HomeSantéThrombose et biologie : À PROPOS DE « THROMBOPHILIE »

Thrombose et biologie : À PROPOS DE « THROMBOPHILIE »

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Il existe une mul­ti­tude de mala­dies qui sont prin­ci­pa­le­ment cau­sées par la for­ma­tion de caillots san­guins, soit dans les veines soit dans les artères.  Ces mala­dies peuvent tou­cher n’importe quel pro­fil de patients, lorsque les fac­teurs de risque habi­tuels sont réunis. Cepen­dant, cer­taines per­sonnes pré­sentent des pré­dis­po­si­tions par­ti­cu­lières à la for­ma­tion des throm­boses notamment.

Ces pré­dis­po­si­tions sont notam­ment consti­tuées par cer­taines formes d’anomalies géné­tiques qui faci­litent la for­ma­tion de caillots san­guins. Ce phé­no­mène est appe­lé « throm­bo­phi­lie », et fait fré­quem­ment l’objet d’examens bio­lo­giques. L’objectif de ces exa­mens bio­lo­giques est de déter­mi­ner la réponse thé­ra­peu­tique per­met­tant de contrer le phénomène.

Thrombophilie : de quoi s’agit-il ?

La throm­bo­phi­lie se défi­nit comme l’état d’une per­sonne qui pos­sède des pré­dis­po­si­tions par­ti­cu­lières au déve­lop­pe­ment des throm­boses. Ces pré­dis­po­si­tions peuvent s’expliquer par deux phé­no­mènes. D’abord, il peut s’agir d’une ano­ma­lie géné­tique qui serait res­pon­sable de la coa­gu­la­bi­li­té exces­sive remar­quée chez le patient. Ensuite, il peut s’agir d’une mala­die pré­sente dans l’organisme, et dont le déve­lop­pe­ment favo­rise une hyper­coa­gu­la­bi­li­té chez le sujet.

Dans le pre­mier cas, on parle d’une throm­bo­phi­lie pri­mi­tive (ou congé­ni­tale), et dans le second cas, on parle d’une throm­bo­phi­lie secon­daire ou acquise. Ces deux types de throm­bo­phi­lie consti­tuent de graves sources de com­pli­ca­tions pour diverses mala­dies. Cela s’explique notam­ment par le fait qu’ils pro­voquent une obs­truc­tion au niveau de plu­sieurs vais­seaux san­guins. Cette situa­tion prive les organes vitaux de l’alimentation san­guine néces­saire à leur fonc­tion­ne­ment cor­rect. Diverses causes ou fac­teurs de risque de la throm­bo­phi­lie sont connus.

Thrombophilie : quelles sont les causes ?

La throm­bo­phi­lie est un phé­no­mène qui ras­semble plu­sieurs patho­lo­gies, les­quelles pré­dis­posent les per­sonnes atteintes au déve­lop­pe­ment des throm­boses. Ces patho­lo­gies sont induites par plu­sieurs formes d’anomalies qui consti­tuent donc les causes de la throm­bo­phi­lie. Tou­te­fois, ces causes varient en fonc­tion de la nature congé­ni­tale ou acquise de la pathologie.

Les causes de la thrombophilie congénitale

Les throm­bo­phi­lies congé­ni­tales sont géné­ra­le­ment héré­di­taires. Ce sont donc les parents qui trans­mettent aux enfants les ano­ma­lies res­pon­sables du trouble d’hypercoagulabilité chez ces der­niers. Ces ano­ma­lies se divisent en deux caté­go­ries. Il s’agit d’une part des défi­cits en inhi­bi­teurs et d’autre part de cer­taines muta­tions géné­tiques.

Les déficits en inhibiteurs

En ce qui concerne les défi­cits en inhi­bi­teurs, il existe trois prin­ci­pales ano­ma­lies. La pre­mière est rela­tive au défi­cit en anti­throm­bine. L’antithrombine est en effet un inhi­bi­teur de la coa­gu­la­tion. Autre­fois connue sous l’appellation de l’antithrombine 3, cet inhi­bi­teur a une valeur usuelle plas­ma­tique située entre 0,2 et 0,4 g.L.

