Santé

Aponévrosite plantaire : classification, étiologie, sémiologie, diagnostic, traitement

L’aponévrosite plantaire est une atteinte douloureuse du pied. Elle représente environ 15 % des causes de consultation en rhumatologie et touche principalement les sportifs ainsi que les personnes de plus de 40 ans d’âge. Caractérisée entre autres par des manifestations inflammatoires comme la douleur, elle est diagnostiquée par une série de tests cliniques et d’examens d’imagerie.

Le traitement de l’aponévrosite plantaire repose le plus souvent sur une médication. Il est couplé dans la majorité des cas à une physiothérapie et à la prescription du port d’orthèse plantaire. Plus rarement, il peut consister en une chirurgie. Voici l’essentiel à savoir sur l’aponévrosite plantaire.

Aponévrosite plantaire : définition et classification

Voici une tribune qui en dit davantage sur l’aponévrosite plantaire.

Définition

L’aponévrosite plantaire est la première cause de talalgie dans le monde. Elle est considérée comme une pathologie bénigne, parce qu’elle n’engage pas le pronostic vital du patient. En général, elle survient en réponse à une inflammation du fascia plantaire.

Le fascia plantaire (ou aponévrose plantaire) correspond à un tissu conjonctif retrouvé au niveau de la partie antérieure du pied. Il relie la base des orteils au talon et constitue une véritable enveloppe fibreuse de soutien et de protection pour le pied. Il est très sollicité en position debout et au moment des activités comme la marche et la course à pied.

Classification

En fonction de la nature de l’atteinte du fascia plantaire, les aponévrosites plantaires peuvent être classées en trois groupes. Ainsi, on distingue :

  • L’aponévrosite plantaire de l’arrière du fascia plantaire ;
  • L’aponévrosite plantaire du corps du fascia plantaire ;
  • L’aponévrosite plantaire associée à une rupture du fascia plantaire.

La classification des aponévrosites plantaires proposée ne tient pas compte du degré de sévérité et de l’intensité de la clinique.

L’aponévrosite plantaire de l’arrière du fascia plantaire 

Pour l’aponévrosite plantaire de l’arrière du fascia plantaire, seulement la partie inférieure du fascia plantaire est enflammée. La configuration du tissu conjonctif n’est pas très modifiée et aucun signe de rupture n’est observé. La base des orteils et le talon restent liés et dans la plupart des cas, le patient présente des symptômes légers. En revanche, une aponévrosite plantaire de l’arrière du fascia plantaire mal traitée peut favoriser les autres formes d’aponévrosites plantaires.

L’aponévrosite plantaire du corps du fascia plantaire 

Quand il s’agit de l’aponévrosite plantaire du corps du fascia plantaire, l’inflammation concerne tout le corps du fascia plantaire. La configuration du tissu conjonctif est partiellement modifiée quand bien même on note une absence de signes de ruptures. La base des orteils ainsi que le talon restent liés et à la clinique, des modifications structurelles du pied sont susceptibles d’être observées.

Le patient présente des symptômes modérés qui d’ordinaire sont moins douloureux que les symptômes d’une aponévrosite plantaire de l’arrière du fascia plantaire.

L’aponévrosite plantaire associée à une rupture du fascia plantaire

L’aponévrosite plantaire associée à une rupture du fascia plantaire est la forme d’aponévrosite la plus redoutée. En effet, elle entraîne une disjonction du tissu conjonctif et peut parfois créer une séparation de la base des orteils et du talon. Les symptômes décrits par le patient dans l’aponévrosite plantaire associée à une rupture sont sévères et peuvent dans certains cas être invalidants.

Aponévrosite plantaire : étiologies

L’aponévrosite plantaire survient lorsque le fascia plantaire fait l’objet de tractions répétées ou trop importantes. En effet, l’exposition du fascia plantaire à des tractions de cette nature provoque un rétrécissement brusque des muscles du mollet. Ces derniers vont alors exercer un stress mécanique intense sur le fascia plantaire qui s’enflamme au bout de quelque temps.

Excepté le rétrécissement des muscles du mollet qui est l’étiologie la plus plausible de la maladie, on associe la survenue de l’aponévrosite plantaire à de nombreux autres facteurs. Il y a entre autres :

  • les déséquilibres mécaniques plantaires ;
  • la fragilité des muscles du mollet ;
  • la rigidité du tendon d’Achille ;
  • l’obésité ;
  • la sollicitation excessive des pieds ;
  • l’inégalité plantaire.

Parfois, l’aponévrosite plantaire peut découler du port régulier de chaussures offrant un mauvais soutien plantaire. Par exemple, les chaussures à très hauts talons et les tongs.

