Santé

Les anticorps anti-cardiolipine : Présentation et affections associées

Pour combattre toute forme d’infection, le système immunitaire produit des anticorps. Il s’agit en réalité de molécules qui ont pour but de se diriger contre les éventuels agents pathogènes. Cependant, il est possible que l’organisme fabrique des anticorps qui attaquent des cellules normales du corps. C’est ce que font précisément les anticorps anti-cardiolipine. Une telle anomalie cache généralement divers problèmes de santé. Quels sont ceux relatifs aux anticorps anti-cardiolipine et à quoi servent ces derniers ? Le point est fait ici.

Les anticorps anti-cardiolipine : Un type principal d’anticorps antiphospholipides

Dotés de deux queues lipophiles et d’une tête hydrophile, les phospholipides désignent un groupe de corps gras indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Ces lipides participent en effet à la formation du :

  • Liquide biliaire ;
  • Neurotransmetteur acétylcholine ;
  • Système nerveux.

Ils interviennent également dans la constitution de la structure de base des membranes cellulaires en séparant le milieu extérieur de ces derniers de leur milieu intérieur. Des anticorps peuvent se diriger contre ces corps gras, à l’encontre des protéines qui se fixent à eux ou encore à ces deux éléments à la fois.

On parle alors d’anticorps antiphospholipides. En fonction des substances contre lesquelles ils luttent, ces anticorps se déclinent en trois types. Il s’agit notamment des anticorps anti-bêta2-glycoprotéine I et anti cardiolipine ainsi que de l’anticorps lupidique.

Les anticorps anti-cardiolipine : Des molécules dirigées contre la cardiolipine

Au sein de l’organisme, c’est contre la cardiolipine que se dirigent les anticorps anti-cardiolipine. Signifiant cardiolipide en français, le terme anglais cardiolipine doit son nom à sa découverte au sein des cellules cardiaques. Il s’agit d’un composant présent dans une pluralité de cellules.

C’est le cas de la mitochondrie où il constitue près de 20 % des substances de sa membrane. La cardiolipine participe également au métabolisme énergétique mitochondrial puis semble aussi présente chez les plantes.

Les anticorps anti-cardiolipine : Deux principales affections impliquées

La présence d’anti-cardiolipine dans le corps d’un individu peut être responsable de pathologies :

  • Neurologiques comme l’épilepsie ou sclérose en plaques ;
  • Hépatiques et digestives ;
  • Cardiaques telles que les valvulopathies ;
  • Endocriniennes ;
  • Dermatologiques comme les nécroses distales ou le livedo ;
  • Rénales ;
  • Respiratoires telles que les embolies pulmonaires ;
  • Hématologiques.

Toutes ces atteintes surviennent rarement. En présence de ces anticorps, il n’existe que deux dangers sanitaires qui se manifestent fréquemment.

Les thromboses artérielles et veineuses

Lorsque les anticorps anti-cardiolipine se dirigent contre la cardiolipine, cela active certaines cellules au sein de l’organisme. Les symptômes apparaissent selon les éléments touchés. Ainsi, si ce sont les cellules endothéliales vasculaires, les monocytes et les plaquettes qui ont été activés, des signes thrombotiques font surface.

Ces thromboses peuvent être aussi bien de forme veineuse qu’artérielle. Il s’agit de caillots sanguins qui se forment généralement au sein des vaisseaux cérébraux ou dans ceux des membres inférieurs. Toutefois, les thromboses en question peuvent se développer au niveau de n’importe quel organe du corps.

De plus, elles constituent le principal symptôme du syndrome des anticorps antiphospholipides (SAPL). Il s’agit d’une maladie auto-immune qui fait plus de ravages dans le rang des femmes. Chaque année, 5 nouveaux cas au sein d’une population de 100 000 personnes sont détectés. Il faut par ailleurs ajouter que la SAPL existe sous deux formes.

En effet, il est possible que la pathologie soit dite secondaire. Dans ce cas, elle peut apparaître au même moment qu’une maladie auto-immune. Dans 20 à 30 % des cas, c’est le lupus qui est identifié. Aucune affection ne peut ne pas être associée au syndrome des antiphospholipides. Ici, ce dernier est désigné de primaire.

Le syndrome des anticorps antiphospholipides obstétrical

À ce niveau, c’est l’activation des cellules trophoblastiques qui provoque les affections obstétricales à savoir :

  • Pré-éclampsie ;
  • Retard de croissance utérin ;
  • Hématome rétroplacentaire.

Dans la plupart des cas, la présence d’anticorps anti-cardiolipine dans l’organisme d’une femme enceinte provoque des pertes fœtales. Il s’agit d’une situation qui serait particulièrement provoquée par une thrombose des vaisseaux utéroplacentaires.

Ces avortements involontaires surviennent à n’importe quel stade de la grossesse. De plus, ils se manifestent indépendamment du fait que le syndrome des anticorps antiphospholipides soit primaire ou secondaire. Sans oublier qu’ils constituent des évènements qui mettent en péril la vie de la mère.

Les anticorps anti-cardiolipine : Diagnostic des affections associées

Pour le diagnostic clinique, et ce, spécifiquement dans le cas des thromboses artérielles et veineuses, il faut évoquer la présence des anticorps anti-cardiolipine lorsque l’un de ces accidents thrombotiques survient. Il faut rappeler que l’organe dans lequel survient cet épisode clinique ne possède pas valeur utile.