Le défi­cit en anti­throm­bine a pour consé­quence majeure, de pré­dis­po­ser le patient au déve­lop­pe­ment des throm­boses. Ce défi­cit peut être héré­di­taire en cas d’antécédents fami­liaux ou acquis, lorsque le patient souffre d’une insuf­fi­sance hépa­tique. Le défi­cit en anti­throm­bine acquis peut éga­le­ment être le fait d’autres troubles tels que :

  • Le syn­drome néphrotique ;
  • Un trai­te­ment par œstrogène ;
  • Une coa­gu­la­tion intra­vas­cu­laire dis­sé­mi­née.

La seconde ano­ma­lie est le défi­cit en pro­téine S. La pro­téine S a été décou­verte à Seat­tle, ville dont elle porte d’ailleurs le nom. Il s’agit en effet d’une pro­téine anti­coa­gu­lante pré­sente dans le plas­ma. Grâce à son action néces­saire à l’activité bio­lo­gique de la pro­téine c, elle agit sur les fac­teurs V et VIII, en les inac­ti­vant. Sa syn­thèse est réa­li­sée par le foie. Son absence est un fac­teur de sur­ve­nue de patho­lo­gies thrombotiques. 

La troi­sième ano­ma­lie est celle carac­té­ri­sée par un défi­cit en pro­téine C.  La pro­téine C, est une gly­co­pro­téine vita­mine K indé­pen­dante. Sa syn­thèse se réa­lise dans le foie. Elle per­met notam­ment d’inactiver les fac­teurs Va et VIIIa. C’est d’ailleurs par cette action qu’elle rem­plit sa fonc­tion inhi­bi­trice de la coa­gu­la­tion. La pré­va­lence du défi­cit en cette pro­téine est très faible au sein de la popu­la­tion géné­rale. Cepen­dant, les per­sonnes ayant déjà eu une mala­die throm­boem­bo­lique vei­neuse, sont plus expo­sées à cette anomalie.

Les mutations génétiques

Par­mi les ano­ma­lies res­pon­sables de la throm­bo­phi­lie, cer­taines muta­tions géné­tiques sont éga­le­ment en cause. La pre­mière muta­tion est celle du fac­teur V Lei­den. Elle est notam­ment connue comme très résis­tante à l’action de la pro­téine C acti­vée. Cette muta­tion est à la base de la forme la plus fré­quente de throm­bo­phi­lie congé­ni­tale. Sa trans­mis­sion se fait de façon auto­so­mique domi­nante. La muta­tion du fac­teur V Lei­den a pour effet d’accélérer le méca­nisme de la coa­gu­la­tion san­guine. Il en res­sort le plus sou­vent la sur­ve­nue de throm­bose vei­neuse et artérielle.

La seconde muta­tion est celle du fac­teur II, éga­le­ment connue sous la déno­mi­na­tion de muta­tion FIIG2021OA de la pro­throm­bine. Les throm­bo­phi­lies induites par cette muta­tion géné­tique sont presque aus­si fré­quentes que celles induites par la muta­tion du fac­teur V Lei­den. Elle est notam­ment res­pon­sable des throm­boses vei­neuses des membres infé­rieurs qui sur­viennent chez les adultes.

Les causes de la thrombophilie acquise

La throm­bo­phi­lie acquise est le plus sou­vent cau­sée par un syn­drome des anti-phos­pho­li­pides. Il s’agit en effet d’une patho­lo­gie résul­tant d’une ano­ma­lie du sys­tème immu­ni­taire. Cette ano­ma­lie se carac­té­rise notam­ment par une pro­duc­tion d’anticorps anor­maux qui affai­blissent les consti­tuants du corps humain. Ces anti­corps sont prin­ci­pa­le­ment res­pon­sables des risques throm­bo­tiques ain­si que des risques de réci­dive throm­boem­bo­lique chez cer­tains sujets.