Déséquilibres mécaniques plantaires

Les principaux déséquilibres plantaires qui peuvent causer une aponévrose plantaire sont les pieds plats et les pieds creux. Les pieds plats correspondent à une condition physique caractérisée par une absence de voûte plantaire au niveau de la paume des pieds. D’ordinaire, ils n’ont aucun impact sur les capacités physiques du patient. Toutefois, avec l’âge, ils peuvent entraîner une inflammation du fascia plantaire et une aponévrosite plantaire.

Dans ce cas en particulier, l’aponévrosite plantaire est liée à un affaissement des pieds et à une défaillance majeure de la propulsion au cours de la marche.

Les pieds creux par opposition aux pieds plats ne sont pas caractérisés par un affaissement des pieds. Ils se traduisent par la courbure en arcs des pieds, qui deviennent moins flexibles que les pieds normaux. Certes, ils n’engagent pas le pronostic vital du malade, mais ils sont plus graves que les pieds plats. Ils sont la cause de nombreuses pathologies et entraînent un rétrécissement de l’espace entre l’avant-pied et le talon, une situation qui favorise la survenue de l’aponévrosite plantaire.

Fragilité des muscles du mollet

Les muscles du mollet peuvent dans les maladies comme la sarcopénie perdre de masse. Ils sont alors fragilisés et ne remplissent pas correctement leurs fonctions. Au fil du temps et avec l’exposition à d’autres facteurs, ils se rétrécissent. Un environnement propice à l’aponévrosite plantaire est donc créé.

Rigidité du tendon d’Achille

Le tendon d’Achille est un ligament qui relie l’os du talon aux muscles du mollet. Lorsqu’il devient rigide, une pression importante peut être exercée sur les muscles du mollet. Ils finissent alors par se rétrécir créant ainsi un cadre favorable aux maladies comme l’aponévrosite plantaire. La rigidité du tendon d’Achille peut être due à une prédisposition génétique ou à la sédentarité.

Obésité

L’obésité est un trouble qui se définit par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 kg/m². Il se traduit par un excès de gras dans le corps. Théoriquement, il n’existe aucune corrélation directe entre l’obésité et la survenue d’une aponévrosite plantaire.

Cependant, plusieurs études concordantes ont révélé que les personnes en situation d’obésité étaient plus susceptibles de développer une aponévrosite plantaire que celles ayant un poids normal. Au vu de cela, l’obésité est considérée comme un facteur de risque de l’aponévrosite plantaire. Dans la pratique, néanmoins, elle ne peut à elle seule causer la maladie.

Sollicitation excessive des pieds

La sollicitation excessive des pieds dans le cadre par exemple d’un sport est une cause fréquente de l’aponévrosite plantaire. En effet, lorsque le fascia plantaire est très sollicité, les muscles du mollet s’usent et se rétrécissent, en particulier si le renouvellement musculaire n’est pas optimal. Le patient est alors exposé à toutes sortes de maladies musculaires, l’aponévrosite plantaire comprise.

Dans le rang des sports les plus associés à la survenue d’une aponévrosite plantaire, on compte principalement :

  • La course à pied ;
  • Le basketball ;
  • Le volleyball ;
  • Les danses sur la pointe des pieds.

Il s’agit de sports d’impulsions qui requièrent pour la plupart de sauter et de courir. Un sportif environ sur dix sportifs pratiquant régulièrement l’un de ces sports est à risque de faire l’aponévrosite plantaire durant sa vie.

Inégalité plantaire

L’inégalité plantaire est une dysmorphie plantaire qui se caractérise par une inégalité de la longueur des membres inférieurs. En général, le membre inférieur gauche est plus long que le membre inférieur droit ou inversement. Visuellement, elle crée un basculement physique et le patient a tendance à reposer la charge de son poids sur un seul côté.

Le pied du membre situé de ce côté est intensément sollicité. Dans ces circonstances, sur le long terme les muscles du mollet sont fragilisés. Ils deviennent moins toniques et se rétrécissent. Un terrain favorable à l’aponévrosite plantaire est ainsi créé.

Aponévrosite plantaire

Aponévrosite plantaire : sémiologie

L’aponévrosite plantaire, peu importe, la forme considérée se manifeste par trois symptômes majeurs, à savoir :

  • La sensation dite de « clous dans le talon » ;
  • Les douleurs intermittentes ;
  • La talalgie aiguë.

Excepté ces symptômes, l’aponévrosite plantaire peut dans certains cas se manifester par la formation d’une épine calcanéenne. Cependant, il faut préciser que la seule présence d’une épine calcanéenne ne suffit pas pour dire qu’une personne souffre d’une aponévrosite plantaire. Certains patients ont une épine calcanéenne sans être atteints d’une aponévrosite et inversement d’autres patients souffrant d’aponévrosite plantaire n’ont aucune épine calcanéenne.