Outre ce critère, il est également possible de considérer la survenue :

  • D’une thrombose microvasculaire ;
  • D’un infarctus du myocarde ;
  • D’un accident vasculaire cérébral.

La première affection devra être d’abord confirmée par biopsie avant que le diagnostic ne soit posé.

Les signes cliniques en cas de SAPL obstétrical

Chez la femme enceinte, il existe diverses situations dont la présence de l’une d’entre elles permet de suspecter une atteinte au syndrome des anticorps antiphospholipides. Il s’agit notamment du fait que :

  • Suite à une insuffisance placentaire élevée ou une pré-éclampsie grave, un bébé né et morphologiquement bien portant a perdu la vie ;
  • Trois grossesses successives de type préembryonnaire ou embryonnaire puis sans rapport avec un dysfonctionnement hormonal, génétique et anatomique ont été perdues ;
  • Après 10 semaines de grossesse, un fœtus au moins a été perdu sans raison alors que ce dernier avait été grâce à une échographie identifié comme bien portant.

Le fait que la mère accouche prématurément d’un bébé en bonne santé, c’est-à-dire avant 34 semaines de grossesse alors qu’elle est atteinte d’une insuffisance placentaire grave ou d’une pré-éclampsie peut également faire penser à un syndrome des anticorps antiphospholipides.

Le diagnostic biologique grâce au test ELISA

Pour poser le diagnostic du syndrome des anticorps anticardiolipine en cas de pertes fœtales ou de thromboses, il faut réaliser le test ELISA. Il s’agit d’une technique qui consiste à examiner le sang afin d’y rechercher les anticorps anticardiolipine. Ces molécules peuvent être de type IgG ou IgM et c’est à ces deux formes qu’il faudra s’intéresser.

Leur concentration plasmatique doit être moyenne ou élevée et plus précisément au-delà de 40 U/mL. Il est également possible de confirmer la présence du syndrome avec un test d’identification des anticorps anti-bêta2-glycoprotéine I. Ici également, le taux des substances dans le sang doit être moyen ou élevé.

Un résultat positif atteste donc d’une atteinte de la présence des anticorps. Cependant, il est nécessaire de faire comprendre que la positivité du test ne suffit pas pour confirmer le diagnostic. Cette conclusion ne peut être faite que si le même résultat est obtenu dans un délai de 6 semaines au moins suite à un nouvel examen.

En réalité, il existe des facteurs comme la prise de certains médicaments qui pourrait faire fausser le test. Pour réduire alors les erreurs, ce dernier doit être renouvelé. Toutefois, c’est un examen biologique positif et au moins un des critères cliniques qui confirment le diagnostic.

Au moment d’interpréter les résultats, il faut prêter attention à certains facteurs. Il s’agit par exemple de l’âge du patient. Chez les enfants, un test positif traduit généralement une infection. Avec les sujets âgés, la présence d’anticorps anti-cardiolipine semble asymptomatique.

Les anticorps anti-cardiolipine : Traitement des affections associées

Les anticorps anti-cardiolipine

Pour les accidents thrombotiques, le traitement débute par l’usage d’anticoagulants. C’est le cas de la warfarine et de l’héparine. Chez un patient ayant déjà présenté des signes de thromboses en rapport avec les anticorps anti-cardiolipine, le risque de récidive semble élevé.

C’est dans l’optique de minimiser celui-ci que quelques jours après le début du produit initial, la consommation d’antivitamines K doit y être ajoutée. Par ailleurs, d’autres produits peuvent être inclus dans le traitement selon que le syndrome des anticorps antiphospholipides est associé ou non à d’autres pathologies auto-immunes. Il s’agit de :

  • Corticoïdes ;
  • Anti-inflammatoires ;

Ainsi, le choix peut se porter sur les anti-inflammatoires lorsque le patient ressent des douleurs. Cette solution thérapeutique est déconseillée d’usage lorsque le sujet utilise déjà des anticoagulants. En ce qui concerne les corticoïdes et les immunosuppresseurs, ils sont parfaits si le malade est également porteur d’une pathologie auto-immune.

Le traitement en cas de pertes fœtales

Compte tenu de ses capacités anti-agrégrantes plaquettaires, l’aspirine constitue le médicament de première intention dans le cadre du traitement des pertes fœtales chez une femme enceinte. Ce produit doit être pris durant toute la période de la gestation à un dosage de 100 mg par jour.

Si l’aspirine seule semble ne pas offrir de résultats positifs, il faut y associer de l’héparine. Elle doit être administrée par voie sous-cutanée. Il existe également l’alternative des immunoglobulines. Ce sont aussi des produits à utiliser par mode intraveineux, et cela en des quantités élevées.

Une fois la grossesse à son terme, et plus précisément 8 jours avant celui-ci, le traitement à base d’aspirine doit être interrompu. Dans l’optique de réduire le risque de thrombose maternel susceptible d’être provoqué par cet arrêt, il faut administrer au patient de l’héparine.

Par ailleurs, il faut retenir que face à un cas de pertes fœtales, les corticoïdes ne s’emploient pas à fortes doses. Ce sont plutôt des dosages faibles qui devront être privilégiés. Lorsque toutes ces recommandations sont bien respectées, la grossesse peut être dans 80 % des cas maintenue jusqu’à son terme malgré l’existence des anticorps anti-cardiolipine.

 

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