En outre, d’autres patho­lo­gies sont éga­le­ment sus­cep­tibles d’induire une throm­bo­phi­lie acquise. En pre­mier lieu, les can­cers sont les mala­dies qui sont le plus sou­vent res­pon­sables des troubles de la coa­gu­la­bi­li­té exces­sive. En second lieu, l’hypeplaquettose consti­tue éga­le­ment une throm­bo­phi­lie acquise, car elle pro­voque des épi­sodes récur­rents de throm­boses. En der­nier lieu, la stase vei­neuse pro­vo­quée par une longue immo­bi­li­té pu encore des varices sont éga­le­ment des fac­teurs de sur­ve­nue des mala­dies thrombotiques.

Thrombophilie : quels sont les symptômes ?

La throm­bo­phi­lie se mani­feste prin­ci­pa­le­ment par la mala­die throm­boem­bo­lique vei­neuse (MTEV). Il s’agit d’une affec­tion d’origine vas­cu­laire dont les consé­quences peuvent être par­ti­cu­liè­re­ment han­di­ca­pantes, voire mor­telles. Cette mala­die regroupe 5 troubles prin­ci­paux qui vont des deux formes de throm­boses vei­neuses à l’embolie pul­mo­naire en pas­sant par le SPT et le HTAP.

La thrombose veineuse profonde

La throm­bose vei­neuse pro­fonde est une mala­die carac­té­ri­sée par la for­ma­tion d’un caillot san­guin dans les veines pro­fondes. Elle peut tou­cher autant les membres infé­rieurs que les membres supé­rieurs du corps humain. Pour que cette patho­lo­gie sur­vienne, trois condi­tions néces­saires à la for­ma­tion de throm­bus dans les veines doivent être réunies. Ces trois élé­ments sont appe­lés la triade de Virchow.

Pre­miè­re­ment, il s’agit d’une stase vei­neuse. Elle se carac­té­rise par une inter­rup­tion brusque et longue de l’activité habi­tuelle des veines. Elle résulte le plus sou­vent de situa­tions sani­taires telles que le blo­cage du retour vei­neux, la para­ly­sie, la com­pres­sion extrin­sèque, l’alitement, l’insuffisance vei­neuse, etc.

Deuxiè­me­ment, une alté­ra­tion de la paroi de la veine pro­fonde doit éga­le­ment se pro­duire. Celle-ci est géné­ra­le­ment pro­vo­quée par la pré­sence d’un cathé­ter vei­neux, cer­tains can­cers en stade avan­cé, une inflam­ma­tion ou encore une inter­ven­tion chirurgicale.

Troi­siè­me­ment, une coa­gu­la­bi­li­té exces­sive doit être remar­quée chez le patient. Cela peut faire suite à divers épi­sodes de mala­dies throm­boem­bo­liques, à un can­cer, à une hyper­pla­quet­tose ou encore à un syn­drome inflammatoire.

La thrombose veineuse profonde

Cette forme de throm­bose vei­neuse se dif­fé­ren­cie de la forme pré­cé­dente par les types de veines qu’elle touche. En effet, les throm­boses vei­neuses super­fi­cielles ne touchent que les veines de sur­face. Cette patho­lo­gie se dis­tingue éga­le­ment par sa pro­pen­sion à affec­ter plus sou­vent les veines super­fi­cielles des membres infé­rieurs. Néan­moins, la for­ma­tion des throm­bus dans les veines de sur­face res­pecte le même pro­ces­sus que celui de la for­ma­tion des throm­bus dans les veines profondes.

L’embolie pulmonaire

L’embolie pul­mo­naire est une mala­die cau­sée par la migra­tion d’un throm­bus for­mé dans les veines vers les artères pul­mo­naires. Ce phé­no­mène a pour consé­quence une obs­truc­tion des branches arté­rielles du pou­mon. L’embolie pul­mo­naire se mani­feste elle-même par plu­sieurs troubles dont une dys­pnée, une tachy­car­die, et dans les cas aggra­vés un infarc­tus pul­mo­naire. Diverses com­pli­ca­tions car­dio­vas­cu­laires peuvent naitre d’une embo­lie pul­mo­naire. Cela témoigne de la gra­vi­té de ce trouble dont le taux de mor­ta­li­té avoi­sine celui de l’AVC et de l’infarctus du myocarde.

