de sur­ve­nue de l’insulino-résistance, quelques options de trai­te­ments sont disponibles.

Ces trai­te­ments sont dans leur grande majo­ri­té médi­ca­men­teux. Ils varient en fonc­tion du type de patho­lo­gies asso­cié à la mala­die. En cas de sus­pi­cion d’athérosclérose, il est recom­man­dé de prendre des médi­ca­ments per­met­tant de réduire le risque car­dio­vas­cu­laire lié à l’insulino-résistance. Il est tou­te­fois impor­tant de pré­ci­ser qu’aucune auto­ri­sa­tion de mise sur le mar­ché n’a été attri­buée aux médi­ca­ments pres­sen­tis comme d’éventuelles solu­tions à l’insulino-résistance.

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