Sensation dite de « clous dans le talon »

Les sensations de « clous dans le talon » sont communes à la quasi-totalité des aponévroses plantaires. Elles sont décrites par les patients comme une douleur localisée au bas du talon qui s’apparentent à une piqûre de clou. En général, elles sont exacerbées le matin et lors de la marche. De même, elles peuvent disparaître et réapparaître de façon aléatoire. Les sensations de « clous dans le talon » concernent parfois un seul pied et non les deux.

Douleurs intermittentes

Les douleurs intermittentes comme les sensations de « clous dans le talon » sont présentes dans la majorité des cas d’aponévroses plantaires. Il s’agit de douleurs classiques dont l’intensité est optimisée à certains moments clés. Par exemple, lors de la marche, lors d’un long arrêt en position debout, au réveil après un court repos, etc. En dehors de ces moments, les douleurs passent inaperçues en raison de leur intensité qui est modérée.

Les douleurs intermittentes peuvent cibler la face antérieure du pied, les orteils et les insertions musculaires du pied. Par exemple, le court fléchisseur des doigts du pied, l’abducteur du plus gros orteil et l’abducteur du plus petit orteil.

Talalgie aiguë

Une talalgie aiguë est une douleur aiguë du talon qui est particulièrement intense. Elle est observée chez plus de 40 % des patients souffrants d’aponévrosite plantaire. En plus de la douleur, elle se caractérise par une boursouflure cutanée, un gonflement et parfois une raideur.

Aponévrosite plantaire : diagnostic

Le diagnostic de l’aponévrosite plantaire part d’un examen clinique qui est souvent complété par des examens tels que la radiographie et l’échographie.

Examen clinique

L’examen clinique est réalisé par le médecin traitant et consiste en une observation du pied et un test physique. L’observation permet d’identifier d’éventuelles modifications structurelles imputables à l’aponévrosite plantaire.

Lors du test physique, le médecin traitant exerce une pression importante du pouce sur le bas du pied en hyperextension et principalement sur la partie sous-jacente du talon. Dans ces conditions, quand une douleur se déclenche au point de pression, le diagnostic d’aponévrosite plantaire est établi. Il faut préciser que l’examen clinique suffit à lui seul pour poser le diagnostic de l’aponévrosite plantaire. Cependant, les autres examens sont utiles pour le confirmer.

Examens complémentaires

Il y a bien d’autres examens qui peuvent vous aider à mieux déceler une aponévrose plantaire.

Radiographie

Dans le cadre du diagnostic de l’aponévrose plantaire, la radiographie est un examen qui n’est pas réalisé systématiquement. Elle n’est utile que si on soupçonne qu’une épine calcanéenne est formée. En effet, l’objectif de la radiographie est de voir s’il existe des excroissances osseuses caractéristiques d’une épine calcanéenne au niveau du talon. La radiographie est généralement effectuée par un professionnel de l’imagerie médicale et est indolore.

Échographie

L’échographie osseuse est effectuée en dernier recours et aussi de façon non systématique. Elle est indiquée lorsque le diagnostic de l’aponévrosite plantaire n’a pu être posé clairement avec l’examen clinique. Elle permet au médecin traitant de mettre en évidence un épaississement ou un hypoéchogène de l’aponévrose. À l’instar de la radiographie, elle est indolore et est réalisée par des professionnels de l’imagerie médicale.

Aponévrosite plantaire : traitement

Le traitement de l’aponévrosite plantaire peut reposer sur une médication, sur des séances de kinésithérapie et sur le port d’orthèse plantaire. Plus rarement, elle peut reposer sur une chirurgie.

Médication

Pour soigner l’aponévrosite plantaire, les médicaments prescrits par les médecins traitants sont les anti-inflammatoires et les antalgiques. Ils sont administrés à des doses variables selon le poids et l’âge du malade. En dernier recours, en plus des médicaments susmentionnés, une corticothérapie peut être envisagée. Dans ce cas, des doses spécifiques de corticoïdes sont administrées au patient sous échographie. En général, la médication n’est pas très efficace pour le traitement de l’aponévrosite plantaire. Afin d’optimiser ses effets, on l’associe à un autre traitement.

Séances de kinésithérapies

Durant les séances de kinésithérapie qui sont conduites par un kinésithérapeute, le patient est soumis à divers exercices. Le but de ces derniers est de réduire les douleurs liées à la maladie et d’étirer l’aponévrosite. Certains exercices peuvent être douloureux. Cependant, toutes les dispositions sont prises pour la sécurité du patient. Parfois, les séances de kinésithérapie sont couplées à une médication de courte durée.

 

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