Le syndrome post thrombotique et l’hypertension artérielle pulmonaire post-embolique

Le syn­drome post throm­bo­tique est en géné­ral consé­cu­tif à un épi­sode throm­bose vei­neuse pro­fonde. En effet, la throm­bose vei­neuse pro­fonde laisse plu­sieurs séquelles dont des lésions val­vu­laires au niveau des veines tou­chées, ain­si qu’une calcification.

L’hypertension arté­rielle pul­mo­naire post-embo­lique quant à elle se carac­té­rise par une forte aug­men­ta­tion de la pres­sion pul­mo­naire arté­rielle. Consi­dé­rée comme une mala­die à la fois vas­cu­laire et pul­mo­naire, l’hypertension arté­rielle post-embo­lique sur­vient la plu­part du temps après une embo­lie pul­mo­naire. Son déve­lop­pe­ment est pro­gres­sif et peut débou­cher sur une insuf­fi­sance car­diaque ou sur le décès du patient malade.

Thrombophilie : comment faire le diagnostic ?

Les exa­mens per­met­tant de poser le diag­nos­tic d’une throm­bo­phi­lie sont essen­tiel­le­ment bio­lo­giques. L’examen le plus fré­quent consiste à réa­li­ser un bilan de throm­bo­phi­lie. L’objectif de cet exa­men est de mobi­li­ser les élé­ments per­met­tant de ren­sei­gner sur le carac­tère congé­ni­tal ou acquis de la patho­lo­gie. Cepen­dant, le pro­to­cole médi­cal impose au méde­cin exa­mi­na­teur la réa­li­sa­tion d’un interrogatoire.

L’objectif de cet inter­ro­ga­toire est de déter­mi­ner la néces­si­té de la réa­li­sa­tion d’un exa­men bio­lo­gique sur base des plaintes du patient.  Ain­si, il revien­dra à l’examinateur d’interroger le patient sur ces anté­cé­dents per­son­nels et fami­liaux rela­tifs aux troubles throm­bo­tiques. De même, il doit cher­cher à connaitre la fré­quence de sur­ve­nue du trouble throm­bo­tique, de même que les éven­tuelles situa­tions qui auraient pu le favo­ri­ser.  Les infor­ma­tions recueillies au cours de cet inter­ro­ga­toire per­met­tront au cli­ni­cien de juger de la néces­si­té de réa­li­ser un bilan thrombotique.

Si l’état du patient laisse place à des sus­pi­cions sur la pré­sence éven­tuelle de fac­teurs d’hypercoagulabilité, le bilan de throm­bo­phi­lie doit être réa­li­sé. Il se déroule en trois prin­ci­pales étapes. La pre­mière est rela­tive à l’évaluation de cer­taines pro­téines impli­quée dans le méca­nisme de coa­gu­la­tion. Les pro­téines visées sont jus­te­ment celles qui inhibent la coa­gu­la­tion. La seconde étape consiste à recher­cher des ano­ma­lies cau­sées par des muta­tions géni­tales. La recherche des anti­corps du syn­drome des anti-phos­pho­lides vient com­plé­ter le tableau.

Thrombophilie : quel traitement ?

La prise en charge d’une throm­bo­phi­lie dépend de sa nature congé­ni­tale ou acquise. Lorsqu’il s’agit d’une throm­bo­phi­lie héré­di­taire, le trai­te­ment est prin­ci­pa­le­ment basé sur la prise d’anticoagulant. L’héparine et la war­fa­rine consti­tuent les prin­ci­paux anti­coa­gu­lants pres­crits dans le cadre de cette option thé­ra­peu­tique. En outre, des throm­bo­tiques peuvent éga­le­ment être pres­crits aux patients throm­bo­philes. Ces médi­ca­ments per­mettent notam­ment de dis­soudre les throm­bus qui créent une obs­truc­tion au niveau des vais­seaux san­guins.

Dans le cadre d’une throm­bo­phi­lie acquise, le trai­te­ment pro­po­sé dépend de la cause de l’hypercoagulabilité chez le patient. Il est donc impor­tant de réa­li­ser un diag­nos­tic effi­cace afin de pro­po­ser une prise en charge adéquate.

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